Christophe Garda, Paris, 2003
Guerre
Il est difficile d’affirmer, comme le font certains, que l’homme aime la guerre. En revanche, l’histoire est là pour nous enseigner qu’il l’a faite à de nombreuses reprises et qu’il continue régulièrement à s’engager sur le terrain conflictuel.
Le sens commun la définit comme un affrontement militaire résultant de l’opposition entre des acteurs aux objectifs inconciliables, quels que soient les moyens mis en œuvre pour parvenir à un accord. Pour le célèbre théoricien prussien Karl Von Clausewitz (1780-1831), il s’agit d’un « acte de violence avec l’intention de contraindre l’opposant à accomplir (sa propre) volonté ».
On peut ajouter à ces différentes caractéristiques quelques éléments sociologiques : dans cette perspective, la guerre est un affrontement armé meurtrier entre groupes humains organisés et de statut comparable. Sur le plan fonctionnel, cela suppose l’utilisation de moyens militaires, le recours à la stratégie et à la tactique, et ce de manière rationnelle.
Ainsi, en tant que phénomène récurrent traversant les siècles et les civilisations, la guerre a fait l’objet de nombreuses études et analyses (par exemple celles de Gaston Bouthoul et Raymond Aron). Une science lui a même été consacrée : la polémologie.
Les formes et les moyens de la guerre peuvent bien entendu varier selon les époques mais son but – l’imposition de sa volonté à l’ennemi – et son instrument – le recours à la force – demeurent les mêmes.
Sur le plan de l’analyse à proprement parler, la guerre se distingue à la fois du conflit, de la violence, des hostilités, de la crise… mais ces différents termes sont couramment utilisés de manière commutative pour rendre compte de situations où l’état de paix est rendu caduque, c’est-à-dire lorsque les institutions sont menacées, que l’ordre social est profondément modifié, le système économique largement perturbé si ce n’est pas purement et simplement à l’arrêt, que les conditions de vie se dégradent, que les destructions se multiplient, que les menaces pesant sur la vie des populations s’alourdissent, ou encore que la peur et la méfiance envahissent les esprits…
Ces divers aspects sont bien évidemment présents à des degrés divers, peuvent se combiner : le fait est que la guerre entraîne inéluctablement un changement en profondeur de la société au sein de laquelle elle s’implante. Du point de vue des acteurs, de ceux qui oeuvrent sur le terrain conflictuel, à l’aide humanitaire, à la cessation des hostilités, à la reconstruction, les facteurs à prendre en compte sont nombreux.
Les derniers exemples en date sont la guerre du Golfe, les conflits en ex-Yougoslavie ou dans les Grands lacs, le Proche-Orient, la Tchétchénie… Certains font également de la lutte anti-terroriste, menée depuis les attentats du 11 septembre à New-York, le dernier avatar de la guerre, mais accepter cette interprétation suppose une autre grille d’analyse que celle présentée ici succinctement.