Arnaud BLIN, Grenoble, France, février 1999
Un Projet americano-russe de reconversion de réacteurs nucléaires
Mots clefs : Gouvernement des Etats-Unis | Reconvertir les armements | Etats-Unis
Le 23 septembre 1997, les États-Unis et la Russie ont signé un accord pour reconvertir les réacteurs nucléaires dans les villes de Seversk et Zheleznogorsk. Les deux pays, rivaux il y a seulement quelques années, sont arrivés à cet accord lors d’une rencontre de la Commission de coopération économique et technique (U.S.-Russian joint Commission on Economic and Technical Cooperation), plus connue sous le nom de Commission Gore-Chernomyrdin, qui se réunit deux fois par an.
Le ministère de la Défense américain a promis une somme pouvant aller jusqu’à $70 millions pour la réalisation de ces projets de reconversion, dont le coût total devrait se situer aux alentours de $150 millions, les frais étant partagés avec la Russie. Les États-Unis fournissent une somme de $10 millions immédiatement pour que la reconversion des réacteurs s’accomplisse le plus tôt possible. La mise en place du projet devrait durer environ deux ans, après quoi s’effectuera la reconversion. La reconversion de ces réacteurs nucléaires produisant du plutonium s’inscrit dans le cadre d’un autre accord visant à l’arrêt total de la production de plutonium destiné aux armes nucléaires (U.S. Russian Plutonium Production Reactor Agreement). Cet accord limite les stocks de plutonium et interdit l’utilisation militaire de plutonium produit récemment. Il ne reste que trois réacteurs en Russie capables de produire du plutonium pour armes nucléaires. D’après ce nouvel accord, ces trois réacteurs devront cesser leurs activités militaires avant la fin de l’an 2000 (les États-Unis ont cessé la production de plutonium destiné aux armes nucléaires depuis 1989).
Commentaire
En marge des accords portant sur les fusées nucléaires, comme Start, cette nouvelle initiative est la première à concerner les matériaux de construction des armes nucléaires - les démarches précédentes affectant les vecteurs.
Ainsi, avec la reconversion des derniers réacteurs producteurs de plutonium, une étapes importante de l’après guerre froide vient d’être franchie. A leur habitude, les États-Unis ne rechignent pas à investir de l’argent dans la reconversion du secteur défense de leur ancien adversaire. Néanmoins, les sommes d’argent débloquées par l’État américain pour démanteler l’arsenal nucléaire de la Russie ne représentent qu’une goutte d’eau par rapport à l’ensemble de son budget de défense ($250 milliards). Pour un pays dont les stratégies se réduisent la plupart du temps à des analyses de type coûts-bénéfices, l’argent alloué à la reconversion russe présente donc un excellent rapport qualité (stratégique)/prix. Il est plus que probable que les fonds destinés à la reconversion de l’ancienne superpuissance continueront à se déverser pendant quelques années encore. Notons tout de même que cet enthousiasme contraste avec le peu d’entrain manifesté par le gouvernement américain à l’égard de la reconversion de son propre secteur de défense.