Mauro Pirini, Berlin, July 2009
Pratiquer ensemble la paix. Matériels didactiques pour l’éducation à la paix et « Global Learning » à l’école.
Pratiquer ensemble la paix ne signifie pas transmettre des solutions faites, mais poursuivre un engagement participatif et partagé pour la paix basé sur un processus d’apprentissage coopératif.
Ref.: Réf.: Gugel, Günther et Jäger, Uli, Frieden gemeinsam üben. Didaktische Materialien für Friedenerziehung und Globales Lernen in der Schule (Pratiquer ensemble la paix. Matériels didactiques pour l’éducation à la paix et « Global Lerning » dans l’école, Institut für Friedenspädagogik Tübingen e.V./Weltfriedensdienst e.V.
Languages: German
Document type:
L’ouvrage est une publication de l’Institut pour l’éducation à la paix de Tubinga, en Allemagne. Elle a été conçue et réalisée comme soutien à un projet international pour l’éducation à la paix des adolescents. Lancé en 2006 sous l’intitulé « Peace-Xchange », le projet est promu par l’association Weltfriedendienst.
La première partie du livre est une introduction à la pensée et à l’action pédagogique au service de la paix ; elle s’inspire des idées de Hans Kung, fondateur du projet « weltethos » et du concept d’« hexagone civilisateur » du chercheur Dieter Senghaas.
Selon l’institut de Tubinga, une éducation à la « paix praticable » comprend trois éléments cléfs :
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1. Le transfert des compétences sur la paix : les causes de la paix et de la guerre, la conscience des ses capacités et possibilités, les principes et les présupposés sociaux et internationaux de la paix.
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2. L’acquisition et la diffusion des capacités à agir pacifiquement : capacité à trouver des solutions et à gérer des conflits individuellement, développement des forces personnelles et de la confiance en soi.
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3. L’apprentissage et la préparation de l’action politique et autonome pacifique : influencer les décisions et les développements politiques au niveau municipal, étatique ou international, capacités d’action transnationales.
Au centre de la pédagogie de la paix, on retrouve : la nécessité de la confrontation avec les phénomènes liés aux conflits et à la violence. La pédagogie à la paix doit se reporter à l’armée, à la guerre (de la réflexion critique sur les mythes nationaux jusqu’à l’élaboration des traumatismes dus à la violence et à la guerre), au dépassement des préjugés et à la création des ennemis, au développement de la tolérance et des compétences inter-culturelles (notamment en situations de conflits etnico-politique). De plus la pédagogie à la paix est liée à la participation démocratique, à l’analyse et aux capacités d’utilisation des nouveaux médias.
L’ouvrage synthétise ainsi les fondamentaux de l’éducation à la paix : le lien entre les systèmes micro, macro, l’approche holistique, la capacité de savoir changer de point de vue, la différentiation entre les divers concepts de paix, une idée critique de violence, la capacité de penser avec des alternatives, la capacité à l’auto-réflexion, l’élaboration de visions et de nouvelles perspectives pour le futur, la non violence, une perspective de long terme, une capacité à relativiser selon le contexte et la situation, la cohérence entre les moyens, les méthodes et les objectifs.
Les auteurs prennent ensuite en considération les pratiques du « global learning » comme concept éducatif. Le global learning est un concept qui s’est développé dans les derniers années notamment dans les projets de développement liés à l’alphabétisation et à l’acculturation. Ce concept fait référence à une éducation en mesure de dépasser les intérêts nationaux, de comprendre les développements sociaux et politiques globaux, de développer des compétences pédagogiques.
Les nouveaux objectifs consistent à fournir une vision globale, à développer l’individu pour qu’il soit conscient de l’influence exercée par des événements lointains et, enfin, la destruction des stéréotypes et des préjugés. Le global learning a pour ambition de développer un processus d’apprentissage participatif destiné à durer toute la vie.
Une partie importante de l’éducation globale à la paix se base sur la sécurité internationale et sur la cohabitation civile. L’acquisition de nouveaux langages ainsi que de nouvelles compétences sociales plus adéquates au monde globalisé font aussi partie du « gloabl learning ».
Dans des sections spécifiques dédiées à la violence, à la guerre, aux conflits et à la paix, les auteurs présentent des instruments didactiques et une réflexion pour se rapprocher de l’étude des causes qui conduisent à surenchère des conflits, à la guerre et à la violence.
Chaque section est divisée en deux parties : connaissances et réflexions méthodiques et didactiques.
La partie dédiée aux connaissances a pour finalité d’introduire le thème. La deuxième a pour but de sensibiliser et de contribuer au développement d’une vision critique. Dans la deuxième partie, les auteurs présentent aussi des conseils pour un cours dans les écoles en utilisant le matériel didactique proposé. Le livre est enrichi par 67 fiches didactiques et méthodologiques. À titre d’exemple, une des fiches propose un exercice dans lequel on invite les étudiants à franchir une ligne tracée par terre, dans le cas où on seraient victime d’une violence. Dans cet exercice sont présentées des hypothèses : par exemple celles d’avoir été obligé d’abandonner sa maison, ou d’avoir été frappé ou menacé… la fiche invite ensuite à écrire des brèves histoires basées sur ses propres expériences de violence.
Un autre exemple de fiche didactique relative à la section sur les conflits présente des images. Les étudiants sont invités à écrire des histories et à donner des titres aux images en favorisant ainsi un processus d’identification.
Beaucoup d’autres fiches, notamment celles de la section paix, sont très intéressantes et faciles à utiliser. Par exemple une fiche de la section paix, dans laquelle est demandé d’écrire une lettre à une fille que lors des on quinzième anniversaire a décidé de se suicider et dont un cahier secret à été retrouvé ensuite…
Après avoir démontré l’importance du théâtre, du sport et de la musique comme moyens d’expression et de réconciliation, les auteurs proposent des sortes des « bonnes pratiques » internationales (avec nombreux contributions de l’Afrique et de l’Amérique latine).
Commentary
Le livre est très intéressant tant sur le plan théorique que pratique, car il est en mesure de transmettre de façon synthétique aux formateurs et aux étudiants de façon participative, des thèmes d’histoire et des théories. On retrouve facilement dans l’ouvrage des suggestions sur la façon de traiter des thèmes très difficiles, comme la guerre et la violence.
Il est claire que souvent quand on a été victime de violence, la mise en pratique des exercices proposés peut résulter difficile car les complexes de culpabilité et la honte peuvent survenir.
Une dernière observation concerne l’utilisation de la musique, du théâtre et du sport comme des moyens de pacification et d’éducation à la paix : souvent ces moyens sont utilisés pour mettre les jeunes en compétition. Au foot par exemple, une plus grande conscience pédagogique et une approche éthique différente pourraient sûrement aider à créer des conditions plus favorables à la paix ainsi que, un jour, des adultes davantage prêts au dialogue.