L’arme et le gadget. Auteur : André Gsponer.

M. Gsponer, l’auteur de ce document, a étudié les cas de certains pays de l’Est et de l’Ouest afin d’examiner la politique suivie dans le processus de reconversion. Il montre bien une prise de conscience de la part des puissances militaires du fait qu’il est nécessaire de modifier les orientations de leur industrie militaire en profitant de la nouvelle situation politique mondiale.

• Chapitre 1 : reconversion de l’industrie militaire à l’Est et à l’Ouest.

En comparant la politique de désarmement entre l’Est et l’Ouest, on apprend qu’à l’Est les conditions de la conversion sont plus favorables, où la plupart des entreprises de défense soviétiques ont une expérience passée ou présente dans la production civile, car il existe une demande très forte pour des biens de la production civile. Le marché de l’emploi dans la plupart des régions à forte concentration d’usines militaires est tel, que le chômage ne risque pas d’augmenter.

Paradoxalement, apprend-on dans le livre, tandis que des employés du secteur de l’armement perdent leurs emplois à l’Est et qu’il n’existe pas de programme pour leur réinsertion sociale, les ingénieurs ayant conçu les armements qui menaçant l’Occident, ou qui de par leur compétences élevées auraient pu aider à la reconversion, retrouvent des emplois à l’Ouest. Cette situation rend le travail sur la conversion militaire caduque et sans effet. Le but n’est pas de fermer les usines militaires et de licencier leurs ingénieurs, mais plutôt de changer leur structure interne ainsi que la nature de leur production.

• Chapitre 2 : précision de la "reconversion de l’industrie militaire vers une industrie civile."

Dans le deuxième chapitre, consacré à la définition de la "reconversion", on remarque que la reconversion du militaire contient la promesse d’un mode de production pacifique, dans lequel les besoins civils auraient priorité sur les développements militaires.

Dans les trois grands pays occidentaux (USA, France et Angleterre), la recherche scientifique et le développement technologique à des fins explicitement militaires mobilisent près un tiers des ressources financières et humaines consacrées à la recherche et au développement dans son ensemble. Cependant, qu’elle soit civile ou militaire, la reconversion et le développement se caractérisent par le fait que leurs applications sont principalement destinées à des fins de domination civile.

L’auteur se pose une question : "existe-il une distinction claire entre une technologie civile et une technologie militaire ?". Les limites sont souvent floues entre ces deux domaines. Seulement en définissant le but final de cette production, on peut parvenir à une distinction. Ce sont les fins qui déterminent la nature de l’industrie.

• Chapitre 3 : comparaison entre l’industrie militaire et l’industrie civile.

Dans le troisième chapitre, l’auteur établit une comparaison entre l’industrie militaire et l’industrie civile tout en montrant l’intérêt et les bénéfices de chacune d’entre elles. Ces différences sont remarquables en ce qui concerne la production, les caractéristiques techniques, les études de marché et les marges de bénéfices dont profite chaque industrie. Sur ce dernier point, l’auteur remarque que les contrats d’armements, bien qu’ils soient de sommes colossales, ne sont pas très avantageux pour les sociétés. Il en résulte que la production civile demeure plus rentable que celle du domaine militaire.

• Dans les chapitres suivants on distingue une analyse psychologique et sociologique de l’homme en général et de la société.

Cette analyse sert à comprendre l’échelle de priorité définie par l’homme et sa société. Cela pour dire qu’une société plaçant la question de la défense militaire au premier plan de ses objectifs devrait modifier ses choix maintenant que les donnes politiques ont changé. Ainsi les efforts d’une société et de ses savants, experts et ingénieurs se tourneront vers le domaine civil.

Commentaire

C’est un livre réaliste, il aborde le problème de la reconversion de l’industrie d’armements d’une manière objective. Il pèse les avantages de la présence de l’industrie d’armements et ses inconvénients. L’auteur n’ignore pas le fait que cette industrie joue un rôle économique important dans les pays occidentaux ainsi que dans tous les autres pays avancés dans ce domaine. Mais il affirme que la fermeture d’une usine militaire et sa reconversion à des fins civiles n’entraînerait pas une augmentation du taux de chômage.

Il conclut par une réflexion en disant, "si nous voulons la paix, et si nous ne voulons pas seulement nous préparer à la guerre, nous devons faire en sorte de dépasser le tabou de la paix, et commencer à étudier, envisager et construire la paix. Donc la première étape de l’irénoversion des sociétés humaines est la prise en compte et l’éradication du tabou de la paix".