Fiche d’expérience Dossier : La formation des volontaires de paix

Marly-le-Roi, octobre 2007

Evaluation de l’encadrement et des bénéfices des missions de paix par des volontaires

Après être revenus de mission d’intervention civile de paix, des volontaires ont analysé les conditions de départ et de retour et la relation qu’ils ont entretenue avec leur organisation d’envoi. A partir de ces témoignages, on peut dresser un bilan des éléments qu’ils ont dégagés quant à la préparation et l’encadrement dont ils ont bénéficié ainsi que les compétences qu’ils ont acquises.

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I. Formation

Généralement, les volontaires estiment avoir été suffisamment bien formés pour leur départ sur le terrain, même si comme certains le mentionnent, « on ne peut pas se préparer à tout. » Ils suivent tous une formation spécifique donnée par l’organisation d’envoi : les volontaires qui partent avec le Collectif Guatemala participent à un week-end intensif en France puis à une semaine de formation au sein de la CAIG au Guatemala, EPB demande à ses volontaires de suivre les modules de formation du Comité ICP, et PBI propose également sa formation. Cette formation s’accompagne de lectures sur les contextes des pays et sur la non-violence en général ainsi que de rencontres avec des personnes déjà parties en mission. Certains volontaires doivent également prendre des cours de langue (espagnol, indonésien…) Enfin, des futurs volontaires participent également aux réunions des organisations et se familiarisent avec les thèmes abordés.

Si la formation semble dans l’ensemble satisfaisante, beaucoup de volontaires regrettent le manque de mises en situation et de discussions autour de cas concrets. Certains estiment qu’ils ont manqué sur le terrain de connaissances juridiques et de techniques très concrètes en matière de sécurité, comme par exemple savoir repérer un suivi…

La barrière de la langue est un problème pour certains qui n’ont pas pu communiquer directement avec les populations locales et ont du systématiquement avoir recours à un interprète.

II. Lien avec l’organisation d’envoi pendant et après la mission

Deux cas de figure se présentent ici :

  • Certains volontaires ont eu des contacts très fréquents durant leur mission et leur retour a été facilité par le partage de leur expérience avec les membres des associations. Un entretien long et fouillé a pu leur permettre de partager des impressions, des remarques et des critiques sur le déroulement de la mission, sa préparation, etc.

  • D’autres au contraire auraient préféré maintenir un contact plus régulier avec l’organisation en France et se sont sentis un peu perdus à leur retour. Des volontaires témoignent en effet de la difficulté qu’ils ont eu à partager leur expérience avec des personnes prêtes à l’entendre et la comprendre, et aimeraient que soient systématiquement organisées des rencontres entre anciens volontaires.

Dans tous les cas, les volontaires restent ensuite en contact avec leur organisation d’envoi, en intégrant leur bureau ou en participant à des activités. Elles restent très engagées dans la défense des droits humains. Toutes les personnes qui sont parties comme volontaires de paix ont ensuite témoigné de leur expérience lors de conférence ou dans des lycées, des universités etc. Elles éprouvent une réelle nécessité de faire partager leur vécu et d’informer les gens sur la situation des pays où elles ont travaillé ou sur l’intervention civile de paix en général.

III. Compétences acquises et valorisation de la mission

Les compétences développées par les volontaires sont de deux ordres : on peut différencier les compétences personnelles et les compétences plus techniques.

  • Du point de vue des compétences personnelles, on peut noter : une meilleure confiance en soi, un travail autour de l’identification et de l’expression de ses besoins, l’autonomie, la gestion des émotions, la capacité d’écoute, d’empathie et de distance gardée.

  • Quant aux autres compétences elles recoupent aussi bien des savoir-faire que des connaissances plus théoriques. On peut citer :

    • Des connaissances historiques et théoriques des mécanismes et des caractéristiques des conflits internes, des techniques de répression et de guerre contre-insurrectionnelle et de leurs conséquences sociales, et plus globalement, une plus grande culture générale ;

    • Aprentissage linguistiquedes connaissances dans le domaine de la communication de l’information et de la médiation ;

    • Gestion de situation de crisesla capacité de travailler en équipe ;

    • La capacité d’analyse.

Plus directement lié au contexte des missions de paix, les volontaires disent avoir développé des connaissances liées à l’observation « de terrain » des réactions et de l’adaptation forcée de la population, des militants et des organisations à un autre niveau de violence politique, et une capacité d’action pour les droits de l’homme dans ce type de contexte.

Plus généralement, une expérience comme volontaire de paix peut aussi permettre une réflexion et une capacité d’analyse liées au sens des actions de solidarité à l’international, sur leur utilité, leurs effets pervers.

En ce qui concerne la valorisation d’une mission au retour en France, comme mentionné précédemment, les volontaires sont toujours disposés à faire connaître l’intervention civile de paix. Une telle expérience peut également apporter une certaine légitimité pour approcher le monde associatif, et celui de la de la solidarité internationale.

Commentaire

Retour sur les expériences sur le terrain de plusieurs volontaires de paix. La plupart considère que la formation leur a été très utile mais regrettent un manque de mise en situation et parfois considèrent qu’ils ont manqué de connaissances juridiques et de techniques très concrètes utiles sur le terrain.

Plus généralement les volontaires reviennent sur le fait que leur expérience sur le terrain leur a permis de réévaluer leur vision des besoins des bénéficiaires et la valeur de l’intervention sur le terrain.