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En librairie

Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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, Paris, juin 2007

Le Nil n’est pas seulement un fleuve

C’est une voie d’eau qui a nourri la civilisation et permit aux hommes de se connaître et de se rapprocher.

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Réf. : Robert I. Rotberg « The Nile isn’t just a river », Christian Science Monitor, 09 janvier 2003. Recension du livre de Robert Collins «The Nile », Yale University Press, 2002.

Il s’agit de la recension d’un livre consacré au Nil écrit par Robert Collins.

Ce long fleuve qui donne vie à la Basse Egypte commence comme un mince filet d’eau par deux sources qui jaillissent au Burundi et au Rwanda. Il serpente ensuite en faisant des méandres sur 4238miles : c’est le Nil Blanc qui passe à travers les Grands Lacs Equatoriaux. Il se perd ensuite dans des marais difficiles et tortueux puis court rencontrer le Nil Bleu, plus puissant mais plus court qui dévale d’Ethiopie pour donner ensuite ces belles cataractes à travers le désert et avant d’atteindre les rives méditerranéennes.

Durant cinq millénaires, les eaux de l’inondation chargées de nutriments, de vase et de limon ont permis à la civilisation de fleurir et de s’épanouir. Quand l’inondation estivale n’est pas au rendez–vous, le nord du Soudan et toute l’Egypte – classique et moderne - ont horriblement souffert.

Ce livre de Robert Collins établit un lien entre les périodes sombres de l’Egypte dynastique et les succès remportés par les envahisseurs et ces parfois trop longues périodes durant lesquelles le fleuve n’a pas renouvelé l’offrande de ses eaux et de son limon. Ces périodes venaient du changement dans le régime des pluies sur l’Afrique équatoriale et les hauts plateaux éthiopiens et n’étaient pas dues aux manipulations des monarques éthiopiens ou des chefs africains comme l’Egypte l’a toujours craint.

Il y a eu plusieurs tentatives pour mesurer les flots du Nil, pour les apprivoiser efficacement. Depuis des temps immémoriaux, on a essayé de dompter le fleuve avec les premiers petits barrages puis, au début du XXème siècle, avec les ouvrages soudanais. Le Président Gamal Abdel Nasser a élevé le Haut Barrage d’Assouan en 1970 et crée le lac Nasser avec ses 300 miles et son barrage auxiliaire au Soudan, à Roseire ; le but ultime étant de réguler pour toujours le fleuve et lisser les années de basses et de hautes eaux.

Cette belle biographie du fleuve rend bien compte de l’esprit du Nil qui a façonné le climat, la géologie, l’histoire, les peuples, l’économie et la politique de l’Afrique. Collins vagabonde à travers le vaste bassin nilotique de deux millions de miles carrés : les grands et les petits lacs, les affluents de toute taille, les montagnes neigeuses. Il visite les cataractes, les villages, les villes, les métropoles, les stations de pompage. Il décrit son passage à travers le Sudd - un vaste ensemble marécageux avec des lagons et des canaux qui a longtemps défié explorateurs et aventuriers quand ils essayaient de suivre le Nil Blanc au sud dans les régions équatoriales.

Contrairement à l’intuition, la plupart des eaux du Nil viennent de sa branche éthiopienne Bleue et non de sa branche la plus longue et la plus tortueuse :le Nil Blanc.

Le Nil Bleu naît à 9000 pieds et se déverse dans le lac Tana, peu profond. De ses berges constellées par les monastères chrétiens coptes, il creuse un grand arc à travers les digues de lave et les plateaux sableux de l’ouest éthiopien et se fortifie des apports de petits affluents. Il quitte les Hauts Plateaux pour traverser et rafraîchir régulièrement le Soudan.

Collins donne maints renseignements sur le fleuve et la fascination qu’il exerce.

Ainsi, on apprend qu’aussi puissant que puisse être le Nil, il ne livre à la Méditerranée qu’à peine 2 % des eaux de l’Amazone et 15% de celle du Mississippi. Pendant plus de 160 millions d’années, le Nil s’est jeté dans l’Océan Indien et il n’a pris la direction du nord que « récemment », dans des périodes géologiques récentes.

Commentaire

L’intérêt de ce livre vient du fait qu’il démontre le caractère multinational du fleuve et son rôle dans la culture et la civilisation africaines car il a catalysé les échanges et permis la découverte mutuelle des hommes… même s’il y a eu Fachoda, entre les puissances coloniales… emportées par le vent de l’Histoire. Il montre que le Nil est un bien commun, qui doit être géré collectivement et solidairement pour le bien des peuples et le maintien de la paix. C’est vers quoi semblent s’acheminer les neufs Etats – avec l’Initiative du Bassin du Nil basée au Kénya à Nairobi et ses organisations techniques à Kampala en Ouganda - bordant ses rivages aujourd’hui et c’est heureux pour l’Afrique et ses populations.

On peut regretter que l’auteur n’ait pas été d’une parfaite objectivité concernant certaines réalisations sur le Nil et que les cartes et les schémas ne soient pas d’excellente qualité.