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, Paris, June 2007

Colloque international « Eau et Santé ». Hydro-aménagements et bilharzioses : le lit de la maladie.

Les hydro-aménagements en Afrique deviennent le lieu de multiples activités qui favorisent la transmission de maladies liées à l’eau, la bilharziose notamment en Egypte, au Soudan mais aussi au Niger. Ce qui ne va pas sans conflits ou inimités et sans migrations importantes.

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Ref.: Science au Sud, n° 11, septembre- octobre 2001

Comme le paludisme (malaria), la bilharziose est une maladie hydrique transmise par un parasite qui entre dans le corps de la victime quand celle-ci travaille dans l’eau sans chaussures, bottes ou gants, par exemple. Mais le vecteur a besoin d’un mollusque pour accomplir son cycle de vie (hôte intermédiaire). L’effet amplificateur des barrages et des canaux d’irrigation est attesté du Ghana à l’Egypte. Ces équipements augmentent la densité des mollusques qui hébergent le parasite (schistosomes) ainsi que la transmission de la maladie. L’un des cas les plus frappants à cet égard est l’extraordinaire flambée de bilharziose intestinale qui a touché en 1988 la ville de Richard Toll au Sénégal : d’une ampleur rarement observée (en deux ans, la moitié de la population a été contaminée), elle se produisit peu après la mise en eau du barrage de Diama. Auparavant, la bilharziose intestinale ne s’était jamais installée à cette latitude en Afrique de l’Ouest.

Si les retenues d’eau sont propices à la multiplication des mollusques, hôtes intermédiaires, ceci ne suffit pas à expliquer les brutales flambées épidémiques ou des situations d’hyperendémie. Les périmètres irrigués dont la création est souvent associée à des vagues de migration favorisent un contact accru des populations avec les points d’eau. En Afrique, les aménagements hydrauliques ne sont pas seulement utilisés à des fins agricoles, ils deviennent souvent le lieu de multiples activités : pêche, baignades, lessives, jeux des enfants… Une étude menée par une géographe de la santé montre que, dans les quartiers adjacents aux bas–fonds à Daloa en Côte d’Ivoire, la prévalence de la maladie est plus élevée quand la zone irriguée constitue le prolongement de l’espace de vie des habitants que lorsque c’est un lieu de travail dissocié de la zone d’habitation. Des facteurs socio-politiques peuvent également faire le lit de la maladie, selon l’analyse de Pascal Hanschumacher, géographe de la santé à l’IRD, dans une étude sur l’épidémie de Richard Toll : dans cette ville, un fort afflux de population ainsi que des intérêts divergents entre les acteurs économiques et l’Administration ont construit des espaces urbains à risque constituant « une bombe qui n’attendait plus qu’une étincelle », en l’occurrence la mise en eau des barrages sur le fleuve.

Dans ce contexte, comment rendre plus efficaces les programmes de lutte ? Une très forte fréquentation des canaux d’irrigation dans la vallée du Niger réduit la durée de l’efficacité du traitement souligne l’IRD. Pour améliorer le contrôle de l’infection, il faut tenir compte des comportements des gens, en établissant des indices de fréquentation des points d’eau. Plus globalement, « des solutions pragmatiques - comme certains modes de lutte biologique contre le mollusque – doivent être recherchées en étroite concertation avec les populations », souligne Bertrand Sellin, qui depuis plusieurs années étudie les schistomoses à Madagascar. « En attendant la mise au point d’un vaccin ou un développement économique qui réduise durablement le contact de l’homme avec l’eau contaminée, elles peuvent éviter que les diminutions des bilharzioses ne soient qu’artificielles et éphémères ».

Commentary

Le contact avec l’eau contaminée vient du dénuement et du manque d’eau potable.

Les aménagements hydrauliques sont nécessaires pour nourrir la population mais ils servent aussi à faire des cultures de rente destinées à l’exportation (riz, coton…).

La bliharziose est aussi un problème d’éducation car souvent les gens, dans la vallée du Nil – où elle fait des ravages - par exemple, font leurs besoins dans le fleuve ou les canaux d’irrigation. S’ils sont contaminés, le parasite va proliférer. Il est vrai que l’habitat est si rudimentaire que les gens n’ont pas le choix.

Les problèmes socio-économiques et la bureaucratie sont aussi à l’origine du mal ainsi que le manque de concertation.

La lutte contre la bilharziose repose aussi sur l’éducation et l’école a à jouer un rôle clef comme on l’a compris en Egypte. Mais il s’agit d’un combat de très longue haleine. Commencé dès le Révolution de Juillet 1954 avec Nasser, le combat continue car il faut en même temps améliorer le niveau de vie des gens et les soigner, à défaut de les vacciner…

Il faut également consulter les populations, leur donner les moyens d’une vie décente.

Dans le cas du barrage anti-sel de Diama, les irriguants ont été les propriétaires abstentionnistes de Dakar qui avaient les moyens d’acheter les motopompes pour faire de la riziculture de rapport. Ce qui a aggravé les problèmes sociaux et provoqué des heurts, parfois sanglants avec les pasteurs.

Au final, il y aura une vraie guerre avec les Mauritaniens concernant les eaux du Sénégal. Les commerçants mauritaniens seront expulsés, sans ménagement, de Dakar.

Comme on le voit, la population vivra avec la bilharziose et paiera en outre la facture sanglante et élevée des troubles sociaux.

Une concertation sérieuse avec les populations et la consultation des experts en sociologie, anthropologie, médecine, affaires foncières… auraient permis d’éviter bien des souffrances et des pertes humaines.

Les aménagements hydrauliques seuls ne sauraient résoudre tous les problèmes.