Mauro Pirini, Paris, April 2009
Perspectives mondiales de la diversité biologique
En 2002 la convention sur la diversité biologique (CDB) s’est fixé l’objectif de réduire le taux de l’érosion de la biodiversité avant 2010. Cet objectif engage les parties à la Convention sur la diversité biologique à parvenir, d’ici 2010, à un ralentissement sensible du rythme actuel d’appauvrissement de la diversité biologique aux niveaux mondial, régional et national.
Ref.: Secretariat of the Convention on Biological Diversity (2006) Global Biodiversity Outlook 2. Montreal, 81 + vii pages
Languages: fr,anglais,espagnol
Document type:
« Perspectives mondiales de la diversité biologique » est un document de la Convention pour la diversité biologique (CBD) et il a pour objectif de fournir des informations de base sur l’état actuel et les tendances futures relatives à la biodiversité.
Il nous montre les efforts faits et les actions à entreprendre au niveau international et multinational pour la préservation de la biodiversité et pour la lutte contre la réduction de la diversité biologique.
La Convention définit trois objectifs tout aussi importants et complémentaires :
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La conservation de la diversité biologique ;
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L’utilisation durable de ses éléments ;
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Le partage juste et équitable des avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques.
L’adhésion à la Convention est pratiquement universelle, ce qui montre bien que l’humanité est parfaitement consciente de la nécessité de collaborer pour garantir le maintien de la vie sur Terre.
Le document nous offre une réponse aux diverses interrogations sur la diversité biologique (ou biodiversité) et sur sa signification pour l’humanité ainsi que sur les interactions entre les êtres vivants et les autres écosystèmes.
Les préoccupations suscitées par l’appauvrissement de la diversité biologique et la reconnaissance de sa contribution importante à l’existence des humains sont à l’origine de l’adoption, en 1992, de la Convention sur la diversité biologique, un traité de portée mondiale et juridiquement contraignant.
En 2002, la Conférence des Parties à la Convention a adopté un Plan stratégique dont la mission était de « parvenir d’ici 2010 à une réduction importante du rythme actuel de l’appauvrissement de la diversité biologique aux niveaux mondial, régional et national à titre de contribution à l’atténuation de la pauvreté et au profit de toutes les formes de vie sur la planète ».
L’objectif de 2010 a été ultérieurement approuvé par les chefs d’État et de gouvernement lors du Sommet mondial pour le développement durable, tenu à Johannesburg, en Afrique du Sud. Récemment, les dirigeants réunis au Sommet mondial des Nations Unies de 2005 ont réitéré leur volonté d’atteindre cet objectif.
I. Les objectifs et les indicateurs
Afin d’évaluer les progrès accomplis dans la poursuite de l’objectif de 2010 relatif à la diversité biologique, la Conférence des Parties a fixé des buts et objectifs transitoires et identifié des indicateurs permettant d’évaluer l’état de la diversité biologique et ses tendances. La deuxième édition des Perspectives mondiales de la diversité biologique exploite ces indicateurs et objectifs pour dégager les tendances actuelles en matière de diversité biologique ainsi que les possibilités d’atteindre l’objectif de 2010.
Parmi ces indicateurs qui représentent également les objectifs pour 2010 on retrouve :
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La réduction de perte de la biodiversité biologique ;
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La conservation de l’intégrité des écosystèmes et des services qu’ils fournissent à l’humanité ;
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La promotion d’une utilisation soutenable des ressources ;
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La protection des connaissances traditionnelles des innovations et des pratiques ;
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L’assurance à l’accès et à la distributions ;
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La mobilisation des ressources techniques et financières, particulièrement dans les pays en voie de développement pour l’implémentation de la convention et du plan stratégique.
La deuxième édition des Perspectives mondiales de la diversité biologique s’appuie sur une série d’indicateurs mondiaux élaborés au titre de la Convention ainsi que sur les conclusions de l’Évaluation des écosystèmes pour le Millénaire, pour montrer que la diversité biologique continue de s’appauvrir et que cette évolution peut compromettre la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement.
Les Perspectives mondiales de la diversité biologique montrent également que d’importants progrès ont été faits dans la mise au point de politiques et de moyens permettant d’appliquer la Convention mais qu’au niveau national, leur mise en oeuvre demeure à ce jour limitée.
L’ampleur du défi est confirmée par la conclusion de l’évaluation selon laquelle des mesures sans précédent seront nécessaires pour atteindre l’objectif de 2010 relatif à la diversité biologique aux niveaux mondial, régional et national.
II. Un bilan préoccupant
Depuis l’année 2000 plus des 6 millions d’hectares de foret dans le monde ont été perdues. Cela aura des conséquences néfastes sur la biodiversité et de la déforestation.
Les écosystèmes maritimes et côtiers ont été transformés en profondeur par les activités de l’homme. Le nombre d’exemplaires de nombreuses espèces des mammifères, oiseux, et poissons a progressivement diminué depuis 1970. Entre le 12 % et le 52 % des espèces connues sont menacées d’extinction.
Il émerge clairement du rapport que, même si des réponses spécifiques, comme la création des zones protégées ou des politiques contre la pollution, peuvent contribuer à inverser cette tendance négative, la biodiversité est en déclin à tous les niveaux et à toutes les échelles géographiques.
Les populations rurales pauvres sont celles qui souffrent le plus des conséquences de la perte des biodiversités car elles dépendent plus directement des services que leur sont fournies par les écosystèmes.
Lorsque l’on se penche sur les quatre buts du plan stratégique, il devient évident que des mesures additionnelles doivent être prises sans tarder.
C’est au niveau national qu’il faut veiller à assurer l’application de la Convention, car c’est à ce niveau en effet qu’il est possible d’obtenir des résultats tangibles dans le domaine de la diversité biologique.
Il y a une mesure qui semble particulièrement essentielle, à savoir celle qui consiste à faire sortir la diversité biologique du champ de l’environnement entendu au sens strict du terme et à l’intégrer à tous les plans et politiques sectoriels pertinents (buts 3 et 1 du Plan stratégique).
Cette intégration pourrait non seulement aboutir à la réduction des impacts directs sur la diversité biologique au fur et à mesure que les secteurs économiques modifieraient leurs activités, mais elle aurait également pour effet de sensibiliser davantage le grand public à l’importance que revêt la diversité biologique (but n°4).
Une meilleure compréhension de l’utilité de la diversité biologique peut aboutir à une plus grande volonté politique de changer les choses et de mobiliser les ressources additionnelles nécessaires (but n°2), si l’on veut réellement progresser.
L’étude des tendances actuelles en matière de diversité biologique (chapitre 2) montre que, d’après les principaux indicateurs retenus, l’appauvrissement de la diversité biologique se poursuit.
L’analyse de l’état d’avancement de l’application de la Convention (chapitre 3) montre que, si des progrès sont évidents dans certains domaines, des mesures additionnelles doivent être prises d’urgence au niveau national.
III. Un agenda pour le multilatéralisme et les Etats nationaux
Cinq mesures clés sont identifiées :
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Premièrement, toutes les Parties signataires de la Convention devraient élaborer des stratégies et plans d’action nationaux détaillés concernant la diversité biologique fixant les objectifs nationaux pour 2010, conformément à leurs engagements .
L’incorporation d’objectifs aux stratégies et plans d’action nationaux devrait faire partie d’un processus d’examen permanent grâce auquel ces instruments seraient régulièrement mis à jour pour tenir compte des dernières orientations de la Conférence des Parties et de l’évolution des réalités nationales. Les objectifs nationaux devraient être clairs, de préférence quantifiables. Ces objectifs permettront d’orienter et de dynamiser les initiatives des pays en matière de conservation et d’utilisation durable de la diversité biologique et de procéder à une évaluation objective des progrès faits dans le cadre des stratégies et plans d’action.
Des objectifs clairs sont également indispensables pour assurer la participation des citoyens, car on disposerait ce faisant non seulement d’un moyen convaincant pour faire passer des messages compliqués mais aussi d’un engagement dont les gouvernements pourraient être comptables et qui permettrait aux parties prenantes de s’y référer pour concevoir des mesures concertées.
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Deuxièmement, toutes les Parties devraient veiller à ce que les stratégies et plans d’action nationaux soient mis en oeuvre et ne demeurent pas tout simplement de bonnes idées sur papier. Traduire dans les faits les stratégies et plans d’action suppose l’élaboration de politiques appropriées, l’application de mesures législatives et la mise en oeuvre de mesures concrètes sur le terrain.
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Troisièmement, toutes les Parties devraient assurer la prise en compte des préoccupations suscitées par la diversité biologique par d’autres secteurs que celui de l’environnement, en les intégrant aux politiques, stratégies et programmes nationaux concernant le commerce, l’agriculture, la foresterie et les pêches, entre autres.
Les questions de diversité biologique doivent aussi être intégrées à la planification du développement des pays, notamment par le biais de stratégies tendant à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement et de stratégies d’atténuation de la pauvreté.
Des concertations interministérielles plus nombreuses seront une approche parmi d’autres revêtant une importance cruciale pour assurer la prise en compte de la diversité biologique par l’ensemble des secteurs économiques et permettre ainsi aux gouvernements de concevoir des plans intégrés, des réglementations et des mesures d’incitation.
Des moyens concrets existent aujourd’hui dans le cadre de la Convention pour aider les Parties à faire de la diversité biologique un élément de la planification nationale. L’approche par écosystème, à condition qu’elle soit appliquée systématiquement, devrait conduire à une gestion intégrée des ressources nationales. En suivant les directives disponibles sur la prise en compte de la diversité biologique par les évaluations d’impact sur l’environnement et par les approches régissant les évaluations stratégiques de l’environnement, on peut assurer un développement national économiquement durable, socialement juste et écologiquement durable.
L’adoption de mesures d’incitation positives pour la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique et l’élimination des mesures d’incitation négatives encourageant la surexploitation et la dégradation des écosystèmes favoriseront encore la prise en compte des questions de diversité biologique par les secteurs économiques intéressés.
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Quatrièmement, les Parties doivent veiller à pouvoir disposer de ressources humaines, financières, techniques et technologiques suffisantes pour mettre en oeuvre leurs stratégies et plans d’action nationaux en matière de diversité biologique. Comme cela est indiqué au chapitre 3, la mobilisation de ressources financières contraindra de plus en plus les Parties à intégrer les préoccupations suscitées par la diversité biologique à la planification du développement au moyen de fonds dégagés au titre des stratégies nationales d’atténuation de la pauvreté et du développement durable.
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Enfin, les Parties devraient favoriser une plus grande prise de conscience de l’importance de la diversité biologique et une plus grande sensibilisation aux mesures nationales adoptées au titre de la Convention pour sa conservation et son utilisation durable et équitable.
Commentary
Avoir suscité un débat et avoir démontré l’efficacité des actions à entreprendre est déjà un signe de l’impact sur les décideurs politiques de l’importance de la défense de la biodiversité.
Mais est-ce que l’information scientifique et cette prise de conscience pourraient se traduire en des réponses et des actions concrètes ?
Pourquoi ne pas intégrer des considérations relatives à la biodiversité dans les politiques industrielles ?
Dans le rapport nous ne retrouvons pas des considérations de politique internationale concernant la perte de la biodiversité. Malgré le fait qu’un lien soit tissé entre la conservation de la biodiversité et la pauvreté des populations rurales, le rapport ne prenne pas en considération les conséquences des guerres ou de l’utilisation des armes non conventionnelles sur les écosystèmes sur une échelle locale et régionale. Est-ce que ces effets sont de faible importance statistique et scientifique ? il existe ou pas un consensus sur ces thèmes au sein de la communauté scientifique ?.. Il serait intéressant d’avoir plus d’informations sur ces aspects.
Notes
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Fiche traduite de l’italien par Simone Giovetti.