Carlos Sarti, Guatemala, octobre 2008
Entretien avec Carlos SARTI
Propos recueillis, par Henri Bauer et Nathalie Delcamp (Irenees).
Irenees :
Pouvez- vous vous présenter, s’il vous plaît?
Carlos Sarti :
Je m’appelle Carlos Alberto Sarti Castañeda, je suis Centre –Américain né au Guatemala, anthropologue et spécialiste des sciences politiques. Je suis actuellement directeur de la Fondation Propaz, au Guatemala.
Irenees :
Quelles sont les raisons principales de votre engagement pour la paix ?
Carlos Sarti :
Mes valeurs, tournées vers le respect des droits de l’homme sous toutes leurs formes ; mais aussi, le fait que je vive dans un pays dont l’histoire est tellement conflictuelle, polarisée et intolérante, me donne la motivation de contribuer, de façon personnelle et à travers la Fondation Propaz, à le transformer par des voies non violentes, harmonieuses et interdépendantes. Ainsi je contribue à temps complet à la construction de la paix dans toutes ses expressions, personnelles, sociales et mondiales.
Irenees :
Parlons un peu de la Fondation que vous dirigez : comment est-elle née? Quelles en sont actuellement les activités principales ? Sur quels thèmes travaillez-vous en priorité ? Quels sont vos orientations et vos objectifs ?
Carlos Sarti :
Entre 1996 et 2003, l’OEA a mis en œuvre au Guatemala le programme Culture de Dialogue : Développement de Ressources pour la Construction de la Paix (OEA-PROPAZ). Ce programme avait pour objectif de mettre en place la capacité guatémaltèque à poursuivre les efforts déployés, une fois que l’OEA en aurait terminé.
Pour cela, l’OEA créa un espace de dialogue quadripartite (OEA, Donateurs, Gouvernement du Guatemala et représentants de la société civile) Cet espace s’est réuni pendant plus d’un an, et avait à sa charge l’élaboration de l’entité guatémaltèque qui continuerait le travail de l’OEA. C’est ainsi qu’est née la Fondation Propaz, début 2003.
Pour nous, toutes nos activités sont importantes ; elles prennent leur sens à l’intérieur d’un processus de changement social et de construction de paix à long terme. Les activités sont développées à travers trois domaines opérationnels de la Fondation :
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Le Domaine de la Formation ;
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Le Domaine de Facilitation ;
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Le Domaine de Sensibilisation Citoyenne.
Concernant le domaine de la Formation, nous sommes très satisfaits du développement de 3 diplômes intersectoriels (étudiants du secteur gouvernemental, de la société civile, des organisations sociales), lesquels nous permettent de mettre en place une capacité constituée dans les différentes institutions de l’Etat et de la société.
Les cafés citoyens, débats publics et dialogues compréhensifs mis en œuvre par le Domaine de Sensibilisation ont également eu un impact important.
Pour finir, la création et l’institutionnalisation d’instances de prévention et de résolution de conflits au niveau municipal, développées par le Domaine de Facilitation, nous ont permis de mettre en place une capacité constituée au niveau local.
A travers les activités développées et de leurs synergies, nous essayons de provoquer des changements et des transformations dans les attitudes, capacités, processus et structures.
Concernant nos thèmes prioritaires, nous pouvons citer : les populations Indigènes, les relations Etat-société (sphère publique), le psychosocial, l’après-conflit, la construction de paix et son articulation avec le processus de démocratisation du pays, et les sensibilités concernant le Genre et le multi / interculturel, qui font partie de toutes nos activités.
Irenees :
La Fondation dont vous avez la charge travaille de façon forte à la construction de paix au Guatemala suite au conflit armé. Comment expliquez-vous ce conflit guatémaltèque, et surtout, la fin de ce conflit au moyen de la signature des Accords de Paix ?
Carlos Sarti :
Tout le monde sait que l’histoire du Guatemala se caractérise par une situation très inégale en termes structurels (violence structurelle, selon Galtung). L’exclusion et le racisme envers les populations indigènes, la forte concentration des terres dans les mains de quelques personnes, la fermeture des espaces politiques de participation citoyenne et d’autres facteurs encore, ont créé les conditions de l’éclatement de la lutte armée révolutionnaire, qui a duré 35 ans.
Malgré tout, avec la fin de la Guerre Froide au début des années 90, et grâce à des conditions internes (échec de la stratégie militaire, plus grande autonomie sociale et politique quant aux adversaires armés, et une société lasse de la violence armée), sont apparues les conditions d’une sortie négociée du conflit armé. Des négociations qui durèrent plusieurs années, et impliquèrent quatre gouvernements et l’Armée d’un côté, et l’UNRG de l’autre.
Concernant le processus, nous pouvons faire remarquer que la négociation commence comme une tactique de la guerre ; puis, au fil du temps, la guerre se transforme en tactique de la négociation, et pour finir la négociation remplace complètement la guerre et c’est l’étape du post conflit qui s’ouvre.
Face au processus de construction de paix, il ne faut pas oublier que le conflit armé interne (1960 – 1996) a eu des conséquences tragiques pour les personnes, les communautés et le corps social dans son ensemble. La guerre a déchiré le tissu social et culturel, la communication, la solidarité et l’acceptation réciproque entre les guatémaltèques. Pire encore, sa durée de plus de trente ans a causé des dommages dans le corps, l’esprit et l’âme, donnant lieu à un traumatisme collectif qui continue d’influer toutes nos relations économiques, sociales, politiques et culturelles.
Irenees :
Les Accords de paix ont été signés en 1996. Quelles sont, selon vous, les avancées réelles en matière de construction d’une société plus pacifique au Guatemala ? Et quels sont les défis prioritaires pour la construction de la paix ?
Carlos Sarti :
Parmi toutes les avancées, nous pouvons insister sur la finalisation du conflit armé interne. A ce propos, il faut souligner que depuis 12 ans, on n’a pas eu de nouveau la tentation de reprendre le conflit armé pour sortir politiquement de la crise face à la conflictualité croissante du pays. Par ailleurs, on crée des institutions, des mécanismes et des espaces nouveaux qui permettent davantage de participation citoyenne et de pluralité idéologique. On a créé une nouvelle institution gouvernementale pour veiller à l’accomplissement de certains engagements des Accords de Paix, et l’Etat est davantage attentif aux questions des populations indigènes.
Néanmoins, la possibilité de modifier le fond historique de la conflictualité guatémaltèque n’a pas été possible avec les Accords de Paix. Parmi les diverses raisons à l’origine des limites des Accords de Paix, nous pouvons souligner les raisons suivantes :
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Les Accords ont vu le jour sous un contexte défavorable, dans la mesure où ils ont coïncidé avec le renforcement du néolibéralisme en tant qu’orientation politique de l’Etat. De ce fait, alors que les Accords de Paix proposaient le renforcement de l’Etat et une politique publique orientée vers la dépense sociale, les canons néolibéraux qui ont sous-tendu tous les gouvernements d’après conflit ont tenté de réduire l’Etat et de limiter la dépense sociale.
De plus, quand les Accords ont proposé de faire les réformes dans le cadre d’un Etat de droit prédominant, la seule possibilité de les approfondir passait par des réformes constitutionnelles ; pourtant, cette possibilité a été éliminée. Rappelez-vous qu’en 1999, on a organisé une consultation de la population pour ratifier les changements institutionnels qui permettraient la mise en œuvre d’un contexte légal plus favorable à l’accomplissement des Accords de Paix, mais pour diverses raisons, le Non l’a emporté, éliminant de ce fait la possibilité d’approfondir les Accords.
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La corrélation de forces qui avait permis la négociation du conflit armé et la mise en œuvre d’un processus de réformes structurelles n’a pas eu suffisamment de force pour poursuivre cette dynamique dans le cadre du post conflit. Les Accords de Paix n’ont pas obtenu le soutien politique nécessaire à leur approfondissement. De ce fait, ils ont perdu leur potentiel de transformation et sont dépendants des aléas de la politique traditionnelle.
Ainsi, le post conflit est devenu un hybride dans lequel des propositions et des possibilités nouvelles s’articulent avec l’implacable inertie de la trame de fond historique qui le détermine.
Ce scénario exacerbe les contradictions politiques, sociales et interculturelles, et par là-même les conflictualités et les conflits. En effet, la violence a augmenté de façon exponentielle, et de plus, ses formes de manifestation se sont diversifiées. C’est-à-dire que la violence est de plus en plus profonde et généralisée, et conduit à d’aberrants épisodes qui blessent la dignité humaine et lui portent gravement atteinte. Parmi les différentes formes de manifestation de la violence, on note la violence des jeunes (phénomènes de bandes), la violence associée au trafic de drogue, la violence de la délinquance courante, les lynchages et les meurtres de femmes.
C’est pourquoi, nous pouvons dire que, bien qu’il y ait eu des avancées, pour certaines très importantes, ces dernières ne peuvent être ce que qualifie le post conflit, car la conflictualité est plus dense, plus complexe, et a de nombreux visages.
Les défis sont énormes, car ils ont à voir avec la totalité des relations intersectorielles, celles de l’Etat avec la société, avec le manque d’équité économique, et avec la conditionnalité externe. Egalement avec la nécessité de transformer la mentalité polarisée et de promouvoir l’interdépendance et la réconciliation.
Irenees :
Le travail de Propaz est de faciliter des processus de dialogue et de négociation qui contribuent à la construction d’accords. Dans un pays qui vient de sortir d’un conflit armé interne extrêmement grave, et qui continue d’utiliser la violence, comment mettre en œuvre cette culture du dialogue et de la création d’accords ?
Carlos Sarti :
En effet, la polarisation, le recours facile à des moyens violents et l’intransigeance sont des comportements quotidiens dans les relations interpersonnelles, sociales et entre l’Etat et la société. Ainsi, essayer de transformer ces modèles relationnels conflictuels est une tâche difficile, complexe, et de longue durée.
En faisant fonctionner nos différents domaines, nous essayons de générer toute une gamme d’options pour travailler dans le sens de la transformation. Par exemple, dans une société plutôt bien habituée à la discussion, une option est l’encouragement du dialogue entre les citoyens de tous les secteurs au moyen des Cafés Citoyens, qui ont pour slogan « la conversation, pas la conversion », parce que précisément il s’agit de créer les conditions pour que les gens dialoguent, et ne fassent pas que discuter sans véritablement s’écouter. Une autre option est de faciliter de façon impartiale des espaces de dialogue ou de négociation orientés vers la formulation de politiques publiques ou vers la recherche d’accords sur des différends. Egalement des processus de dialogues compréhensifs et interculturels.
Irenees ;
Quelles sortes de mécanismes de prévention et de résolution de conflits développez-vous ?
Carlos Sarti :
Nous considérons que toutes les activités réalisées par la Fondation et les synergies qu’elles provoquent sont orientées vers la prévention, la résolution et la transformation de conflits, et qu’elles obtiennent des résultats, en semant les graines d’attitudes et de comportements enclins au dialogue et à la prévention des expressions violentes du conflit, et ainsi pas du conflit en soi. C’est-à-dire qu’on met en œuvre les conditions pour que les récipiendaires renforcent des attitudes « pro-paix » ; en même temps, on les aide à renforcer des habiletés et des compétences de communication, de négociation, de médiation et de construction de consensus.
L’un des mécanismes concrets de la prévention et de la résolution de conflit au niveau municipal – local est l’institutionnalisation de systèmes de veille des conflits, moins orientés vers la prévention des conflits - ces derniers seront toujours présents - que, comme nous l’avons déjà mentionné, vers la prévention des expressions violentes et de l’escalade des conflits.
Par exemple, à San Matero Ixtatán, une commune du département de Huehuetenango, nous aidons la construction de commissions locales de prévention et de résolution de conflits articulées avec la Mairie et le Conseil municipal de Développement. Dans un autre contexte, dans la commune de Santa María Cahabón, dans le département d’Alta Verapaz, compte tenu de ses caractéristiques, nous collaborons à la formation d’un réseau de conciliateurs communautaires, également orienté vers la prévention, la résolution et la transformation de conflits.
Le sens ultime des efforts de prévention, de résolution et de transformation des relations conflictuelles est basé sur le développement de l’interdépendance, de la tolérance et de la réconciliation. C’est ainsi que nous marcherons dans le sens de la paix.
Irenees :
Vous faites un travail de formation et d’habilitation au développement de connaissances et de dextérités favorisant la consolidation de la paix. Quels sont les résultats les plus intéressants que vous ayez obtenus ?
Carlos Sarti :
Nous concevons l’habilitation comme un processus, ou cycle d’ateliers, de durée variable, qui permet d’influencer un changement d’attitude et l’apprentissage d’habiletés permettant le dialogue chez des agents de l’Etat et de la société. Nous assumons le fait que les personnes formées auront une meilleure compréhension de la conflictualité guatémaltèque et de ses diverses expressions, ainsi qu’une attitude nouvelle dans leurs relations avec les autres secteurs, et au sein de leur propre secteur. Par formation, nous entendons des habilitations plus intensives et de plus longue durée. Au cours de ces trois dernières années, nous avons eu trois diplômés, ayant reçu chacun de 120 à 240 heures de formation effective.
De tels processus d’apprentissage, véritables communautés d’échange collectif, se sont caractérisés comme étant des espaces de la sphère publique. De fait, ce sont des acteurs stratégiques de l’Etat (Gouvernement) et de la société civile qui s’y sont retrouvés. Nous avons même eu la participation d’un membre de l’Armée et de plusieurs officiers de la Police Nationale Civile, en même temps que des acteurs indigènes, des paysans, des techniciens et des activistes d’ONG.
Les diplômés commencent toujours par un atelier de sensibilisation, destiné se mettre en conformité dans le domaine des valeurs propres aux constructeurs de paix et à prendre la mesure des aspects psychologiques et pas seulement techniques du facilitateur de paix. Cette sensibilisation initiale a également contribué à créer un esprit d’équipe entre les participants. On obtient la camaraderie, couplée à la vision conjointe et collective des valeurs. Ainsi, systématiquement, de nouvelles propriétés émergentes surgissent, telles que la synergie et la co-intelligence, qui rendent plus performante la formation intégrale des récipiendaires.
Les diplômés se sont également spécialisés en rapport à certains « systèmes de conflictualité » plus spécifiques qui affectent le pays. C’est le cas du dernier diplômé, qui a eu pour thème substantif d’aborder la conflictualité agraire à Alta Verapaz, l’un des départements connaissant la plus grande conflictualité concernant la terre dans tout le pays. Il a bénéficié de la présence de médiateurs agraires, dont plusieurs indigènes, qui, avec des femmes, des leaders paysans et quelques fonctionnaires du Gouvernement, ont reçu plus de 120 heures de formation pour analyser et formuler des propositions afin d’aborder cette conflictualité.
En ce qui concerne l’habilitation, nous avons élargi l’éventail des thèmes proposés dans notre offre éducative. A ce jour, nous formons sur les thèmes suivants :
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Construction de la paix
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Analyse et transformation de conflits
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Communication constructive
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Prise de décisions et construction de consensus
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Négociation
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Médiation
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Incident et complot
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Travail en équipe
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Introduction à la pensée systémique
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Analyse de conjoncture
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Caractéristiques du sujet social guatémaltèque
Irenees :
Quels sont les principes théoriques que vous utilisez pour la construction de la paix ? Face aux uns qui affirment la nécessité de « supprimer les causes »des conflits et aux autres qui affirment la nécessité de « gérer les conflits », vous préférez parler en termes de « transformation » de conflits dans plusieurs dimensions et dans différents domaines. Pourquoi ?
Carlos Sarti :
En effet, nous considérons, tout comme Lederach, qu’il ne s’agit pas uniquement de résoudre les conflits, mais qu’il faut aussi les traiter, et que cela implique de changer les modèles relationnels conflictuels en des modèles relationnels constructifs, fondés sur l’interdépendance, le respect et ayant pour horizon la réconciliation.
La question de la transformation a été développée plus largement par John Paul Lederach, qui a été le conseiller d’OEA-PROPAZ, notre précédent programme avec l’OEA. Lederach propose quatre dimensions ou domaines dans lesquels le conflit génère des changements ou des transformations. Les dimensions de personne et de relation proposent des changements au niveau individuel, interpersonnel et communautaire, avec une portée immédiate et locale.
Les dimensions de structure et de culture comprennent des processus qui touchent des institutions et des modèles sociaux, politiques, ou économiques plus larges. Généralement, leur impact et leur portée ont lieu sur un plus long terme.
Malgré tout, la construction de paix comprise comme un processus de transformation totale des relations sociales ne peut faire l’économie d’une compréhension des relations de pouvoir et de la nécessité de provoquer des transformations structurelles pour renforcer les changements dans les relations sociales. C’est pour cela que nous travaillons aussi à « supprimer les causes » du conflit, mais de façon pacifique, dans le dialogue et sur le long terme. Il ne s’agit donc pas de changer uniquement les relations conflictuelles, mais aussi les causes qui en sont à l’origine.
Irenees :
Comment voyez-vous la construction de paix dans le contexte mondial actuel ?
Carlos Sarti :
Je l’analyserais en deux dimensions ; en premier lieu, ce qui concerne nos tâches de constructeurs de paix (bien que personnellement je préfère employer le terme de « facilitateurs de la paix »), et en second lieu, par rapport aux conditions actuelles du monde.
En tant que facilitateurs de la paix, nous devons insister sur la question de transformation, qui va au-delà du changement socio-politique privilégié par d’autres disciplines des sciences sociales.
Pour cette raison, la vision de transformation que nous élaborons à la Fondation Propaz est un regard holistique, intégral et ayant une orientation prospective. Ce qui nous oriente n’est donc pas une « caisse à outils », mais une conception du changement social, laquelle, bien entendu, s’exprime différemment en fonction des différents contextes dans lesquels nous agissons. C’est précisément dans le cadre de la contextualisation que les différentes méthodologies dont nous pouvons user prennent de l’importance. Comme nous le disons à la Fondation Propaz, « nous ne pouvons pas imposer de modèle », mais adapter et contextualiser notre théorie et notre méthodologie à chaque cas d’intervention.
En ce qui concerne notre travail au niveau mondial global, il faut comprendre le moment stratégique que vit actuellement le monde. Selon la logique des grandes compagnies, des organismes financiers et des Gouvernements des pays les plus développés, la spéculation financière et la guerre sont deux voies à travers lesquelles la dynamique mondiale est stimulée.
A ce sujet, Umberto Eco, dans son œuvre « A reculons, comme une écrevisse », quand il aborde le thème de la guerre et de la paix, considère qu’à l’heure actuelle, on peut regarder la situation mondiale dans l’optique de ce qu’il appelle les « Néoguerres », dans lesquelles, à la différence des guerres du passé, « la logique des états en conflit est soumise à la logique industrielle des multinationales et aux exigences de l’industrie de l’information ». Dans les « néoguerres », ce ne sont pas deux patries qui s’affrontent, mais une infinité de pouvoirs.
Pour sa part, Heric Hoswam considère que « nous pouvons nous risquer à ébaucher une prédiction : au XXIème siècle, la guerre ne sera plus aussi sanglante qu’elle le fut au XXème siècle, mais la violence armée, qui donnera lieu à un degré de souffrance et des pertes disproportionnés, sera toujours omniprésente et sera un mal endémique, et épidémique par moments, dans une grande partie du monde ».
Face à cette tendance dominante, il y a un processus qui s’oppose, de forte présence et de mobilisation de différents secteurs nationaux et mondiaux (écologistes, paysans, migrants, anti-néolibéraux, populations indigènes, femmes, jeunes, etc.), lesquels recherchent, à partir de différentes approches, le développement humain intégral, le plein respect des droits de l’homme, la démocratie et la justice sociale. Certains viennent de naître, certains sont plus mûrs que d’autres, mais tous sont source de résistance face au modèle hégémonique actuel. Du point de vue des facilitateurs de la paix, ces recherches ne parviennent pas, pour l’instant, à constituer un mouvement mondial pour la paix.
Cependant, ce n’est pas le rôle des personnes, organisations, espaces d’échanges et réseaux pour la construction de la paix, de renforcer un courant d’opinion mondial pour la paix et la non violence. Vous, à IRENEES, êtes des pionniers dans cette voie.
Nous, à la Fondation Propaz, sommes profondément convaincus que la paix fleurira de la réalité à laquelle nous conduisent les guerres actuelles, et d’une plus grande conscience citoyenne et d’espèce sur notre responsabilité universelle en tant qu’êtres humains.