Joseph Le Marchand, Paris, 2005
Insécurité
La sécurité est un sentiment de tranquillité, tandis que l’insécurité relève de l’angoisse. L’insécurité est davantage ressentie que vécue, elle correspond à un sentiment de crainte pour sa personne comme pour ses biens.
Or, la sécurité est intimement liée à la connaissance et l’insécurité découle de l’inconnu. Ainsi, le sentiment d’insécurité est un frein à l’évolution, puisqu’il repose sur l’angoisse de l’imprévu. L’ordre établi confère un sentiment de sécurité, comme le suggèrent le proverbe latin « le chemin battu est le plus sûr » et l’adage grec « le vaisseau le plus sûr est celui qui est à l’ancre ».
Un travail œuvrant pour la paix doit prendre en compte ces sensations populaires de sécurité et d’insécurité. La confiance en l’avenir découlant de l’impression de sécurité est nécessaire à l’établissement d’une société pérenne, mais l’attention qu’on lui porte ne doit pas scléroser les initiatives. La stagnation d’un ordre établi due à une crispation sur les acquis renforce le sentiment de sécurité populaire, mais ne résout pas les problèmes structurels d’une société.
L’insécurité est le pendant psychologique de toute évolution subie, c’est pourquoi elle doit être appréhendée pleinement par des actions de sensibilisation plutôt que de constituer un frein à l’évolution.