Ficha de documento Dossier : Eau, conflits et paix : enjeux à l’orée du XXIème siècle.

, Paris, marzo 2007

Une source de conflit prévisible entre le Canada et les Etats Unis

Une guerre de l’eau est-elle prévisible entre les deux voisins du nord du continent américain ? L’eau deviendrait-elle la ressource la plus convoitée, avant le pétrole ? En fait, l’eau est devenue un enjeu stratégique.

Keywords: Explotación responsable y durable del agua | Distribución equitable del agua | Preservar el medio ambiente para evitar el conflicto | Estados Unidos | Canadá

Ref.: Jean Mercier et Etienne Baillargeon, Le Soleil (Québec), 29 septembre 2003.

Tipo de documento:  Articulo

L’eau : un enjeu désormais stratégique

L’eau va devenir un enjeu vital entre ces deux pays du Nord du continent américain au cours des prochaines décennies. Les Etats-Unis exercent des pressions pour s’approvisionner chez leur voisin du nord car ils manquent d’eau notamment dans les Etats du sud et de l’ouest américains.

Une guerre de l’eau, disent les auteurs, est difficile à imaginer entre les deux voisins car leurs économies sont de plus en plus intégrées et ils partagent la plus longue frontière non militaire au monde. Par contre écrivent-ils, « certains auteurs croient qu’au cours du siècle qui commence, des conflits au sujet de l’eau sont possibles, voire probables, entre ces deux pays ».

Les ONG comme les organisations gouvernementales se préoccupant des questions environnementales s’inquiètent tous des conflits à venir sur l’eau, un enjeu qui succéderait peu à peu au pétrole en tant que ressource naturelle la plus convoitée. L’eau est en fait devenue un enjeu stratégique comme l’a montré le Sommet de Johannesburg (Afrique du sud) en 2002.

Si l’on examine la demande intérieure d’eau douce des Etats Unis, elle a tendance à s’intensifier dans les zones ensoleillées comme la Californie, la Floride et les autres Etats du Sun Belt où les Américains travaillent ou s’installent quand l’heure de la retraite sonne. Or, ici, les modes de vie sont artificiels dans l’Ouest américain, à Los Angeles ou à Las Vegas relativement à la nature géographique.

Il y a en outre l’épuisement de l’aquifère de l’Ogallala, dans les Prairies américaines – la plus grande étendue d’eau douce du pays, un véritable océan souterrain qui sert à arroser 20 % des terres. De même, le Colorado, après dix énormes barrages et plusieurs canaux de dérivation, n’atteint pratiquement plus la mer de Cortez (Golfe de Californie pour les Etats Unis) épuisé par les agriculteurs américains subventionnés et soutenus par un lobby puissant au Congrès de Washington.

Pour certains cependant, l’alarmisme n’est pas de mise car il faut résolument miser sur la conservation, les développements techniques qui permettent de faire « plus avec moins ». Mais peut-il y avoir une diminution, en valeur absolue, de la demande ?

Rien n’est moins sûr !

La tension exercée par la rareté de l’eau se manifeste d’ores et déjà à l’intérieur des Etats Unis, entre les Etats et à l’intérieur des Etats, en particulier en Californie, entre le Sud, trop peuplé pour ses réserves d’eau, et le Nord, très pourvu en cette ressource, mais qui veut la conserver pour son propre usage. Dans certains Etats, on peut craindre que le manque d’eau obère même le développement économique. C’est dire l’importance de la question de l’eau.

Les Etats-Unis sont situés en aval des cours d’eau qui prennent leur source au Canada. Les spécialistes parlent ici non de conflits militaires mais « de probabilités de conflits en matière de sécurité environnementale ». Comme le Canada dispose abondamment d’eau douce comparativement à sa population, le voisin pourrait être tenté par cette manne surabondante.

Commentario

Comme on le voit, la tension due à la rareté de l’eau n’est pas le triste apanage du seul Moyen et Proche Orient avec les conflits israélo-palestinien (le plus violent et le plus dramatique en termes de souffrances humaines) ou israélo- libanais (ou syrien) ou les controverses sur le partage des eaux du Nil entre le Soudan, l’Egypte, l’Ethiopie… ou celles opposant Irak, Turquie et Syrie relativement eaux de l’Euphrate et du Tigre…

Le problème ici est que le Canada a été béni par les Dieux des Eaux dans la mesure où il a le privilège de posséder le quart des eaux douces de la planète.

L’autre remarque est que les Etats-Unis font un usage absolument délirant de cette ressource et gaspillent énormément. Il suffit de voir les orgies d’eau de Las Vegas ou les piscines de San Diego. Pour ne rien dire de la consommation qui ne va pas sans eau : 15 000 tonnes et 400 000 litres d’eau sont nécessaires pour produire respectivement une tonne de coton et une voiture.

Le Canada gaspille presque autant que son puissant voisin : il est mal armé pour lui refuser une eau dont il ne se sert pas.

Des négociations serrées sont à prévoir entre les deux pays.

Mais le Canada est classé au deuxième rang mondial pour ce qui est de l’accès à l’eau, alors que les Etats-Unis ne sont classés qu’au 32ème rang pour leur gestion générale de l’eau, en raison précisément du gaspillage ou de l’utilisation inefficace de l’eau dans divers secteurs.

En conclusion, l’eau est un facteur essentiel pour assurer la paix entre les Etats et donc les hommes - qu’ils soient du Nord ou du Sud.