Christophe Garda, Paris, 2003
Résolution des conflits
Depuis la fin de la guerre froide, qui faisait peser une sorte de chape de plomb sur le système international, l’on a assisté à une progressive fragmentation, à une dispersion, de la violence. Les années 1990 ont ainsi vu la libération d’une multitude de conflits, plus ou moins étendus et plus ou moins intenses (ex-Yougoslavie, région des Grands lacs, par exemple). Dans le même temps, on a vu se multiplier les initiatives en faveur de la paix, la proposition de nouveaux outils et l’élaboration de nouvelles réflexions concernant la résolution des conflits. A quoi celle-ci renvoie-t-elle ?
L’expression en elle-même traduit une double dimension :
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Celle d’un processus – la résolution des conflits se rapproche alors de la construction de la paix ;
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Celle d’un aboutissement – celui d’un état social pacifié -.
Ces deux éléments apparaissent dans la définition générale que l’on peut en proposer : la résolution des conflits est le processus qui consiste à traiter les racines ayant conduit au déclenchement d’un crise violente la crise. Son résultat suppose que les facteurs belligènes, c’est-à-dire les causes directes et indirectes du conflit, ont été compris, traités et désactivés.
Deux exigences se posent alors :
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En tant que résultat, la résolution des conflits implique l’arrêt des combats et la cessation des violences ;
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En tant que processus, elle tente de gérer cet exercice de la force mené par les belligérants, et à progressivement le transformer en recherche d’une solution non-armée.
La résolution des conflits sous-tend des enjeux capitaux: en effet, elle suppose à la fois l’établissement de nouvelles normes sociales, comprises et partagées par les populations, permettant la construction d’une nouvelle identité pacifique, et le recours à des outils de gestion de la violence. Pour satisfaire ces exigences, cette démarche implique une large palette d’actions et d’acteurs. La résolution conflictuelle lie de manière forte la prévention et la coercition , les missions de police et de justice à celles de l’éducation et de la formation, les pratiques de la diplomatie et de la médiation.
Elle n’a de sens qu’envisagée dans une perspective de long terme se caractérisant par la pérennité du cadre institutionnel et économique mis en place. Le travail sur les mentalités, quant à lui, est plus délicat et aléatoire ; la guerre laisse dans les esprits et dans les corps des stigmates durables. Combien de temps, par exemple, sera nécessaire pour parler de la résolution du conflit israélo-palestinien ? combien de temps avant le recul des rancœurs et de la haine, avant la réconciliation entre les peuples ?
L’ampleur de la tâche implique ainsi une démarche stratégique, c’est-à-dire portant un projet global pour l’avenir, et multifactorielle qui puisse prendre en compte les nombreuses contingences liées à l’environnement conflictuel (tensions entre les communautés, état de dévastation matérielle, degré de la violence disséminée à travers la société, besoins vitaux non-satisfaits, etc…). Le travail lié à la résolution des conflits est donc à la fois politique, économique et social.