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, Paris, November 2007

La reconstruction de l’Irak n’a pas atteint les buts fixés

Les efforts américains pour reconstruire l’Irak vont d’un échec à l’autre. La fourniture d’eau et d’électricité demeure insuffisante. Pour le grand journal The New York Times, le cas d’un barrage sur le Tigre qui menace d’inonder la ville de Mossoul le démontre amplement l’inanité des efforts américains.

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Ref.: James Glanz, « In report to Congress, oversight officials say Iraqi rebuilding falls short of goals », The New York Times, le 31 octobre 2007.

Languages: English

Document type: 

Plus de cent milliards de dollars ont été consacrés à la reconstruction de l’Irak grâce d’une part, à des fonds provenant des impôts payés par les Américains et grâce d’autre part, aux revenus du pétrole irakien. Mais, après cinq ans de guerre, les résultats, notamment dans les domaines critiques de l’eau et de l’électricité restent en deçà des buts fixés par les Américains, selon un rapport présenté au Congrès, le mardi 30 octobre 2007, par des inspecteurs fédéraux (Bureau de l’Inspecteur Général pour la Reconstruction de l’Irak).

Grâce à de nouveaux générateurs et étant donné l’amélioration de la sécurité, le réseau électrique a enregistré un léger mieux mais reste en dessous des attentes.

Le témoignage de Stuart W. Bowen Jr, directeur du Bureau de l’Inspecteur Général pour la Reconstruction de l’Irak, devant le Congrès, montre que des échecs désastreux ont à maintes reprises empêché les efforts de reconstruction d’aller à leur terme. Un projet visant à réparer le barrage dangereux et mal conçu sur le Tigre, au nord de la ville de Mossoul, a englouti 27 millions de dollars en pure perte.

Le Corps des Ingénieurs de l’Armée avait la charge et la responsabilité de surveiller l’entreprise chargée des travaux de réparation du barrage. Celle-ci devait construire un ouvrage gigantesque pour colmater les brèches et les fissures dans le sol. Mais l’impossible se produisit : l’entreprise construisit un ouvrage différent qui ne fit pas disparaître ni les fissures ni les brèches. D’après les services de M. Bowen, le personnel chargé par le Corps des Ingénieurs de l’Armée ne releva point cette « erreur ». Les problèmes que posent le barrage sont si sévères que l’ambassadeur américain à Bagdad et le commandant en chef des troupes américaines en Irak ont averti que l’ouvrage risquait de céder à tout moment et d’engloutir la ville de Mossoul. Ce barrage – le plus important du pays- a été érigé sous le régime de Saddam Hussein dans les années 1980. Il a été élevé sur un sol poreux et soluble dans l’eau. C’est ainsi que d’énormes cavités se sont formées sous l’ouvrage et risquent d’en provoquer l’effondrement.

Les ingénieurs irakiens ont longtemps essayé de résoudre le problème en injectant régulièrement de grandes quantités d’enduit de jointement pour sceller les cavités créées dans le sol. De leur côté, les Etats-Unis ont passé des contrats avec de nombreuses firmes pour construire d’énormes usines de mélanges spéciaux pour boucher ces trous importants. Mais, ces firmes, disent les services de M. Bowen, pour des raisons inconnues, ont plutôt construit des cimenteries qui, du reste, n’ont jamais fonctionné.

Il en résulte que les Irakiens demeurent confrontés à un très gros problème.

Commentary

Les difficultés que créent les barrages sont nombreuses et bien connues tant sur le plan environnemental que humain. Dans le cas présent, on est face à une énorme difficulté supplémentaire – rarissime, il est vrai, car seul un régime despotique permet ce type d’erreurs - du fait du mauvais emplacement de l’ouvrage sur un sol meuble.

Outre la catastrophe que pourrait provoquer ce barrage sur le Tigre s’il s’effondrait et inonderait la troisième ville du pays, le problème est aussi la fourniture de l’eau à la population de Mossoul et de ses environs et l’irrigation pour l’agriculture qui constituent un sérieux défi aux Américains et au pouvoir en place à Bagdad.

L’effondrement des barrages n’est pas une vue de l’esprit et des tragédies ont eu lieu : le 28 avril 1895, la France a été le théâtre du terrible drame du barrage de Bouzey, près d’Epinal. Les villages de Bouzey et de Sanchey perdirent le cinquième de leurs habitants. En 1959, le barrage de Malpasset, sur le Reynan, au dessus de Fréjus céda entraînant la mort de 400 personnes. Il y a eu pire en Chine quand, en 1975, un barrage céda dans la province du Hunan provoquant la noyade de 20 000 personnes.

Pour les Américains, le cas de ce barrage sur le Tigre est une véritable menace pour la paix d’une part et pour la sécurité de leurs troupes et la fiabilité de leurs experts et de leurs entreprises d’autre part, car, si à Dieu ne plaise, un malheur se produisait, les Irakiens accuseraient les Etats-Unis de n’avoir rien fait de sérieux pour l’éviter et qu’ils ne sont pas à la hauteur.. oubliant du coup les responsabilités premières du régime de Saddam dans la survenue du drame. Il est vrai que les Américains ont en charge maintenant ce pays qu’ils occupent.