Fiche d’expérience Dossier : La construction de la paix selon la Banque mondiale : principes, pratiques, résultats

Florence Croidieu, Paris, 2002

La Banque mondiale au Timor oriental (2000-2002) : soutien à un projet de réhabilitation du secteur agricole

Objectif du projet : commencer la réhabilitation et la reconstruction des principaux secteurs productifs et redonner à l’agriculture sa place centrale dans l’économie timoraise.

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Au Timor oriental, le secteur agricole ne fut pas exempt des violences qui suivirent le référendum de 1999. Le bétail pour la viande et la traction fut tué ou conduit dans la partie ouest du Timor, les fermes et machines furent détruites et les stocks de nourriture et de semences pillés. Les maisons des fermiers furent brûlées et leurs outils détruits. La majeure partie des employés de l’ancien Ministère de l’agriculture quitta le territoire.

Avant le référendum de 1999, l’agriculture et les industries agro-alimentaires employaient plus de 85 % de la population, contribuaient à 40 % du PIB et représentaient 90% des exportations.

La mission d’évaluation de la Banque mondiale détermina, en novembre 1999, un certain nombre de priorités pour la reconstruction du secteur agricole pendant la période de transition dont :

  • Le soutien aux groupes vulnérables ;

  • La restauration des infrastructures agricoles de base (systèmes d’irrigation, routes d’accès) ;

  • La restauration du bétail et des initiatives de développement des petits exploitants de café.

Plus globalement, le projet de réhabilitation du secteur agricole soutient les objectifs principaux du Fonds fiduciaire pour le Timor oriental : commencer la réhabilitation et la reconstruction des principaux secteurs productifs et redonner à l’agriculture sa place centrale dans l’économie timoraise.

I. Description du projet

Le projet de réhabilitation agricole et de développement a deux objectifs principaux :

  • Améliorer la sécurité alimentaire des plus nécessiteux ;

  • Augmenter la production agricole dans des zones sélectionnées et promouvoir la croissance rurale.

Il se divise en trois composantes :

  • La restauration des outils de production de base : outils manuels, volailles, bœufs et petits bétail, et une campagne nationale de vaccination du bétail.

  • La réhabilitation et la maintenance des infrastructures rurales et d’irrigation : études hydrologiques, reconstruction, réhabilitation et entretien des systèmes d’irrigation et maintenance, par la communauté, des routes d’accès agricoles.

  • L’établissement de centres pilotes de service agricole : huit centres chargés d’approvisionner les fermes, de former des employés, d’établir des stations de radio communautaires et de cartographier les terres.

L’administration provisoire des Nations Unies pour le Timor oriental dirige l’administration et la reconstruction du Timor oriental. Cette administration est financée par un fond fiduciaire alimenté par l’Association internationale pour le développement (Banque mondiale). Une unité de gestion du projet a été créée pour faciliter la mise en œuvre des activités du projet. Cette unité fait partie du Département de développement agricole et rural de l’administration provisoire.

II. Le financement

Le fonds fiduciaire pour le Timor oriental finance ce projet à hauteur de 20,7 millions de US dollars, mais les coûts totaux sont estimés à 21,4 millions de US dollars. Pour pallier à ce problème, le financement du projet est divisé en deux tranches. La première a financé les activités prioritaires devant être mises en œuvre dans les 12 premiers mois du projet. La seconde finance les activités restantes, dont certaines ont pu être initiées au cours de la première tranche, mais doivent être poursuivies jusqu’à la fin du projet en décembre 2002.

III. Leçons

Un certain nombre de leçons apprises dans des situations post-conflit similaires ont été prises en compte dans la préparation du projet. A savoir:

  • Faire participer les donateurs, la société civile et les bénéficiaires à la préparation du projet ;

  • utiliser les financements pour des investissements durables bénéficiant à une large part de la population rurale ;

  • Limiter le rôle du gouvernement à la création et à la mise en œuvre d’un cadre politique qui récompense le travail et l’innovation et offre des opportunités d’emploi aux ruraux ;

  • Insister pour que les programmes de développement gouvernementaux soient participatifs et se concentrent sur la lutte contre la pauvreté.

Commentaire

Ce projet, débuté en juin 2000 doit prendre fin en décembre 2002. De ce fait, aucune évaluation finale n’est encore possible et très peu d’informations sont données sur le déroulement du projet. Cette fiche propose une description du projet tel qu’il a été défini avant sa mise en œuvre. Il est donc possible que certaines composantes définies ici n’aient finalement pas été retenues dans le projet final.

Cet exemple est intéressant car il permet de voir comment la Banque mondiale utilise un fond fiduciaire (cf. fiche sur les fonds fiduciaires de la Banque mondiale) pour financer un projet post-conflit. D’autre part, ce projet montre que les activités de la Banque mondiale n’entrent pas toujours dans le cadre de réformes macro-économiques ou de grands travaux de reconstruction des infrastructures. La Banque peut aussi mener des projets de réhabilitation sectorielle, incluant des activités micro-économiques telles que la restauration des outils de production de base.

Notes

  • East Timor agriculture rehabilitation project, Public Information Document 9175. Le projet est disponible sur Internet : www-wds.worldbank.org/