Audrey Morot, Delphine Leroux-Astier, Grenoble, France, marzo 2006
L’ethnodéveloppement
L’ethnodéveloppement dans le Bas Atrato
L’ethno développement ou développement ethnique se réfère à un développement prenant en compte la dimension ethnique de la population concernée. Dans le Bas Atrato, cela signifie la prise en compte des minorités indigènes comme des minorités afro-colombiennes, descendant des esclaves africains, et propriétaires des territoires depuis la loi de titularisation collective des terres.
Selon la loi, les projets de développement doivent être concertés avec les populations noires et métisses.
Extrait de l’article 3 de la loi 70 de 1993 :
Cette loi est fondée sur les principes suivants :
-
1. La reconnaissance et la protection de la diversité ethnique et culturelle ;
-
2. Le respect de l’intégrité et de la dignité de la vie culturelle des communautés noires ;
-
3. La participation des communautés noires et de ses organisations aux décisions qui les affectent ;
-
4. La protection de l’environnement en faisant un cas spécial des relations établies par les communautés noires avec la nature.
L’ethnodéveloppement élaboré par les peuples afro colombiens et les Plans de Vie que proposent les indigènes constitue une approche basée sur une conception du développement différente de celle du système économique régnant. Il met en œuvre des tentatives valides, légales et légitimes pour promouvoir des styles de vie qui favorisent la permanence digne de l’humanité sur la planète. Chacun de ces termes renvoient à l’ensemble des traditions et des pratiques de ces peuples en relation à la gestion et à l’utilisation des ressources concentrées sur leurs territoires.
Ces propositions alternatives de développement sont actuellement mises au défi face aux pratiques contestées d’un modèle qui s’est imposé au niveau mondial et qui menace la diversité de la flore et de la faune et la diversité humaine.
Or, les groupes ethniques de la région du Bas Atrato considèrent qu’ils doivent également améliorer certaines de leurs pratiques culturelles incompatibles avec le développement qu’ils souhaitent promouvoir. Mais il est indéniable qu’ils possèdent des connaissances qui leur ont permis de coexister avec la nature pendant longtemps, sans la détériorer, à la différence de modèles d’extraction des ressources encouragés par les grandes entreprises. Ces grandes firmes sont d’ailleurs responsables depuis leur implantation d’un impact social et écologique négatif.
L’organisation ethnicoterritoriale ASCOBA est bien consciente que le développement de la région ne peut être imposé depuis les centres de pouvoir qui régissent le pays, mais qu’il doit émaner des communautés elles-mêmes, c’est la raison pour laquelle le terme d’ethnodéveloppement est privilégié.
Extraits de compte-rendus et de documents de création d’ASCOBA
« Dans notre cas, reconnus par la Loi 70 de 1993 en tant qu’ethnie et propriétaires légitimes de ces territoires ancestraux du Bas Atrato, nous voulons une amélioration de la qualité de vie de nos communautés, sur nos territoires en fonction de nos propres aspirations, valeurs, vision et culture en tant que peuples noirs et métisses. C’est la seule façon de recréer la vie, le territoire et la culture, en exerçant pleinement notre autonomie. Parce que selon nous, le territoire n’est pas source de pouvoir ou de richesse, il est notre moyen de vivre. Dans ce sens, nous voulons que le développement de nos Communautés ne soit basé sur l’accumulation de richesses mais sur la conservation de la vie, du territoire, de la culture et de l’autonomie ».
La notion d’ethnodéveloppement recouvre donc essentiellement la capacité, pour une population donnée, de se forger, de sa propre initiative et compte tenu de son histoire et de ses ressources culturelles, un avenir plus prometteur. Mais l’ethnodéveloppement suppose aussi l’implication et la participation de tous les groupes ethniques au fonctionnement des institutions démocratiques afin de réaliser leur intégration dans la vie civile et politique.