Bruxelles, février 2005
Libéria, les jeunes à la recherche d’un président de la république
Après des années de guerre civile, les jeunes choisissent comme candidat une vedette internationale qui a montré à travers ses engagements en faveur de la paix.
Contexte
Le Liberia a connu 14 années de guerre où 150 000 personnes ont été tuées et un million ont dû fuir. Un habitant sur deux vit avec moins d’un demi-dollar par jour…
Depuis, le processus de paix au Liberia avance. L’élection présidentielle est prévue pour octobre 2005, il y a des dizaines de candidats. Parmi eux figure l’homme le plus populaire du Liberia, l’ancien ballon d’or, George Oppong Manneh Weah.
Les jeunes se mobilisent
En septembre 2003, des jeunes et des commerçants regroupés au sein d’une association appelée Redeem Liberia (sauver le Liberia), ont adressé une pétition à George Weah pour lui demander de se porter candidat à la prochaine élection présidentielle.
« Après plusieurs années de guerre qui ont divisé le peuple, les Libériens ont besoin d’un véritable patriote, d’un ‘humanitaire’ pour délivrer le pays et M. Weah est la seule personne capable de représenter une ‘force unificatrice’ pour secourir le pays et réunifier son peuple », précise le document.
Cette forte demande de l’opinion libérienne pour la candidature de George Weah s’explique par le fait que les hommes politiques ont abandonné les Libériens. Les jeunes ont la conviction King Weah est le seul capable de pratiquer la bonne gouvernance et qu’il ne sera pas de ceux-là qui viennent au pouvoir juste pour se remplir les poches.
Depuis, plusieurs autres associations et mouvements de jeunes ont emboîté le pas à Redeem Liberia. La candidature de George Weah est un sujet de conversation et d’interrogation à laquelle lui même répond quand on lui reproche son manque de compétence : « Je ne crois pas qu’il soit nécessaire d’être éduqué pour voir que les gens manque d’eau potable… Quand aux hommes politiques qui se disent éduqués, qu’ont-ils fait pour ce pays…? » Et ce constat est repris par beaucoup qui affirme que « Les gens éduqués nous ont donné des fusils pour tuer nos frères et soeurs, mais Oppong lui est là pour nous apporter le bonheur qu’on attendait ».
Même avis chez les ouvriers et les fonctionnaires de l’Etat. Eric Sieh, 36 ans, employé dans une boutique libanaise, se plaint : « Les politiciens nous ont assez menti. Ils ont assez volé. On ne peut plus leur faire confiance. George Weah nous a déjà montré qu’il a le pays au coeur ». « Tous les gouvernements qui viennent ne font que piller les fonds de l’Etat. Ils se remplissent les poches sans se soucier de la population », se lamente un travailleur du ministère des Finances qui préfère garder l’anonymat.
Du foot à l’UNICEF
Georges Weah, ancien footballeur de renom, a été nommé Ambassadeur itinérant de l’UNICEF en avril 1997. Il a cherché alors à sensibiliser les gens au SIDA l’éducation des enfants, à la santé et à la paix.
Critiquant ouvertement l’enrôlement des enfants dans la guerre civile, sa popularité et son franc-parler n’ont pas été goût de Charles Taylor dont les miliciens s’en prirent à sa famille et détruisirent sa maison. En 1996, il demande une intervention internationale d’une force de paix… Il faudra attendre 2003 pour voir déployer 15 000 casques bleus et « tout le monde est content de leur présence » assure t-il.
Début 2004, il participe à la campagne de la Mission des Nations unies au Liberia (Minul) pour le désarmement, la démobilisation et la réinsertion sociale des enfants-soldats, auprès de qui il s’est ainsi excusé : « Nous, adultes, sommes tout à fait désolés pour ce que nous vous avons fait. Nous vous avons transformés en petits soldats, en enfants des rues, […] en esclaves sexuels, et nous vous avons privés d’éducation et de soins… ».
Commentaire
Indépendamment des questions légitimes qui peuvent se poser autour de la popularité d’une personne et de sa capacité à assurer les fonctions de président de la république, des jeunes se sont mobilisés pour quelqu’un qui représente des valeurs de paix et de tolérance dans un pays qui a payé très cher le prix d’une guerre civile. C’est une manière peu habituelle de faire de la politique qui montre le rôle que peut jouer « la société civile ».
Notes
Source :
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www.malikounda.com/nouvelle_voir.php?idNouvelle=1861, le républicain Zoom Dosso 19/10 2004
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www.afrik.com/article7911.html 27 nov 2004, Elimane Fall
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www.lintelligent.com/pays/liberia/gabarit_art.asp?art_cle=LIN10104georgtnedis0 12 oct 2004 Martin Enyimo