Fiche d’expérience Dossier : Construire la paix aujourd’hui : la responsabilité des acteurs

, Paris, 2002

Le programme alimentaire, sanitaire et éducatif du CCFD pour aider à la reconstruction de la paix au Cambodge

Favoriser le développement, recréer du lien social, retrouver la dignité, trois chantiers pour reconstruire la Paix au Cambodge.

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Le Cambodge se relève lentement de la longue et difficile période qu’il a connu des années 1970 aux années 1990. Sur le terrain, il a fallu mener un lent travail de réhabilitation des structures fondamentales de la société, en matière notamment d’alimentation, de santé et d’éducation. Des étapes nécessaires en vue de l’avènement espéré d’une paix durable et du développement. C’est en tout cas dans ce but que le Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD) soutient des projets visant à répondre aux besoins essentiels des populations.

Le régime totalitaire des Khmers rouges au Cambodge est une des pages les plus sombres et les plus meurtrières de l’histoire internationale de ces trente dernières années : 1,5 millions de Cambodgiens sont morts, des centaines de milliers d’autres ont dû fuir à l’étranger, notamment en Thaïlande. Le bilan social, politique et économique de ces années de terreur a été désastreux pour le pays tout entier. Une large tâche de réhabilitation et de reconstruction a dû être entreprise à la fois pour permettre le retour des populations réfugiées et pour donner une chance à la paix. C’est dans cette perspective que le CCFD soutient le Service des Jésuites aux Réfugiés (Jesuit Refugee Service, JRS), travaillant dans la province de Kandal, à trente kilomètres de Phnom-Penh.

À travers les actions qu’il mène sur le terrain, le JRS vise non seulement à favoriser le développement économique de la région mais aussi à recréer du lien social, à rétablir un semblant de confiance chez les villageois, et à faire en sorte qu’ils retrouvent leur dignité. Il s’agit en quelque sorte de créer une dynamique au sein de laquelle les Cambodgiens soient les acteurs de leur propre développement. Pour ce faire, un certain nombre de programmes ont été mis en œuvre afin de favoriser la création d’une sorte de circuit économique autonome, susceptible d’entraîner un effet multiplicateur d’activités dans les domaines primordiaux de l’alimentation, des soins et de l’éducation.

  • La première démarche employée a consisté à encourager les techniques locales afin d’aider les paysans à faire fructifier leur capital agricole. Ainsi, un système de prêts sans intérêts a été instauré de manière à ce qu’ils puissent s’équiper en vue de cultiver et de produire les cultures traditionnelles que sont les riz et le sucre de palme. Dans le même sens, une banque de bovins, de porcs et de volailles permet aux paysans de recevoir les animaux dont ils ont besoin, par exemple pour le labourage des rizières. Enfin, une ferme pilote, fonctionnant à partir des techniques simples et peu onéreuses, incite les paysans à mieux valoriser leurs ressources, en les formant et en adaptant les connaissances techniques à la situation du pays.

  • L’eau et le riz étant des éléments vitaux, il a fallu faire en sorte que les villageois apprennent à en gérer et à en maîtriser l’utilisation. Des étangs, des canaux et des puits ont été creusés, des digues et des routes construites, des greniers communautaires de riz mis en place pour parvenir à cet objectif.

  • Le souci de responsabiliser les populations et de faire en sorte qu’elles prennent en charge elles-mêmes leur(s) programme(s) de développement s’est traduit par des actions d’éducation, d’alphabétisation, de scolarisation, d’accès aux soins, de sensibilisation en matière d’hygiène…

Au cours de la décennie 1990, le projet du JRS a pris une large ampleur, contribuant de la sorte incontestablement au processus de paix . Aujourd’hui, le Cambodge se reconstruit lentement, même si la pauvreté et les problèmes sociaux n’ont pas disparu.

Commentaire

Il y a comme un air de défi à vouloir rebâtir la paix au sein d’une société où le lien social a été rompu. Pourtant, il semble que les processus de réhabilitation et de reconstruction dussent suivre un certain nombre d’étapes, et avancer de manière progressive. Rétablir la confiance et la dignité des personnes n’est pas la moindre des tâches ; seule cette restauration peut en effet permettre de valider dans le long terme la fin d’une crise ou d’un conflit. La paix est une construction dont les éléments relèvent à la fois du politique, de l’économique, du social, du symbolique, du psychologique… C’est finalement grâce à tous ceux qui agissent dans ces différents domaines qu’elle a une chance de s’imposer. A Deux conditions :

  • Qu’ils sachent inscrire leur démarche dans une dynamique de partenariat et de coopération ;

  • Que les populations locales soient en première ligne de ces projets, jamais mises à l’écart de leur propre développement.

Notes

  • Source : Agir pour la paix au coeur des conflits, CCFD, 2000 : www.ccfd.asso.fr