Richard Pétris, Grenoble, abril 1996
Le projet « SINDBAD » pour la reconversion des jeunes palestiniens de l’intifada
Keywords: Organizaciones ciudadanas y líderes por la paz | Actuar para la reinserción social de los ex combatientes | Palestina
Comment reconvertir des jeunes Palestiniens qui ont été très actifs dans la « guerre des pierres » pendant sept ans ? Comment, dans un contexte où la moitié de la population palestinienne a moins de dix-huit ans et où le taux de chômage avoisine 60 %, disposer d’agents de développement correspondant aux besoins qui accompagnent le processus de paix ? Le projet initié en 1994 par le président du Croissant-Rouge palestinien et par le directeur de la société française Conseil international et développement a trois objectifs :
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donner un avenir professionnel et un rôle social gratifiant aux jeunes victimes de l’Intifada,
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constituer un corps d’agents civils efficaces répondant aux besoins de base ou de niveau intermédiaire dans les différents secteurs de l’économie des services,
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faire face aux besoins immédiats de l’entretien technique, du développement touristique et des services publics (action sociale, santé, …).
Une formation ainsi orientée doit encourager les jeunes à travailler ensemble en réseau, ce qui aidera le pays à se doter d’une infrastructure publique tout en fournissant des emplois utiles et à bon marché. Il est prévu de former chaque année 300 jeunes adultes, garçons et filles de 18 à 25 ans, qu’ils aient déjà reçu ou non une formation professionnelle. Ils seront sélectionnés par un jury constitué par des représentants des ministères des Affaires sociales, du Travail et de la Jeunesse et des Sports qui donneront la priorité à d’anciens jeunes « combattants » de l’Intifada. Non seulement nombre de ces jeunes ne se dirigeront jamais d’eux-mêmes vers des études ou vers une formation professionnelle ordinaires, mais plus d’un se considèrent comme des « héros » et ne peuvent, à ce titre, envisager de faire un travail ordinaire. Il faut aussi tenir compte de la nécessité de les soutenir psychologiquement comme de permettre à ceux qui sont physiquement handicapés de s’insérer normalement dans la vie active et dans la société. Cette formation, qui vise en même temps à faire de ces jeunes des citoyens, devra, en outre, préserver les possibilités futures pour ceux qui le souhaiteront de s’orienter vers des études traditionnelles. Pour toutes ces raisons, la formation comportera deux périodes de six mois : la première généraliste alternant des cours ordinaires sur les matières traditionnelles (langues, droit, comptabilité,…) et l’ouverture aux questions d’intérêt général et aux réalités urbaines et rurales, en même temps que professionnelles, dans le cadre de modules (sociologie, géopolitique, formation aux fonctions de direction, technologie,…) ; la seconde plus pratique sur le terrain du secteur public (services de santé, pompiers, bureaux de police, …) et du secteur privé (hôtels, restaurants, centres culturels, centres sportifs,…). Il est prévu qu’un diplôme d’agent de développement soit délivré à l’issue de l’année de formation et que, en ce qui concerne les débouchés, les intéressés soient aidés à trouver un emploi dans le secteur public comme dans le privé, ou, par le jeu d’équivalences, à entamer ou poursuivre des études universitaires.
Le projet s’inspire beaucoup de la formation assurée en France par Bioforce, à Lyon, qui apportera son aide technique, notamment pour la mise au point du programme. Approuvé par l’Autorité nationale palestinienne, il a été soumis à la Banque mondiale pour son financement et ses promoteurs français de CID sont très attentifs à la manière dont sera perçue cette expérience, espérant qu’elle pourra faire école pour d’autres situations.
Commentario
Ce projet est doublement original pour la problématique de la reconversion des activités militaires en activités civiles :
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il montre un aspect important des problèmes de sortie de guerre auxquels doit faire face l’Autorité palestinienne et l’un des défis que doit relever, avec elle, la communauté internationale pour l’aider à se structurer en tant que pays et pour consolider la paix,
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il met en évidence le rôle que joue CID dont le département Sécurité et solidarité internationales « couvre un vaste domaine d’intervention qui associe le savoir faire de la Défense au réseaux, publics et privés, de solidarité internationale ». Cette intervention d’une société dépendant du Ministère de la Défense français dans des programmes de retour à la paix, de conversion des ressources humaines et industrielles au profit d’activités civiles et d’appui au développement économique et social, peut sembler paradoxale mais elle doit être considérée comme une manifestation de la sortie progressive de « l’ordre militaire ».
associe le savoir faire de la Défense au réseaux, publics et privés, de solidarité internationale ». Cette intervention d’une société dépendant du Ministère de la Défense français dans des programmes de retour à la paix, de conversion des ressources humaines et industrielles au profit d’activités civiles et d’appui au développement économique et social, peut sembler paradoxale mais elle doit être considérée comme une manifestation de la sortie progressive de « l’ordre militaire ».