Des réfugiés palestiniens se rencontrent pour bâtir la constitution de leur futur Etat

Une trentaine de réfugiés palestiniens au Liban, membres d’organisations non gouvernementales locales se sont rencontrés à Beyrouth pour aborder la question de la constitution de leur futur Etat, montrant en cela leur volonté d’aboutir.

Ce fait est très important. Les responsables politiques israéliens et américains doivent en tenir compte au lieu de se focaliser sur les attentats à la bombe car ces débats reflètent les aspirations politiques et morales des Palestiniens et leur capacité à aborder des sujets juridiques très pointus de façon pragmatique.

Juristes, leaders politiques, militants, responsables communautaires, enseignants… discutèrent en détail méthode et texte pour adopter un langage clair, sans ambiguïté, écartant les questions de doctrine politique des questions constitutionnelles. Ils insistèrent à propos des principes de non-discrimination entre sexes, religions, ethnies différentes, trouvèrent un équilibre entre religion et sécularisation, et se saisirent des incertitudes que soulèvera l’application d’une future constitution d’un Etat dont bon nombre de citoyens vivent en exil.

Face à tous les problèmes qu’ils rencontrent ou partagent - expropriation, attaques militaires, activités économiques étouffées… dans les territoires occupées et droit au travail, droit à le circulation et à la propriété réduits à néant pour les réfugiés- ils ont le courage et la détermination de se projeter dans l’avenir, anticipant une vie normale où les droits des citoyens seraient assurées par une constitution.

Il y a 2500 ans, à Babylone, la communauté juive exilée endurait une terrible épreuve. S’appuyant sur ses racines et son identité, elle se donna un code juridique et politique construit sur les valeurs de justice, d’égalité, de dignité et de compassion.

Cette même démarche vécue par les deux peuples doit servir de guide. Il est temps de reconnaître qu’il y a davantage de Palestiniens contribuant à l’avenir politique et juridique du futur Etat que de poseurs de bombe. Le meilleur moyen d’arrêter ce terrible cycle de violence en Palestine et en Israël est de créer des liens avec ceux qui œuvrent à l’état de droit et qui s’inspirent de ces valeurs codifiées à Babylone il y a si longtemps.

Commentaire

Des actions comme celle-ci doivent être connues du grand public qui peut alors les soutenir. En demandant à ce que ces interlocuteurs palestiniens soient reconnus comme acteur politique, les mouvements de citoyens pourraient offrir des perspectives concrètes à la paix au Moyen-Orient.

Notes

• Rami George Khouri est responsable du Daily Star de Beyrouth et chercheur associé à l’université de Syracuse (New York).