Xavier Guigue, Bruxelles, janvier 2005
Le rôle des médias dans le processus de paix au Sierra Leone
Pour briser les craintes des populations déchirées par la guerre, un journaliste réalisa une enquête du coté rebelle, faisant découvrir une autre facette du conflit et débouchant sur un dialogue entre combattants.
Mots clefs : Radio et paix | Journaliste | Réformer les rapports sociaux | Afrique | Sierra Leone
Des années de guerre civile ont déchiré le Sierra Leone, dont une grande partie du territoire riche en diamant a été longtemps contrôlé par le RUF (Revolutionary United Front). Les populations divisées vivaient dans la méfiance et la peur.
Avant que la situation ne se soit stabilisée, « Talking Drum Studio », une radio de Freetown soutenu par Search for Common Ground a diffusé une série d’émissions pour favoriser la réconciliation.
Ken Ganna Conteh y est journaliste, comme beaucoup, il a perdu des membres de sa famille dans la guerre. Il constata que le manque de communication entre les différentes parties au conflit, les traumatismes réels de la population… favorisait la circulation de rumeurs qui rajoutait encore au climat général. Il savait qu’en l’absence d’information fiable, structurante et précise, la construction de la paix n’avait que peu de chance. Aussi il décida, en Août 2001, d’aller là où aucun journaliste du pays n’était allé en pénétrant sur le territoire contrôlé par les rebelles. Sa meilleure carte de visite était le nom de la radio, car elle était reconnue comme cherchant à dire la vérité sur le conflit et ses origines, sans participer à la propagande gouvernementale.
Il choisit d’interviewer les rebelles pour en savoir plus sur les raisons qui les poussaient à combattre, mais aussi pour savoir quels étaient leurs espoirs, leurs rêves et leurs peurs. Il fit découvrir à travers ses reportages les difficultés que vivaient ces combattants qui les poussaient à agir de la sorte. Il montra aussi que la vie continuait dans cette partie du pays où les gens allaient au marché, les enfants à l’école… loin des images de morts et de destruction qui devaient caractériser ce qui se passait derrière les lignes rebelles.
Pour la première fois, les auditeurs ont pu ainsi entendre les points de vue des rebelles. Mais la radio ne s’arrêta pas là. Elle convia aussi le gouvernement à s’exprimer. Ce long travail de rencontre aboutit à une émission régulière animée par deux anciens combattants, de chaque bord pour aider à la démilitarisation et à la reconstruction sociale du Sierra Leone.
Commentaire
Complémentaire d’un nécessaire travail de justice sur les crimes commis au cours de la guerre civile et d’une reconstruction politique du pays, cette action contribue au dialogue inter-faction, la radio étant le média le plus utilisé.
Notes
Source Research for common ground : www.sfcg.org