Johannesburg, Mai 2007
Rwanda, comment construire du sens après le génocide ?
De l’éducation des jeunes à l’élaboration sociale d’un nouvel univers symbolique en faveur de la tolérance, du respect et de la paix.
Exposé
Convaincu que la paix est une pratique à mettre sans cesse en œuvre et dans laquelle l’apprentissage est essentiel, UMUSEKE propose 2 outils d’éducation des jeunes à la paix :
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1/ Le sentier de la paix
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2/ Le citoyen sur le sentier de la paix
Pour ces deux outils des images illustrent les 8 thèmes suivants :
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« Je n’en crois pas mes yeux ! » : notre perception ne correspond pas nécessairement à celle des autres… aussi l’objectivité et l’accès à la vérité ne sont pas faciles. La vérité des uns n’est pas forcément celle des autres.
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« Généralisations, faits et opinions, préjugés et suspicions » : la synthèse de ces thèmes consiste à conseiller d’écouter véritablement pour éviter de trop interpréter, de vérifier les informations reçues, et de se méfier de nos impressions premières…
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« La rumeur » : il ne faut pas toujours croire ses oreilles et les méfaits des préjugés sont très importants…
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« Différences et ressemblances » : cette thématique met l’accent sur ce qui marque le respect de l’autre et la recherche de ce qui nous unit plutôt que de ce qui nous sépare.
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« La discrimination » : il est important de comprendre ce qui se cache derrière toute situation apparente, de se méfier de nos choix et de nos actes impulsifs, et enfin de déchiffrer le sens caché des événements.
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« Le bouc émissaire » : il convient de rechercher quel est le véritable problème qui se cache derrière la désignation d’un bouc émissaire.
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« J’y vais, j’y vais pas » : la vie nous amène à faire des choix, à décider d’agir ou de s’abstenir selon des critères de réflexion que les précédents thèmes nous aident à découvrir et à exploiter.
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« Un monde pour tous » : toute rencontre entre deux êtres humains produit un choc dû à leurs différences. Plusieurs attitudes peuvent en découler : affrontement, indifférence, tolérance, échange… Cohabiter et se respecter malgré nos incompréhensions est toujours possible, c’est un choix, une philosophie de vie.
Méthodologie d’exploitation de ces outils :
Ces outils ont été créés pour des jeunes de 10 à 20 ans. Des partenaires d’UMUSEKE sont en train de les adapter pour les plus de 20 ans. UMUSEKE ne travaille pas uniquement avec des jeunes scolarisés mais également avec ceux qui ne vont pas à l’école.
Pour les jeunes scolarisés, UMUSEKE a créé un « passeport » : il s’agit d’un livret qui reprend quelques images, ainsi que des questions/réponses à choix multiples pour aider à sensibiliser les familles. Pour les animateurs : il existe une formation de 6 jours sur tout le contenu et ce qui doit être fait pour chaque thème. UMUSEKE a également créé un petit livre romancé pour les enfants afin qu’ils comprennent quelles sont les sources de conflits, comment les gérer etc …
Découvrir, questionner / se questionner, choisir sa réponse constituent les objectifs clefs des outils d’UMUSEKE.
Les choix fondamentaux d’UMUSEKE :
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Agir auprès des enfants et des adolescents parce qu’il s’agit d’une éducation devant instruire et former sans options confessionnelles.
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L’éducation car la prévention est plus efficace et moins douloureuse que la résolution des conflits.
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Un outil pédagogique basé sur l’analyse des comportements pour utiliser à minima les ressorts moralisateurs et les arguments affectifs.
Les défis auxquels UMUSEKE fait face :
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Le contexte dans lequel UMUSEKE travaille est difficile : le génocide est encore très présent dans les esprits. Les activités de mémoire sont nombreuses et présentent l’inconvénient de sans cesse raviver l’expérience du génocide. Contexte donc difficile de construction de la paix dans un environnement post-génocide.
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Le problème des jeunes ciblés par les outils d’UMUSEKE qui n’ont pas vécu le génocide mais qui sont élevés par des familles qui elles l’ont vécu.
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Difficulté de la méthodologie : quelle forme utiliser, quelle méthode ?
Les stratégies mises en oeuvre par UMUSEKE :
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Nous associons à notre action les autorités, la communauté et spécialement les femmes, plus proches des enfants que n’importe qui. Trois types de femmes participent à notre démarche : les femmes au foyer, les enseignantes et les femmes qui jouent un rôle politique. On leur demande d’intervenir chacune dans leur domaine.
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Nous intervenons auprès des enfants et des jeunes car ils sont l’avenir de demain.
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Nous ne sommes jamais moralisateurs : UMUSEKE laisse la morale à l’église. C’est aux jeunes de prendre leurs propres décisions en fonction des capacités d’analyses que nous tentons de leur inculquer.
Succès – Faiblesses :
Succès :
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Adaptation de l’outil dont UMUSEKE n’est pas à l’origine (outil hollandais) aux jeunes rwandais.
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Expansion de l’outil vers 4 associations de l’Est du Congo, 2 associations du Burundi, la France et d’autres pays qui en font la demande.
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Nous parvenons à avoir en moyenne 5 000 écoliers par an. 2 diocèses dans 21 groupes de jeunes (chaque groupe compte environ 70 membres).
Faiblesses :
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Difficulté à élaborer des outils d’évaluation pour mesurer l’impact de notre méthode.
Souhaits :
Construire une Maison de la Paix – Centre de ressources où l’on construit les outils et les méthodologies.
URUBUGA : la place où l’on parle.
Debats
Commentaires et précisions par Jean-Pierre HITABABYAYE :
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Retour sur les défis et les bénéficiaires notamment : Un peu avant la guerre au Rwanda, tout allait bien ; il n’empêche que dans certaines familles on se racontait des choses. Pendant la guerre, ces choses ont explosé au grand jour, et d’un côté comme de l’autre on se diabolisait. Aujourd’hui, les groupes continuent à se diaboliser. UMUSEKE prend en charge tous les jeunes, quel que soit leur passé, leurs différences ethniques, leur couleur, leur richesse… Mais quand ils rentrent chez eux, on ne peut pas maîtriser les histoires que leur racontent leurs parents. Le défi est de parvenir à gérer cela le lendemain quand ils reviennent plein d’apriori et de conflits en eux.
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Retour sur les difficultés d’évaluation : travailler en réseau. UMUSEKE et d’autres organismes qui travaillent sur la question des droits de l’Homme, sont en train de se constituer en réseau.
Notes
Rôle central des jeunes pour l’avenir du pays : élaboration d’outils pédagogiques d’éducation des jeunes à la paix. Education car prévention plus efficace et moins douloureuse que résolution des conflits.