André Dumoulin, Grenoble, France, octobre 1999
Vers une convergence des politiques de défense
Après le Sommet de l’Union européenne à Cologne, en juin dernier, les Quinze vont tenter de mettre en place les structures politico-militaires et les moyens nécessaires pour que l’Europe soit capable de déployer une force crédible hors de ses frontières.
Ceci rejoint le constat général émis après le conflit du Kosovo sur le faible rendement des armées européennes malgré leurs moyens : alors que les membres de l’Union européenne dépensent collectivement pour leur défense 60% de ce que dépensent les Etats-Unis, ils n’obtiennent pas 60% des capacités militaires des Américains.
La solution pourrait se trouver dans l’adoption d’indicateurs de convergence en matière de politique de défense. Il pourrait être question d’engagements précis d’ordre budgétaire, administratif, industriel, technologique et opérationnel, associés à un calendrier flexible, à la carte, plus ou moins contraignant, selon les Etats et les domaines ; cela afin de combattre l’émiettement des productions de défense et les gaspillages.
Il n’est donc pas certain que les limites opérationnelles soient une simple question budgétaire, mais plutôt une absence de synergies et de répartition. L’enveloppe globale est certainement suffisante mais son utilisation dans un esprit collectif, désastreuse.
Ce partage progressif des moyens renforcerait la montée en puissance de l’identité européenne de sécurité et de défense dont la prochaine conférence intergouvernementale devrait apporter les pierres institutionnelles. Reste que cette Europe qui se cherche en matière de PESC et de moyens ne pourra longtemps éluder la question idéologique : Quelle Europe voulons-nous ? Quelles valeurs voulons-nous défendre et transmettre ? Quels sont les objectifs stratégiques de l’Union européenne sachant que nous ne voulons pas imiter les Etats-Unis ? Peut-on atteindre cette harmonisation intra-européenne sans avoir au préalable défini un Concept stratégique propre à l’Europe ? Un véritable Livre blanc européen de la politique étrangère, de la sécurité et de la défense n’est-il pas sous-jacent à ce questionnement ?
Au-delà des trois thèses en présence - priorité à la convergence des diplomaties (Gnesotto), des moyens militaires (Heisbourg) ou des valeurs démocratiques (Télo) - l’Europe aura-t-elle à l’avenir la volonté politique de dupliquer en partie certains moyens de l’OTAN afin d’agir de manière autonome, au moment où l’expérience répétée et tragique des faits dans les Balkans emporte déjà aujourd’hui le ralliement des Européens à une sécurité commune ?