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En librairie

Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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Liliane Denjean, Grenoble, France, février 2006

L’autorité

I. Comment définir l’autorité ?

1. La définition courante

La définition la plus courante décline plusieurs acceptions dont les deux suivantes :

  • Pouvoir conféré par la loi ou par une position hiérarchique de commander, d’imposer l’obéissance. L’autorité (du latin “auctoritas”) requiert la puissance au sens énergétique du terme. Le mot contient aussi l’idée de garantie : aujourd’hui le porteur d’autorité est le garant de l’ordre .

  • Aptitude à se faire obéir, à imposer la considération, le respect. Il s’agit donc soit d’une position soit d’une disposition, mais dans les deux cas elle requiert l’obéissance. Il y a un obligateur et un obligé. C’est au premier abord une relation dissymétrique.

2. Une nuance

E. Benvéniste ajoute une nuance : “auctoritas” se rapporte à “auctor” et par là à “augeo”, soit la racine “aug” que l’on retrouve dans aug-menter, c’est-à-dire ajouter quantitativement et qualitativement. L’exercice de l’“auctoritas” peut conduire à la création d’une loi.

D’après Littré, si l’autorité est “ce qui autorise” et le pouvoir “ce qui peut”, il y a toujours dans l’autorité une nuance morale qui n’est pas nécessairement impliquée dans le pouvoir.

Une position de pouvoir ne génère pas forcément l’autorité.

II. Les figures de l’autorité

L’autorité est donc une notion complexe à géométrie variable. Les figures en sont d’ailleurs multiples : parents, professeurs, policiers, magistrats, officiers, prêtres, etc… Cette multiplicité des figures illustre la pluralité des sources de l’autorité. Quoi qu’il en soit, exercer l’autorité, c’est moins la posséder que la promettre. Pour que l’autorité puisse être acceptée, il faut que le sujet qui la reconnaît puisse imaginer la revendiquer un jour. Elle fait partie d’un apprentissage.

Cette notion est à distinguer nettement de l’autoritarisme qui est l’exercice du “pouvoir nu” sous le masque de l’autorité légitime. A distinguer aussi de la souveraineté. Pour résumer en termes weberiens : l’autorité c’est le pouvoir, plus la légitimité.

III. L’autorité et l’enfant

L’enfant est successivement ou simultanément soumis à diverses formes d’ autorité :

  • L’autorité parentale : c’est l’ensemble des droits et obligations des parents sur leur enfant légitime naturel ou adoptif, jusqu’à sa majorité ou son émancipation :

    • devoir de le protéger, de le nourrir, de l’héberger, d’assurer sa garde, sa surveillance et son éducation, de veiller à sa santé, à sa sécurité et à sa moralité…

    • droit de lui interdire certaines fréquentations, de choisir sa religion…

En principe elle est exercée conjointement par les deux parents. Le juge peut décider de la confier à un seul parent.

  • L’autorité des enseignants : elle permet la cohésion du groupe classe et l’instauration des conditions propres à l’apprentissage et à la conquête progressive de l’autonomie de celui qui la reçoit. Elle doit se construire dans un rapport où le jeune acquiert de la confiance envers l’adulte.

La distinction de l’enfant et de l’élève est devenue moins lisible en raison de l’émergence de l’enfant- sujet auquel on doit des explications. Cette reconnaissance change le rapport à l’autorité en le faisant plus démocratique.

  • Les autorités ou l’autorité au sein de la cité, de l’Etat : parmi les diverses autorités garants de l’ordre (du chef de l’Etat, administrative, judiciaire, militaire, etc…), nous choisissons de n’évoquer que l’autorité judiciaire et plus particulièrement la justice des mineurs. L’ordonnance du 2 février 1945 en est le texte fondateur. La justice applicable aux mineurs remplit deux missions : elle protège les jeunes en danger et elle juge les mineurs qui commettent des infractions. Elle a pour fonction en priorité d’éduquer plutôt que de sanctionner. La loi a été modifiée le 9 septembre 2002. Les principales modifications sont les suivantes :

    • abaissement de l’âge pour les sanctions judiciaires à 10 ans

    • création de centres éducatifs fermés pour mineurs dès l’âge de 13 ans

    • création d’un délit d’outrage à enseignant, puni d’une peine de 6 mois de prison et/ou 7500 euros d’amende

IV. L’autorité et la citoyenneté

Pour approcher au plus près cette notion complexe, il faudrait aussi analyser les notions suivantes :

  • La sanction (à distinguer de la punition) dans le système éducatif et les mesures et les peines dans le système judiciaire . La sanction doit faire sens . Le porteur d’ autorité ne doit pas confondre l’acte délictueux et son auteur . On sanctionne un acte dans le but de réparer, de responsabiliser, c’est à dire d’apprendre à répondre de ses actes .

  • Les fondements de la notion d’autorité et sa légitimité.

Fondamentalement, l’autorité s’appuie sur la loi. Elle se fonde sur la crédibilité des porteurs d’autorité. Elle ne se fonde pas sur la violence, mais sur la qualité de la relation .

  • Les finalités de l’autorité : pourquoi obéir ? Les causes de la crise de l’autorité. Même si pour Guy Hert l’autorité, “cet ascendant exercé par le détenteur d’un pouvoir quelconque, conduit ceux auxquels elle s’adresse à lui reconnaître une supériorité qui justifie son rôle de commandement”, elle devrait aider celui qui la subit à devenir digne de l’exercer. Cette relation entre l’obligateur et l’obligé qu’on a définie comme dissymétrique possède aussi une dimension qui l’enrichit parce qu’elle est réciproque : le respect.