Rôle joué par Equipes de Paix pour les Balkans dans le processus de réconciliation entre les communautés de Mitrovica/ë

Au début des conflits dans les Balkans, le Mouvement pour une Alternative Non violente (MAN) crée la commission « Solidarité ex-Yougoslavie » pour analyser la situation et informer la population. Certains de ses membres se rendent dans différentes républiques de l’ex-Yougoslavie, sur l’initiative de l’Assemblée européenne des Citoyens (AEC). Ils découvrent alors le Kosovo, ses habitants et particulièrement la situation des Albanais du Kosovo qui subissent l’apartheid du gouvernement de Belgrade. A cet apartheid, les Albanais opposent une résistance non violente. Pour mieux connaître cette réalité, et la diffuser en France à travers documents et conférences, les membres du MAN décident de se rendre régulièrement en mission au Kosovo, de 1992 à 1999. Lors de ces missions, des membres du MAN créent des liens avec la société civile, les différentes ONG, les démocrates du Kosovo, de Serbie, de Macédoine.

En juin 1993 à Paris, le MAN participe à la création de l’ONG « Balkan Peace Team International – BPT-I », dont les membres, des volontaires européens, américains, et australiens, se sont engagés dans un travail non partisan et non-violent visant à recréer des liens entre des communautés croates, bosniaques, serbes ou albanaises et à faciliter l’émergence d’une société civile. Deux membres de la commission « Solidarité ex-Yougoslavie » rejoignent les équipes de BPT-I en Serbie/Kosovo.

Après la guerre de 1999 au Kosovo, des membres du MAN décident de créer Equipes de Paix dans les Balkans - France (EpB) avec le soutien du MAN et de BPT-I, laquelle cesse en 2000 ses activités après 6 ans d’activités à Split, Zagreb, Belgrade et Pristina. BPTI transfère donc son expérience, ses contacts et le soutien de son réseau à son partenaire français, Equipes de Paix dans les Balkans (EPB). EPB est ainsi le véritable héritier de Balkan Peace Team International, et en renouvelle son action, toujours avec une stratégie non violente, par une réponse nouvelle aux défis de l’Intervention Civile dans les Balkans.

EpB décide d’être présent à Mitrovica/ë, ville traversée par la rivière Ibar, située au nord ouest du Kosovo. La première volontaire est accueillie par une ONG en octobre 2001.

Pourquoi Mitrovica/ë ? Les liens, créés par le MAN ont encouragé cette implantation. Les ONG de la ville souhaitaient fortement la venue d’une ONG telle que EpB. Leur ville subissait la partition depuis la fin de la guerre : la communauté serbe s’était réfugiée au nord de l’Ibar et la communauté albanaise, au sud. Le pont qui enjambait l’Ibar entre le nord et le sud était gardé par les soldats de la Kfor (1). Au nord, une milice spéciale « les gardiens du pont » menaçaient à tout moment les populations. La ville était sous couvre-feu. Or l’objectif d’EpB était de contribuer à « diminuer le niveau de violence », par la présence de volontaires sur le terrain, qui se sont mis à la disposition des acteurs de paix locaux et leur proposaient des techniques d’actions non violentes.

Pour envisager une réconciliation entre des communautés, Equipes de Paix dans les Balkans a mené un projet innovant d’intervention civile sur un terrain post-conflit. Entre 2001 et 2005, les volontaires ont été, en quelque sorte, des pionniers, travaillant « à restaurer le dialogue ». Malgré les nombreuses difficultés liées à un terrain détruit par la guerre et un environnement psychologique perturbé, ils ont permis à des Kosovars de Mitrovica/ë, séparés par la guerre, de renouer un dialogue.

Commentario

Cette fiche retrace ainsi l’historique de la création d’Equipes de Paix pour les Balkans et de son implantation dans la ville de Mitrovica/ë dans le but de travailler à la réconciliation des différentes communautés.

Notas

• (1) : KFOR = Force multinationale armée au Kosovo/a.