Guillaume Gamblin, Paris, 2004
Les formations à la non-violence : apprendre la responsabilité sociale et politique
Les différents types de formation à la non-violence en France.
Mots clefs : Théorie de la non-violence | Elaboration d'outils pédagogiques d'éducation à la paix | Education à la non-violence | Formation de formateurs pour la paix | Organisation non-violente
La non-violence, forme d’action tout aussi élaborée et exigeante que l’action violente, mérite elle aussi une formation adaptée à ses enjeux propres. Si pour faire la guerre il est besoin d’entraînements militaires, pour construire la paix et la justice et agir par des moyens non-violents il est non moins nécessaire de suivre un entraînement approprié. La formation a donc toujours constitué l’un des enjeux et l’une des lignes de force de toute organisation cherchant à promouvoir des moyens d’action et un style de vie non-violents.
Aujourd’hui plus encore qu’hier, la formation est en train de se développer, tout en évoluant et en se diversifiant au fur et à mesure qu’évoluent les défis de la non-violence dans notre monde. Elle a d’abord beaucoup touché les objecteurs de conscience, auxquels était apporté un soutien pour la construction de projets alternatifs et pour la résistance organisée contre l’oppression. Elle a eu une forte dimension militante, dans l’optique de l’entraînement à une défense populaire non-violente, ou de la préparation aux actions et aux luttes spécifiquement non-violentes : auprès des militants des mouvements non-violents eux-mêmes, mais plus largement auprès des personnes et mouvements engagés dans de telles luttes ou résistances, en France et dans le monde.
Depuis quelques années, des formations concernant cet « art du combat » non-violent continuent à être dispensées, avec des spécificités propres suivant les mouvements (insistance sur l’aspect politique des luttes et le rapport de force pour le MAN, mise en avant de la préparation personnelle et spirituelle en amont de l’action pour l’Arche, présentation des sources évangéliques de la non-violence pour le MIR, etc…) ; mais la formation se développe également autour de nouveaux sujets d’intérêt, plus socio-éducatifs :
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Comment agir et réagir de façon non-violente dans sa vie quotidienne, face à des violences ou à des incivilités.
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Comment gérer les conflits professionnels ou interpersonnels, comment intervenir dans un conflit, etc…
Des formations à la médiation, à l’approche et à la résolution constructive des conflits, se sont développées, au-delà d’un seul public militant, au sein de la société dans son ensemble : vie quotidienne, vie professionnelle, etc…
Un effort a été porté également sur la formation dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement, auprès de parents, d’éducateurs, d’enseignants, etc… Ces formations veulent contribuer à apporter des outils pour ancrer la non-violence dans les comportements dès le plus jeune âge. Ces nouvelles branches de la formation ont donné lieu à la création de nouvelles structures de formation plus professionnelles : les Ifman, et IECCC en particulier.
Le Centre de ressources Non-Violence Actualité ou encore les Cahiers de la Réconciliation jouent un rôle important d’orientation pour le premier, et d’information, sur ces formations.
Actuellement une formation annuelle à l’intervention civile de paix est en train de se développer depuis 2000, mettant à contribution de nombreuses organisations non-violentes dans le cadre du Comité ICP. Une première phase d’expérimentation et de recherche appliquée a débouché sur un réel savoir-faire actuel.
De nouveaux enjeux se dessinent également, à mesure que l’activité de formation prend de l’ampleur et acquière une dimension plus professionnelle : la nécessité de former des formateurs eux-mêmes compétents, ainsi que des formateurs de formateurs, d’une part, et un travail d’homologation en cours actuellement, au niveau français mais également européen, pour apporter une pleine reconnaissance officielle à ces activités de formation.