Promesse : documentaire sur la vision d’enfants du conflit israëlo-palestinien
Documentaire didactique américano-israélo-palestinien pour la paix.
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Réf. : Promises$Justine Shapiro , Carlos Bolado, B.Z. Goldberg$$$2001$
Langues : anglais
Type de document :
Un documentaire didactique américano-israélo-palestinien réalisé par Justine Shapiro, B. Z. Goldberg, Carlos Bolado.
Profitant d’une période d’accalmie à la frontière israélo-palestinienne entre 1997 et 2000, les réalisateurs ont demandé à sept enfants juifs et palestiniens âgés de 9 à 13 ans, qui vivent à quelques kilomètres les uns des autres et qui sont pourtant séparés les uns des autres par un double cloisonnement : celui de la guerre et celui de leur appartenance sociale, culturelle et religieuse, de donner leur vision du conflit au Proche-Orient. Comment vivent-ils le climat explosif qui divise leurs peuples ? Que pensent-ils les uns des autres ? Qu’est-ce qui peut les rapprocher au-delà de leurs différends ? Observateurs engagés, imprégnés par l’histoire de leurs parents, ils révèlent par leurs réponses le poids terrifiant des préjugés sociaux et religieux dont ils sont les héritiers.
Ce film a un but éducatif, espérant qu’il puisse influer sur la paix au Proche-Orient.
Promesses est un film rare. Les réalisateurs rencontrent des enfants de différentes communautés (sept enfants au total permettant ainsi une plongée dans ce conflit). Chaque fois, on entend un discours composite, fait de vraies paroles d’enfants qui essaient de se frayer un chemin entre le discours des adultes repris avec ce mélange de fidélité, de conviction et d’aveuglement qui caractérise le fils énonçant la parole du père. A Mahmoud, qui affirme l’appartenance de Jérusalem à l’islam, répond Moshe, qui déroule sa Torah pour trouver le titre de propriété des juifs sur le morceau de terre entouré de clôtures électriques qu’il habite.
Au terme de cette enquête, conduite par le reporter B.Z. Goldberg, une utopie : parvenir à faire se rencontrer ces enfants qui refusent farouchement de se connaître.
Finalement certains enfants les moins religieux se rencontrent à la fin du film. Cette déclinaison de la rencontre prend une double dimension à la fois comme manifeste artistique (le cinéma comme art de la rencontre et de la mise en présence) et surtout comme manifeste politique (la rencontre comme seul espoir possible pour Israël et la Palestine). Il est difficile de se haïr une fois qu’on s’est rencontré ; les filles sont plus mûres que les garçons. Plus subtilement - involontairement peut-être - on entrevoit le fossé entre riches et pauvres, peut-être aussi profond que celui creusé par la religion. La douce euphorie provoquée par cette rencontre idyllique est brutalement rompue lorsque Farraj, jeune palestinien, fond en larmes. Il entrevoit que ce moment sera sans lendemain, que, sans l’équipe de cinéma, jamais il ne reverra Yarko et Daniel, les jumeaux israéliens.
Promesses tenait son titre de l’optimisme de son auteur. Il ne le garde qu’à cause de l’honnêteté intellectuelle de l’entreprise. Les seules promesses tenues sont celles des larmes de Farraj (dont on ne peut s’empêcher de penser que, au jour de la sortie du film, il a atteint l’âge d’être détenu comme suspect), celles versées sur l’impossibilité de vivre ensemble.
De ce pari tenu jusqu’au bout, on retiendra quelques séquences magnifiques : celle où le cinéaste met un jeune palestinien face à ses contradictions puisqu’il accepte d’accueillir un juif dans sa maison, celle de la peine de cette jeune palestinienne parlant de son père emprisonné, celle qui dans un montage parallèle met dos à dos toutes les religions prenant ainsi parti pour le camp de paix, celle des jumeaux israéliens laïcs, se rendant dans un camp de palestiniens, celle du jeune israélien colon jouant seul derrière les grilles de protection, celle de la grand-mère palestinienne remettant à son petit fils les clés de la maison disparue.
« Ce film merveilleux, sans doute le meilleur qu’il m’ait été donné de voir sur le conflit israélo-palestinien, est aussi une formidable leçon d’espoir. David GROSSMAN a raison, les prochaines négociations de paix devraient débuter par une projection de Promesses. »
Eli Barnavi, Ambassadeur d’Israël en France
« Promesses n’est pas seulement un film sur les enfants israéliens et palestiniens mais sur tous ceux que sépare la méfiance et la peur, le racisme et l’ethnocentrisme, la déshumanisation de l’autre et sa diabolisation, la souffrance et la douleur perçue comme une expérience unique à soi. En ce sens, Promesses porte un message universel dans lequel se reconnaîtront beaucoup d’enfants piégés par les guerres, mais aussi par l’exclusion et le rejet de l’Autre de Jérusalem à Gaza, des banlieues de Marseille à celles de Paris. Je souhaite profondément que ces paroles israéliennes et palestiniennes d’enfants de là-bas trouvent un écho ici aussi. »
Leila Shahid, Déléguée Générale de la Palestine en France.
Commentaire
Autant en emporte la Guerre.
Les promesses du titre ne durent qu’un temps. A peine la durée du film. La qualité du documentaire n’est pas en cause, même si sa réalisation est classique. Comme « BZ » , l’un des co-réalisateurs, on découvre et on écoute ces gosses avec beaucoup d’intérêt. Des gamins font leur âge, d’autres tiennent déjà un discours d’adulte, forgé par des drames vécus, d’autres encore récitent celui des parents. Arrive pourtant ce que l’on pensait impossible, une rencontre, sans haine et sans passions, entre des enfants devenus comme les autres. Le spectateur partage avec eux ces éphémères moments de bonheur et d’émotion.
Le grand intérêt de ce film, qui a été plusieurs fois primé dans des festivals aux Etats-Unis, est de rendre compte, à travers ces sept enfants de la complexité de la situation israélo-palestinienne et de ses blocages. Sans parti pris et avec lucidité, il montre comment s’édifient, dès le plus jeune âge, les barrières d’hostilité entre communautés. Barrières que la peur et la mort, toujours présentes, entretiennent et renforcent. Rempli de tendresse pour les enfants filmés, PROMESSES se veut un message pacifiste, parfois à la limite de l’angélisme ou du didactisme, et d’où se dégage pourtant une sorte de fatalité désespérée : que restera-t-il du fragile rapprochement réussi par B.Z. Goldberg une fois qu’il sera parti ? Qu’est-il resté, deux années plus tard, de ces lueurs d’espoir ? Probablement plus rien, malheureusement. Le film semble répondre lui-même de façon pessimiste à cette question qu’il provoque : s’ouvrant et se fermant par la même scène de combat où un pneu en flammes dévale une pente, il donne l’impression de s’enfermer entre des parenthèses de feu, comme si l’espoir auquel il avait voulu faire croire était une fiction, et que la véritable Histoire reprenait ses droits.