Larbi Bouguerra, Paris, février 2007
Australie : Les Etats s’opposent au gouvernement fédéral sur les plans d’aménagement du bassin versant du Murray-Darling
Le Parlement fédéral australien est en désaccord avec les quatre Premiers Ministres des Etats du bassin versant du Murray-Darling sur les plans soumis à discussion pour faire face à la crise de l’eau dans la région.
Réf. : Lisa Stedman, « States clash with federal government over Murray-Darling plans », IWA Publishing, Water21 News, 20 février 2007
Type de document :
Le Premier Ministre australien John Howard a lancé un appel pressant aux quatre Etats du bassin versant du Murray-Darling – Queensland, New South Wales, Victoria et South Australia - pour une décision rapide dans les quinze jours et a solennellement annoncé qu’il ne ferait plus de concessions. Le Premier Ministre ne veut pas céder aux pressions qui s’exercent sur lui et empêchent de parvenir à un consensus sur le projet suivant : {{le contrôle du système fluvial doit revenir au gouvernement fédéral et, en contrepartie, celui-ci financerait massivement les infrastructures d’irrigation et les mesures de gestion de l’eau et du système hydrologique de la Murray-Darling. En fait, les Etats craignent de perdre leur souveraineté au profit du gouvernement central à Canberra. Ils craignent aussi les nouvelles structures de la gouvernance de l’eau du bassin et se posent des questions quant au financement d’autant que le ministre fédéral de l’environnement et des ressources hydriques se propose de détourner l’eau du nord du Queensland vers le bassin du Murray-Darling.
La sécheresse persistante qui sévit dans l’Etat du New South Wales a contraint le gouvernement à décider de ne pas introduire de l’eau recyclée dans les fournitures d’eau potable en dépit du fait qu’un sondage d’opinion montre que quatre personnes sur cinq sont favorables à cette démarche. Pour le gouvernement, le coût de cette opération et l’échelle des temps sont en faveur d’autres alternatives telles que la construction d’une usine de dessalement.
La pénurie d’eau qui frappe le pays fait que l’opposition au gouvernement fédéral est à la recherche de fonds pour améliorer la situation d’autant que les élections approchent. Ainsi, le leader travailliste Kevin Rudd a promis d’allouer à la ville de Perth - située sur la rivière Swan - 24 millions de dollars pour assurer l’approvisionnement en eau potable. Son projet prévoit la recharge d’un aquifère et des plans d’aménagement de la gestion de l’eau de l’Etat d’Australie Occidentale.
Commentaire
L’Australie, Etat fédéral, souffre d’une très grave sécheresse qui a notamment donné naissance à des incendies dévastateurs dans le Bush ; le feu a même menacé des villes entières et provoqué de gros dégâts. L’approvisionnement en eau des villes en a pâti et lors des Jeux Olympiques, par exemple, on a eu à déplorer quelques cas de gastroentérite et de contamination de l’eau potable mais la situation est telle que l’on envisage, sans état d’âme, de mélanger à l’eau potable de l’eau recyclée.
Pour trouver une solution à la pénurie d’eau, le pouvoir fédéral et les Etats s’empoignent pour des raisons de politique ordinaire et pour des questions d’argent. Souveraineté des Etats et intérêts électoralistes pimentent cette grave situation.
On voit ainsi que la question des conflits à propos de l’eau n’est pas l’apanage des pays du Sud. Il est à craindre que le changement climatique n’aggrave un peu plus cet état de choses sur le plan de l’eau pour un pays qui, jusqu’ici, comptait beaucoup sur son agriculture et son élevage performants. On notera que, en Australie aussi, détourner l’eau vers un autre territoire est mal accepté et réveille les passions.