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Le traité « ESQUIPULAS II » , 1987 entre le Guatemala, le Salvador, le Honduras, le Nicaragua et le Costa Rica

Le principe de négociation politique entre les différents composants sociaux, un contexte à la pacification

Keywords: | | | | | | | | | | | El Salvador | Guatemala | Honduras | Nicaragua | Costa Rica | Central America

Ref.: Tratado de Esquipulas II, Procedimientos para una paz firme y durable en America Central, 1987

Languages: Spanish

Document type:  Treatise

A la fin des années 1970 et au début des années 1980, la politique en Amérique centrale était proscrite par des conflits armés internes d’une intense violence. Les affrontements entre de groupes ennemis ravageaient le Guatemala, le Salvador, le Nicaragua.

Au plus profond des affrontements armés, des efforts pour une négociation politique continuaient à être menés tant à l’intérieur des sociétés centraméricaines qu’au sein de la communauté internationale. Malgré l’ampleur des conflits, en 1987 l’Amérique Centrale commençait à entrer dans une période de règlement politique des tensions. Le 7 Août 1987 les Présidents du Guatemala, El Salvador, Honduras, Nicaragua et Costa Rica signèrent le « TRAITE D’ESQUIPULAS II. Procédures pour Etablir une Paix Ferme et Durable en Amérique Centrale » établissant les bases pour la pacification de la région.

Ce Traité est entré en vigueur avec sa signature. Il a permis au processus de pacification, de démocratisation et d’unification centraméricain d’être institutionnellement entamé.

Le préambule du Traité soulignait, tout d’abord, la complexité des sociétés centraméricaines où les groupes d’intérêts sont très puissants, notamment les bourgeoisies traditionnelles, les chefs militaires, les dirigeants politiques et les élites économiques. Dans un contexte très conflictuel, les gouvernants ont voulu identifier le défi qui leur semblait le plus urgent et qui deviendrait l’objectif premier et fondamental du processus : la construction de la paix. La primauté de cet objectif servait à faire passer deux messages. Aux groupes armés insurgés que les gouvernants voulaient dissuader de la non viabilité de leur lutte violente. Aux armées officielles auxquelles les gouvernants voulaient annoncer que l’époque des gros budgets et du pouvoir absolu touchait à sa fin.

A partir de cet objectif de pacification ont été définis les trois principes sur lesquels allait s’étaler le contenu des réformes, qui servaient aussi à intégrer l’approche, et les intérêts, des trois des élites des plus importantes de l’époque.

Le premier principe consistait à postuler la primauté de la liberté individuelle. L’accent mis sur la liberté voulait répondre aux contraintes libérales externes qui devenaient aussi, de plus en plus, internes. Ce principe reflétait l’approche tenue et les intérêts recherchés par les nouvelles élites économiques centraméricaines, spécialement les grands patrons du Costa Rica et du Guatemala. Il servait aussi à se mettre au ton de l’occident où le libéralisme l’emportait.

Le deuxième principe concernait la justice sociale : en raison de la situation de pauvreté d’une grande partie de la population, les Présidents ont aussi voulu faire référence à des questions sociales. Ce principe reflétait l’approche tenue et les intérêts recherchés par les élites politiques socio-démocrates, spécialement celles du Nicaragua sandiniste et des dirigeants de la Démocratie Chrétienne. En même temps, les Présidents tenaient compte du fait que, autour d’eux, il y avait aussi des représentants de la vieille bourgeoisie qui ne croyaient pas à ce qu’elles appelaient le mirage de la justice sociale. C’est pour cette raison que ce principe est resté quelque peu flou et contingent. En effet, quelques lignes après, les Présidents remplacent le terme justice sociale par celui de développement.

Le troisième principe était placé dans des termes éthiques : il s’agissait du principe de réconciliation. Dans une situation de division économique, politique, idéologique et sociale, les Présidents affirmaient que ce n’était pas l’affrontement qui devait prévaloir mais une attitude fondamentale de réconciliation. Cette approche prenait des éléments théologiques d’une éthique proposée par l’Eglise Catholique. Elle reflétait aussi les intérêts recherchés par les chefs militaires et par les membres de la vieille élite bourgeoise centraméricaine, qui avaient participé à la mise en place de régimes autoritaires et qui avaient conduit les efforts de répression étatique. Impliquant le pardon du passé, il portait aussi en germe les démarches d’amnistie pour les responsables des violations des droits de l’homme.

Commentary

Approcher le « TRAITE D’ESQUIPULAS II, Procédures pour établir une paix ferme et durable en Amérique Centrale » par son préambule, peut donner envie d’approfondir la façon dans laquelle sont traitées des questions essentielles telles que la pacification et la démocratisation en vue de mieux comprendre son succès. En effet, après avoir été le scénario d’affrontements armés internes particulièrement meurtriers, l’Amérique Centrale entamait en 1987 une dynamique de règlement politique des conflits par la signature de ce Traité qui est devenu le cadre institutionnel au sein duquel ont été signés les accords de paix du Nicaragua (1988), du Salvador (1992) et du Guatemala (1996). Il a aussi inspiré les réformes politiques et initié les nouveaux régimes aux procédures de la démocratie. Esquipulas II s’est avéré un instrument politique efficace de pacification et de démocratisation.