Silvia Gurrieri, février 2005
Journée de travail sur la prévention des conflits.
Ce document est le fruit d’un atelier d’échanges, organisé par Coordination SUD et International Alert (IA), autour du thème de la prévention des conflits. Il offre une intéressante occasion de réflexion sur ce domaine, sur ses limites et sur ses prospectives futures, en regroupant les expériences de certaines ONG.
Mots clefs : Concertation politique pour la paix | Initiatives de coopération politique internationale pour la paix | Médiation internationale pour la paix | Accord de Paix | ONG et Fondations internationales | Organisation humanitaire et paix | Prévenir des conflits | Soutenir des démarches de réconciliation après-guerre
Réf. : éditions Charles Léopold Mayer, Paris, 1996
Langues : français
Type de document : Ouvrage
Le dossier se compose des trois interventions des représentants de l’IRIS, de l’Union européenne et de l’ONG International Alert et des quatre comptes-rendus des ateliers de travail.
Le premier intervenant parle de la naissance sur la scène internationale d’un nouveau type de conflictualité (où se mêlent enjeux locaux et régionaux) et s’interroge sur l’éventualité et les conditions d’une intervention et sur la possibilité de faire de la prévention des conflits. Il souligne l’importance de l’intervention des ONG dans la phase qui précède les accords de paix, qui par leur connaissance du terrain peuvent établir un dialogue entre les différentes factions.
Le deuxième intervenant traite de l’initiative de l’Union européenne en matière de prévention de conflits et de son engagement personnel au sein du Parlement européen pour mettre en marche un système de recommandations d’action.
La dernière intervenante parle des activités et des objectifs d’International Alert (IA), l’ONG où elle travaille, spécialisée dans le domaine de la prévention et de la résolution de conflits. Elle nous présente en outre la définition que l’IA donne de la diplomatie préventive pour le secteur non gouvernemental : "un partenariat avec les populations locales et les agences internationales afin de créer des espaces où le dialogue, la coopération soient possibles pour aboutir à une paix durable".
Dans le premier atelier de travail, est traité la place privilégiée que les ONG ont sur le terrain, en vertu de leur capacité d’alerte quand une crise est en train de dégénérer en guerre, et de médiation entre les acteurs du conflit. La question des limites (morales et matérielles) des actions des ONG dans une situation de conflit est aussi abordée.
Le deuxième atelier recueille les différentes positions des ONG françaises à l’égard de la question de la prévention des conflits : certaines d’entre elles pensent que l’action préventive doit être ponctuelle, d’autres estiment que la promotion des droits de l’homme, de la démocratie et de la lutte contre l’impunité entrent dans le champ de la prévention. Ils arrivent à la conclusion que la distinction entre ONG humanitaires (spécialisées dans les situations d’urgence) et ONG qui se consacrent aux activités de développement est toujours plus atténuée : il existe des ONG de développement élargissant leurs activités à la gestion du conflit dans l’urgence et des ONG d’urgences entreprenant des actions considérées comme des opérations de développement.
Le troisième atelier analyse les mécanismes de coopération entre les différentes ONG travaillant sur le même terrain et pouvant ainsi rendre plus efficace leur action, entre ONG et acteurs intergouvernementaux ainsi qu’entre ONG et acteurs locaux.
Le dernier atelier contient une réflexion sur le fondement identitaire des ONG et sur l’évolution de leurs actions au cours des années. Les actions des ONG se sont diversifiées et puisqu’elles ont davantage besoin de moyens financiers, sont devenues plus médiatisées et dépendantes des subventions gouvernementales ou européennes. Elles arrivent également à introduire une nouvelle dimension, celle de la "responsabilité humanitaire", dans leurs discours et leurs actions.
Commentaire
Cet ouvrage nous amène à comprendre l’importance de la diplomatie préventive pour promouvoir un dialogue et éventuellement pour résoudre un conflit violent de manière non-violente. Il nous montre aussi que la diplomatie préventive, généralement considérée comme une tâche réservée aux gouvernements, est devenue, depuis la moitié des années quatre-vingt, un important domaine d’actions pour les organisations non gouvernementales.
Afin de parvenir à une paix durable, l’apport des organisations humanitaires est fondamental : en connaissant le terrain et les acteurs locaux, elles peuvent dans certains cas mieux que la diplomatie traditionnelle, jouer un rôle de médiateur. Elles n’imposent pas la paix, mais elles cherchent à renforcer la coopération entre les différents acteurs qui peuvent contribuer au processus de paix.
Les acteurs qui, par leurs différentes compétences, peuvent contribuer à l’établissement du dialogue et de la paix sont nombreux : les gouvernements, les organisations intergouvernementales, les ONG, la société civile. Ils devraient mieux cordonner leurs actions afin de poursuivre plus efficacement leur but commun.
Ce document ne se veut pas un éloge des actions des ONG mais, en recueillant leurs expériences dans des situations conflictuelles, il en souligne les atouts comme les faiblesses et les échecs. Sa valeur réside dans la création d’un espace de réflexion, de capitalisation des expériences des ONG dans le domaine de la prévention des conflits, en vue d’améliorer leur action et leur coordination dans le futur.