Adam Bernard, Grenoble, France, décembre 1999
Quelle sécurité internationale, dix ans après la chute du Mur ?
8 novembre 1999. Dixième anniversaire de la chute du Mur de Berlin. Le bilan économique et social des pays de l’ex-URSS et de la plupart des pays de l’Est de l’Europe est catastrophique. En revanche au plan de la sécurité internationale, le bilan semble plus positif. Mais de grands défis subsistent.
La disparition de la confrontation Est-Ouest a entraîné une réduction de 33% des dépenses militaires mondiales. Selon les derniers chiffres publiés par le SIPRI, les dépenses militaires mondiales sont passées de 1.050 à 696 milliards de dollars de 1989 à 1998. La course aux armements nucléaires s’est arrêtée et un vaste programme de désarmement nucléaire est en cours. Les arsenaux stratégiques américains et russes sont passés de 25.000 têtes nucléaires à 6.500 aujourd’hui, soit une réduction de 75%. En Europe, le nombre des armes nucléaires tactiques américaines est passé de 6.000 à 150 actuellement, et certaines sources font état de leur complète disparition au cours de l’an 2000.
La menace d’un holocauste nucléaire et d’une confrontation généralisée entre l’Est et l’Ouest a bel et bien disparu. La troisième guerre mondiale n’aura donc pas lieu.
Mais, au-delà de ce bilan positif, trois principaux défis sont à relever pour amoindrir la violence armée. Tout d’abord, le désarmement nucléaire doit se poursuivre. Il y a d’abord la lutte contre la prolifération nucléaire. Ensuite, les arsenaux des grandes puissances doivent se réduire sensiblement. Des pourparlers sont en cours qui pourraient aboutir dans une dizaine d’années à des arsenaux stratégiques de quelques centaines de têtes nucléaires. Mais certains évoquent déjà l’aboutissement qui devra poser la question finale : faut-il tendre à la suppression totale par l’interdiction de toute arme nucléaire ? Ou garder un stock minimal de quelques dizaines de têtes nucléaires afin de dissuader le terrorisme nucléaire ? Et qui détiendrait ce stock ? Les grandes puissances ou le Conseil de sécurité des Nations Unies ? Et pour y arriver, quelles sont les étapes à franchir ?
Pour la non-prolifération… des armes légères
Ensuite, la fin de la guerre froide a permis de nous préoccuper davantage des conflits locaux qui n’ont jamais cessé. Ils ont cependant diminué puisqu’on dénombrait 31 conflits majeurs en 1989, contre 25 en 1997 (sources : Uppsala Conflict Data Project). Il s’agit surtout de conflits internes mais qui sont extrêmement violents pour les populations civiles et qui échappent souvent au contrôle des Etats ou même de la communauté internationale. Caractéristique majeure de ces conflits : l’utilisation des armes légères qui sont la cause de la plupart des morts et blessés. Un défi majeur consistera à freiner la prolifération des armes légères par un meilleur contrôle des exportations, et la collecte et la destruction des stocks d’armes existantes et détenues illégalement.
Enfin, le désordre international actuel caractérisé par une multitude de conflits locaux et la domination d’une seule « hyper puissance » n’est pas satisfaisant. Un rééquilibrage des rapports entre les Etats doit se faire au sein de la communauté internationale par le renforcement des institutions de sécurité internationale comme l’ONU ou l’OSCE. Ceci permettrait la mise en place d’une véritable politique de prévention des conflits qui se fait cruellement attendre…