Larbi Bouguerra, La Corniche, Bizerte, décembre 2007
Corruption généralisée et vols à tous les niveaux en Irak
Le vol et la corruption affectent même le domaine de l’eau dans l’Irak bouleversé et chancelant sous les coups de butoir incessants de la guerre.
Réf. : Damien Cave, « Nonstop theft and bribery stagger Iraq », New York Times, 02 décembre 2007.
Langues : anglais
Les chômeurs déboursent jusqu’à 500 dollars US pour se faire embaucher comme policiers. On construit illégalement sur des terres appartenant au domaine public et, pour laver les voitures, on vole l’eau directement des conduites du réseau public.
Une analyse récente conduite par un organisme berlinois indépendant qui publie un index annuel – Transparency International - met l’Irak au troisième rang des pays les plus corrompus, juste après la Somalie et la Birmanie (Myanmar).
Une série d’interviews conduites à travers toute la capitale montre que les Irakiens sont affectés par le vol – très répandu et à grande échelle - tant sur le plan moral qu’émotionnel.
Le Coran condamne on ne peut plus clairement le vol et la corruption. Pour l’Irakien moyen, le saccage qui s’est produit immédiatement après la chute de Saddam Hussein est une honte mais la période actuelle où tout va à l’avenant est particulièrement pénible et dure car personne ne peut éviter d’être éclaboussé ou souillé par les pratiques non éthiques.
Ainsi, Abbas Wadi Kadhim, qui a 42 ans, utilise un bruyant compresseur pour tirer de l’eau des conduites abîmées du réseau urbain. Il peut ainsi gagner son pain quotidien en lavant des voitures.
M. Kadhim reconnaît qu’il ne paye pas cette eau comme il admet qu’il ne paye pas de loyer pour le local abandonné où il exerce son activité et qui appartient à l’Etat.
Il est d’avis que l’Etat lui doit bien ce service car il a été en prison sous le régime de Saddam Hussein et il a été, en outre, gravement blessé à l’avant bras gauche et au poignet lors de la guerre contre l’Iran. Il doit par ailleurs, subvenir aux besoins de six enfants mais il ne touche que 120 dollars par mois au titre de sa pension d’invalidité. Ce qui est bien insuffisant.
Commentaire
Ce récit prouve une fois de plus que le service de l’eau ne saurait se faire en absence de la structure étatique et sans le respect des règles du vivre–ensemble qui doivent prévaloir au sein de toute communauté.
Se servir directement sur le réseau d’eau fait gravement baisser la pression le long des canalisations et prive pratiquement ainsi du précieux liquide les habitations en aval.
Pourtant, la capitale irakienne ne manque pas d’eau car le Tigre la traverse et un certain nombre de barrages ont été élevés pour l’approvisionner. Mais la guerre est passée par là avec son cortège funeste de destructions matérielles et morales. L’effondrement de l’administration, les attaques contre les intellectuels et les techniciens plus les vols et la corruption ont fait que la ville souffre aujourd’hui de la soif et héberge même le vibrion cholérique alors qu’elle était, il n’y a pas si longtemps, une des villes les plus modernes du Moyen-Orient !
Seule la paix – à l’ombre de l’Etat de droit - permettra aux habitants de la capitale irakienne d’avoir un accès sûr à une eau courante et saine.