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Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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, La Corniche Bizerte, août 2007

Atteindre les objectifs de développement du Millenium : le rôle de l’eau.

Le 20 juin 2007 s’est tenue à Bruxelles une réunion portant sur « la crise mondiale de l’eau », organisée conjointement par European Policy Summit, les Amis de l’Europe et l’European Water Partnership. Dans le texte qui suit, les conférenciers examinent l’importance de la question de l’eau pour la santé de la communauté internationale. Ce qui n’est pas sans conséquence pour la paix entre les hommes.

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Réf. : Martin Banks, « The world’s water crisis. Turning the tide. Policies for the future”, publié par Giles Merritt, 2007, Bibliothèque Solvay, Bruxelles.

Langues : anglais

Type de document : 

D’ici une décennie, les nations devraient avoir tenues les promesses des Objectifs de Développement du Millenium (ODM). S’agissant de l’eau, cela signifie diviser par deux le chiffre de la population n’ayant pas accès à une alimentation en eau potable abordable et à de l’assainissement en 2015. Entre 1990 et 2000, l’accès à l’eau potable dans les PVD a cru de 73 % mais il reste beaucoup à faire. Les progrès sont particulièrement lents en Afrique subsaharienne et, dans la plupart des PVD, l’assainissement est en retard. Pour Uschi Eid, parlementaire allemand et conseiller pour la question de l’eau du Secrétaire Général des Nations Unies, « l’eau est la Vie.. et elle est essentielle s’agissant de la nutrition, de l’éducation, de l’éradication de la pauvreté et des ODM en relation avec l’environnement ». Eid croit qu’en dépit des difficultés, l’Europe « est sur la bonne voie » pour atteindre les ODM. Quant à la Chine et à l’Inde, elles font de leur mieux. En vérité, des avancées ont été réalisées : ainsi, fin 2002, près de 83 % de la population mondiale avait accès à une eau potable de meilleure qualité et le pourcentage de la population mondiale bénéficiant d’installations sanitaires améliorées est passé de 49 % en 1990 à 58 % en 2002.

Néanmoins, le but des ODM – assurer qu’en 2025 tous les terriens auront ces services de base - paraît de plus en plus hors d’atteinte. Il en résulte que la communauté internationale et les gouvernements nationaux devraient intensifier leurs efforts. Un récent rapport du comité consultatif sur l’eau et l’assainissement auprès du Secrétaire Général des N.U. affirme que le monde n’est pas sur la voie pour atteindre le but « assainissement » sur trois aspects :

  • promotion de l’hygiène ;

  • installations sanitaires au foyer ;

  • traitement des eaux usées.

Des améliorations urgentes dans la gestion de l’eau usée et de l’assainissement sont nécessaires pour faire des ODM une réalité.

Pour Peter Wilderer, directeur de l’Institut des Etudes Avancées sur la Durabilité, ceci revient au raccordement à l’eau potable de 200 000 personnes et à l’installation d’unités d’assainissement des eaux usées pour 900 000 personnes par jour pour les dix prochaines années. A moins que des concepts de planification, de réalisation, d’opération et de contrôle ne soient développés et introduits partout dans le monde, il semble peu probable que les très importants investissements nécessaires pour atteindre les ODM soient trouvés.

Quant à Friedrich Barth, vice – président de l’European Water Partnership (EWP) et directeur pour l’environnement de l’Institut pour la Communication Organisationnelle, il est d’avis que « il y a assez d’argent autour de nous mais jeter uniquement de l’argent à la face du problème pour le résoudre n’est pas la solution ». La question essentielle n’est pas la signification de l’échec à atteindre les ODM en liaison avec l’eau mais il s’agit de savoir si nous voulons et si nous serons capables de mobiliser les moyens pour parvenir à la réalisation de ces Objectifs.

Le lien entre la sécurité dans le domaine de l’eau et le développement humain est illustré par l’impact de l’accès à l’eau pour la santé humaine. Celle-ci est inextricablement liée à l’eau potable et à l’assainissement, entre autres. 80 % des maladies dans les PVD ont un rapport à l’eau et provoquent, annuellement 1,7 million de décès. Plus de 3 millions de personnes ont succombé en 2002 à cause d’une affection hydrique ; la majorité des victimes étant des enfants de moins de quatre ans vivant en Afrique ou en Asie du Sud- Est. Selon l’OMS, en Europe, 13 000 enfants de moins de quatorze ans meurent annuellement de ces pathologies hydriques.

Carlos Fernandez-Jauregui, du Programme Eau de l’UNESCO, affirme qu’ {« en dépit du fait qu’en moyenne, il y a assez d’eau disponible dans le monde pour satisfaire aux besoins essentiels de tout un chacun, le nombre de personnes vivant sans eau potable est équivalent à la population de l’Inde… et près de deux personnes sur cinq n’ont pas accès à un assainissement correct : la moitié de ces personnes vit en Inde et en Chine. Un tout petit peu plus du tiers des Asiatiques du Sud disposent actuellement d’un assainissement amélioré et, en Afrique subsaharienne, cette couverture n’est que d’un maigre 36 % ».

Autre inquiétude en matière de santé : l’Asie qui abrite 60 % des humains ne disposent que de 36 % des eaux terrestres alors que l’Amérique latine, avec 6 % de la population du globe, jouit de 36 % des eaux douces de la planète. Cependant, en dépit de cette distribution déséquilibrée, l’accès à l’eau est aujourd’hui considéré comme un droit humain fondamental.

Malgré ce triste tableau, Uschi Eid hésite à admettre que les OMD ne soient pas atteints. L’accès tant à l’eau potable abordable qu’à l’assainissement pour tous est une tâche primordiale pour la communauté internationale. Plutôt que de passer notre temps à nous inquiéter à propos d’un éventuel échec, nous devons bander nos énergies et nous investir dans la recherche des solutions pour y parvenir car « il n’y a tout simplement pas d’autre alternative ».

Les retombées économiques et humaines dues à l’amélioration sur ces plans devraient être substantielles. Et, Jeffrey Sachs, directeur du Projet du millenium des N.U souligne que, si nous échouons présentement, la route est longue, très longue pour arriver, en 3 000, au prochain millénaire.

Commentaire

Les points essentiels ont été mis en exergue même si, à notre humble avis, les questions humaines (qui ne sont pas sans résonance sur la pathologie) n’ont pas eu toute la place qu’elles méritent : les souffrances physiques dues au manque d’eau, les questions de dignité bafouée par cette pénurie et le manque d’équipements sanitaires, le coût humain exorbitant, le calvaire des femmes qui font la corvée d’eau pour la famille… De même, les questions du paludisme, de l’onchocercose, de la bilharziose… n’ont pas été nommément citées.

Il importe de noter que les épidémies (choléra, fièvre typhoïde, gastroentérite…) ne connaissent pas les frontières et que, dans ce monde devenu « village », leur propagation peut être rapide. C’est ici que la solidarité devient une question de bon sens.

S’agissant de la paix, il faut noter que nombreux sont aujourd’hui les émigrés clandestins qui viennent en Europe du fait que la sécheresse et/ou le manque d’eau les ont précipités dans la misère.

Pour préserver la paix mondiale, les OMD doivent être la priorité pour les pays riches car les changements climatiques devraient aggraver la question de l’eau et rendre encore plus difficiles, à l’avenir, sa solution et retenons bien ce que dit à juste titre Eid : il n’y a pas tout simplement pas d’autre alternative.

La paix mondiale est à ce prix.