José Pablo Batista, Guatemala, décembre 2004
Le remplacement des gouvernements autoritaires et militaires par des régimes démocratiques en Amérique centrale à la fin du XXe siècle
La décennie des années 1980 a connu des changements profonds des régimes politiques centre-américains dans le sens de la démocratisation par le biais des élections en vue de la pacification de la région.
L’Amérique centrale des années 1970 à 1980, marquée par l’autoritarisme et la violence, à l’exception du Costa Rica démocratique, commençait dans les années 1985 à rechercher la démocratie. Des luttes politiques intestines entre différents groupes traversaient la région : des militaires autoritaires, des commandants guérilleros, des élites traditionnelles et conservatrices, des élites modernes et libérales, des leaders politiques démocrates, des leaders sociaux issus de la société civile…
Une pression forte s’exerçait alors sur cette région afin qu’elle s’engage sur le chemin de la démocratie. Cette pression venait des pays occidentaux démocrates, de l’agonie de l’Union soviétique, de différentes institutions internationales, notamment l’ONU, des pays latino-américains, mais aussi de la part d’une société civile montante qui, victime de l’exclusion et de l’autoritarisme, exigeait la démocratie.
La décennie des années 1980 a connu des changements profonds des régimes politiques centre-américains dans le sens de la démocratisation par le biais des élections en vue de la pacification de la région.
Au Guatemala, la transition effective s’est entamée en 1983, lorsqu’un coup d’État militaire contre le général Ríos Mont, leader des généraux anticommunistes durs, portait au pouvoir le général Mejía Vítores, leader des militaires pro-démocrates. Ce dernier a engagé une importante procédure de réformes institutionnelles. En 1984, une Assemblée nationale constituante a été organisée et en 1985-1986, des élections présidentielles. La victoire fut remportée par le Parti de la démocratie chrétienne. Un Président civil, Vinicio Cerezo a été élu grâce à des procédures démocratiques. Les autorités civiles commençaient par cohabiter avec le pouvoir militaire, elles avaient l’intention de le substituer par la suite.
Au Salvador, la droite de la droite continuait à vouloir imposer le système autoritaire par la force. Les guérilleros du « Frente Nacional Farabundo Marti » (FMLN) se battaient contre l’armée pour prendre le pouvoir. Alors que le pays se déchirait par une violence incontrôlable, le leader de la société civile, Napoleon Duarte, s’est présenté comme candidat à la présidence pour le Parti démocratie chrétienne. En 1984, il remporta la victoire.
Au Honduras, les élites nationales ont voulu répondre aux aspirations populaires tout en respectant les intérêts des USA, très forts dans le pays. En 1980, le pays renouait avec les institutions civiles élisant une Assemblée nationale constituante. En 1985, a été élu à la présidence José Azcona, du Parti Libéral.
Au Nicaragua, après la victoire de « la révolution sandiniste » contre la dynastie des Somoza en 1979, les sandinistes étaient au pouvoir, avec M. Daniel Ortega à leur tête. Des élections présidentielles ont été organisées en novembre 1984, et Ortega est devenu président, élu démocratiquement.
Au Costa Rica, où un régime démocratique était en place depuis 1948, lors des élections présidentielles de 1986, le Parti de Libération nationale a remporté la victoire. M. Oscar Arias, son ancien secrétaire général, politologue et démocrate reconnu, est devenu Président.
Commentaire
Il s’agissait d’un fait totalement nouveau dans la région centre-américaine : les Présidents des cinq pays centre-américains se déclaraient démocrates et en faveur de la pacification de la région. De plus, ils sont parvenus au pouvoir grâce à une élection démocratique.