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Bianca Zanardi, Paris, July 2009

Politique et religion aux Etats-Unis

Camille Froidevaux-Metterie nous parle de deux forces contradictoires qui coexistent aux Etats-Unis : un esprit de religion que l’on peut ramener à la volonté de placer l’ordre civil sous tutelle chrétienne, et un esprit de laïcité qui tend à l’inverse à cantonner la religion dans la sphère privée.

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Ref.: Camille FROIDEVAUX-METTERIE,Politique et Religion aux Etats-Unis, Ed. LA DECOUVERTE (2009).

Languages: French

Document type: 

Au cours de l’histoire, ces deux forces ont alterné par vagues successives, sans que jamais l’édifice laïque ne soit véritablement menacé. La synthèse a longtemps été assurée par la notion de « religion civile » qui associe l’idéal libéral et parrainage divin de la nation en une sorte de credo civil commun.

Première partie : une nation divinement inspirée

Après la première vague de peuplement conduite en Virginie à partir de 1609 par des Anglais désireux surtout de trouver fortune, les vagues suivantes sont le fait de calvinistes radicaux. Les colons de la Nouvelle-Angleterre développent le projet d’une Cité de Dieu sur terre, une Nouvelle Jérusalem qui s’offrira en modèle à l’humanité tout entière. Rien n’est donc plus faux que de faire remonter le principe de la tolérance religieuse, et son corrélat pluraliste, aux origines pré-révolutionnaires de la nation américaine. Les colonies ne sont pas pensées comme des asiles ouverts à tous, mais comme des communautés de personnes soigneusement sélectionnées pour leur rectitude morale.

Cependant, le conservatisme social qu’impliquait la théologie calvinienne cède face au dynamisme d’une économie en plein essor. Or, à partir du moment où l’on délie la gestion des affaires temporelles de toute dépendance à l’égard du divin, les affaires spirituelles ne peuvent plus être conçues que comme pleinement autonomes elles aussi : c’est l’affirmation de la liberté religieuse dans les colonies.

Deuxième partie : droite et gauches religieuses sur la scène politique américaine

La révolution culturelle des années 1960 marque l’entrée dans une ère de radicalisation des positions éthico religieuses ; deux camps vont désormais se faire face, l’un défend les valeurs libérales de l’humanisme séculier, l’autre lutte pour préserver le corpus moral du christianisme : la droite chrétienne fait son entrée sur la scène politique américaine en s’imposant au sein du parti républicain.

Les cartes du jeu politico-religieux ont récemment été mélangées. Dans le camp conservateur, une nouvelle génération s’impose, qui se différencie de l’ancienne autant par ses méthodes que par les revendications qu’elle porte sur la scène politique. Dans le camp libéral ensuite, on assiste à cet étrange phénomène d’un parti démocrate qui se souvient soudainement que la religion est une variable qui compte : face à l’évidente importance de l’évangélisme dans l’administration Bush, certains démocrates commencent à regretter la répugnance des leaders du parti à évoquer publiquement la foi et la religion.

Ainsi, en 2008, tous les observateurs s’accordent à dire que le parti républicain a cessé d’être le pôle politique de prédilection de l’électorat religieux.

Troisième partie : la religion civile américaine

Aux Etats-Unis, le système politique s’est toujours accommodé de la manifestation publique d’une certaine religiosité ; autrement dit, la laïcité à l’américaine n’a jamais été incompatible avec l’existence d’une « religion civile ». Nous sommes face à une proposition inédite, fort éloignée de nos référents en la matière, celle d’un Etat constitutionnellement laïque mais culturellement empreint de religiosité et constamment traversé par la revendication d’une imprégnation religieuse de la sphère publique. Loin d’être le signe d’une quelconque collusion des affaires spirituelles et temporelles, la religion civile américaine accomplit la synthèse nécessaire au maintien de l’ordre politique américain dans l’orbite.

Commentary

L’ouvrage présente la politique américaine comme un succédé des périodes de religiosité et d’autres de laïcité. C’est à partir de ce dualisme que s’établit le délicat équilibre du pays.

L’auteur présente des nombreux exemples en partant d’épisodes des pères fondateurs jusqu’aux sentences de la cour suprême. Très intéressant également et à souligner est le passage du livre dédié à la « foi active » de Barack Obama, premier candidat démocrate, après Jimmy Carter (1977) à s’ouvrir à l’électoral religieux.