Audrey Morot, Grenoble, France, février 2006
Micoahumado, réalisé par le Bureau du Haut Commissariat pour la Paix en partenariat avec la Présidence de la République de Colombie et le Ministère de la Culture, série Culture et coexistence.
Témoignages de civils au milieu du conflit armé colombien
Réf. : Ce document est disponible à l’Ecole de la Paix de Grenoble.
Langues : espagnol
Type de document :
Au sud du département de Bolivar, caché dans les montagnes où sévit une guerre non déclarée, nous découvrons le village de Micoahumado. Malgré la présence des acteurs armés, la population aspire à vivre en paix, résiste et s’organise.
Plusieurs habitants témoignent de leur vécu, de leurs craintes, de leurs douleurs mais aussi de leurs espoirs. Progressivement, l’âme de Micoahumado prend forme et nous invite à comprendre son histoire, la destinée si singulière de ses habitants et le sens de leur engagement. La jeune Vicki nous dit l’incompréhension des enfants lors des affrontements nocturnes. Don Alirio, un paysan, relate cette embuscade qui l’a privé d’un des ses yeux alors qu’il travaillait les champs. Deux leaders de cette résistance civile, Pablo et Isidro, racontent leur pari pour la paix. Ils rejettent le recours aux armes et ont pris conscience qu’ils ne pourraient défendre le droit à la vie qu’en construisant collectivement des voies de développement alternatives. Ainsi, en 2003, la création de l’Assemblée Populaire Constituante concrétise les six années de travail menées par la communauté en faveur du dialogue et du respect des droits humains par les acteurs armés et par l’Etat. Pour l’accompagner dans sa détermination, des organismes gouvernementaux et non gouvernementaux « attirent l’attention » et sont perçus comme des « alliés » . Ensemble, ils mettent en oeuvre des projets d’aménagement et d’entretien auxquels participent tous les membres de la communauté. Des activités et des événements culturels permettent aux jeunes de s’exprimer et d’extérioriser leur perception du conflit armé. Entre sourires et partage, la vie semble reprendre ses droits.
Néanmoins d’importants problèmes demeurent. La culture de la coca entrave la volonté d’indépendance et de souveraineté populaire et finance la guerre. Conscients des répercussions négatives de la culture de coca sur la communauté, les habitants font le choix de cultiver le maïs, le haricot ou d’autres fruits agricoles, et de « travailler proprement » . Cette production a donné naissance à des entités de commercialisation, pour le café par exemple, et d’autres secteurs productifs se développent.
Lors de la dernière incursion des autodefensas en décembre 2002, et malgré les menaces de représailles de la guérilla si les habitants restaient à Micoahumado, la population n’a pas fuit. Le dialogue instauré par les Commissions de Paix de l’Assemblée avec les acteurs armés et l’action de conciliation des organisations « alliées » ont contraint les autodefensas à quitter le village en janvier 2003. Cette volonté collective prouve la confiance et l’attachement des habitants pour un projet de vie commun. Mais la guérilla persiste elle aussi dans la montagne et n’hésite pas à prendre la population en otage en bloquant l’accès aux ressources alimentaires ou à l’eau.
Micoahumado, pour « vivre et travailler de nouveau » , a osé défier le pouvoir de la guérilla et des paramilitaires, mais reste dans l’attente d’un signe de l’Etat pour un jour, vivre dignement et tranquillement dans une zone démilitarisée.
Commentaire
Ce documentaire rend toute son humanité à une zone stigmatisée, en proie à une logique de guerre. Au travers de nombreux témoignages, la parole humaine prend le dessus et on a envie de croire en la détermination de ces gens qui ont choisi le combat pour la vie.
Notes
Micoahumado fait partie du Programme de Développement et Paix du Magdalena Medio.
Documentaire de 26 mn