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, January 2009

L’Asie centrale aujourd’hui…. Et perspective de développement en 2009

Malgré l’intensification sensible des actions du mouvement de “Taliban” sur le territoire de l’Afghanistan en 2008 et l’influence de la crise financière internationale, la situation en Asie Centrale reste actuellement relativement stable. Les élites politiques des pays de la région se rendent tout à fait compte que la déstabilisation de la situation peut amener à des conséquences très négatives pour eux et entreprennent tous leurs efforts pour maintenir la stabilité.

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Les retombées de la crise financière mondiale sont très différentes selon chaque pays de la région de l’Asie Centrale. Par exemple, le Kazakhstan, caractérisé par des institutions de marché les plus développées, par la présence d’un secteur industriel puissant, par un système bancaire intégré au plus haut niveau du marché financier mondial et disposant de ressources d’investissement considérables, a souffert le plus des conséquences de la crise financière. L’Ouzbékistan, au contraire, a évité la plupart de problèmes liés à la crise financière, parce que l’économie de ce pays est le moins intégrée dans les marchés financiers mondiaux, porte le caractère de l’économie fermée et se base principalement sur le secteur réel avec un système bancaire faible. Le Kirghizistan et le Tajikistan souffrent de la crise universelle qui est caractérisée par la diminution significative des activités dans tous les secteurs de l’économie.

La réduction considérable de la quantité des transferts d’argent de la part des migrants laborieux sera une des conséquences majeures de la crise financière. Des centaines des milliers de travailleurs immigrés (ou migrants) au Kirghizistan, au Tajikistan et en Ouzbekistan envoient annuellement dans leurs pays d’origines des centaines de millions de dollars américains, ce qui contribue, d’après différentes estimations, à hauteur de 10 % à 30% et plus au produit national brut des pays cités. La Russie et le Kazakhstan, qui sont sérieusement touchés par les conséquences négatives de la crise, diminuent le nombre des emplois offerts aux travailleurs immigrés (ou migrants) de ces plus pauvres pays de la région. De plus, le rapatriement en masse des migrants à cause de l’absence d’emplois combiné à l’inflation grandissante, aux problèmes du secteur bancaire et à l’augmentation des prix pour la production de première nécessité, vient encore aggraver la situation sociale et économique déjà tendue, avec en conséquence la croissance du niveau de chômage, l’expansion de la criminalité et autres facteurs défavorables pour le maintien de la stabilité dans la région.

En dehors de cela, le risque de la diminution des exportations de marchandises du Kazakhstan, du Kirghizistan, de l’Ouzbekistan et du Tajikistan est réel. Cela s’explique par l’abaissement de la demande sur le marché mondial. Dans cette situation, le Turkménistan se situe encore dans les conditions les plus favorables, parce que la marchandise principale de l’export de ce pays est le gaz dont le prix a un caractère spécifique et fixe.

Parmi des conséquences possibles de la crise mondiale on peut citer aussi la réduction des investissements extérieurs qui portent une importance vitale pour les principaux secteurs de l’économie des pays de la région, qui sont essentiellement celles de matières premières. La réduction des investissements dans les branches hydroénergétiques peut amener à une nouvelle crise énergétique qui est devenue un grand problème de réalité pour le Tajikistan et le Kirghizistan au cours des deux dernières années.

Du point de vue géopolitique, la situation dans la région représente un phénomène original et multiforme. Ce phénomène original et multiforme consiste en une position géostratégiquement importante de la région, située sur le croisement des liens géopolitiques de l’Eurasie, avec la tendance d’une interaction grandissante entre puissances mondiales et régionales présentes. Comme cela a été défini par l’ancien conseiller du président des Etats-Unis, James Carter, Zbigniew Brzezinski, en 1997 : “Qui veut diriger le monde doit contrôler l’Asie Centrale”.

Ainsi, sur fond de la présence, dans la région, des ressources considérables d’hydrocarburants et d’autres matières premières, de l’intensification des actions du mouvement de “Taliban” sur le territoire de l’Afghanistan et, par conséquent, des déclarations répétées du nouveau président des EUA Barack Obama concernant le redoublement de l’attention envers le problème de l’Afghanistan, on peut tirer la conclusion de l’accroissement en perspective de l’interaction et de la concurrence des puissances mondiales leaders sur l’espace de l’Asie Centrale.

Dans une perspective plus rapprochée on peut s’imaginer une intensification de l’influence de la Chine dans les affaires économiques de la région, comme de la Russie – dans les sphères économique et politique. Outre cela, les EUA ont été, sont et seront un des joueurs principaux dans la vie politique de l’Asie Centrale.

Une grande attention pour l’Asie Centrale de la part des EUA était témoignée déjà depuis la chute de l’Union Soviétique, en passant par des stades plus actifs et plus passifs. L’intérêt concret pour la présence permanente dans la région, y compris la présence militaire, a surgi après le commencement de l’opération anti-terroriste de la coalition internationale en Afghanistan. Les EUA, ayant compris, qu’en accomplissant les missions anti-terroristes ils peuvent influencer en même temps leur deux principaux concurrents en matière de géopolitique que sont la Russie et la Chine, feront touts leurs efforts pour rester dans la région le plus longtemps possible.

Dans ce contexte, il faut rendre justice à la politique compétente de la force prédominante du monde par rapport aux pays de l’Asie Centrale. Après les événements en Andijan en 2005 qui ont entraîné un grand refroidissement dans les relations avec Tachkent prétendant au rôle de puissance régionale, on peut noter aujourd’hui les tendances vers un rapprochement considérable de l’Ouzbékistan et des EUA. De plus, à la fin de 2008, le Sénat du Kazakhstan a ratifié le Mémorandum de compréhension entre les gouvernements du Kazakhstan et des EUA qui ouvre en fait la possibilité de l’installation d’une base militaire aérienne à l’aéroport d’Almaty.

En ce qui concerne la présence de la base militaire américaine à l’aéroport « Manas » non loin de Bichkek, il faut mentionner que depuis quelques jours ce sujet est largement discuté dans la presse kirghize et russe. Cette discussion a commencé après la publication de l’article dans le journal russe « Vrémia novostey » intitulé « Le président kirghiz demandera aux EUA d’évacuer la base militaire de Bichkek ». L’article a été publié avec les références aux sources dans le gouvernement kirghiz. D’après l’information reçue par le journal mentionné, le président du Kirghizistan signera le décret de l’évacuation de la base avant sa visite à Moscou qui doit avoir lieu dans le plus bref délai. L’objectif de la visite de K. Bakiev en Russie serait de signer un accord sur l’allocation au Kirghizistan d’une aide financière à hauteur de 2 milliards de dollars américains.

D’après les mots d’un expert politologue très connu au Kirghizistan, A. Kniazev, la signature d’un tel accord par le chef d’état du Kirghizistan serait discutable, au moins dans l’immédiat. Cela s’explique par le fait que les EUA possèdent des moyens très considérables pour exercer une pression politique sur les dirigeants kirghizs. D’après lui, même si le président du Kirghizistan signe ce décret, les EUA prendront certainement différentes mesures d’influence, allant probablement jusqu’à des tentatives de déstabilisation de la situation afin de changer de régime et/ou de gouvernement dans le pays.

Ce point de vue paraît probable compte tenu de l’importance particulière que revêt cet objet militaire qu’est l’aérodrome principal à partir duquel le soutien logistique de l’opération en Afghanistan est opéré, et l’absence d’alternative sur le reste du territoire de l’Asie Centrale.

Donc, la situation en Asie Centrale reste assez complexe. Outre les facteurs mentionnés ci-dessus, concernant les influences exercées sur la région, il y a aussi les problèmes historiques et les divergences. Les pays qui se considéraient comme des Républiques-sœurs se sentent maintenant concurrents dans une situation géopolitique et économique en pleine évolution. Les problèmes de la répartition de l’eau, des migrations, des frontières, du terrorisme, de l’extrémisme religieux et du trafic de drogues n’ont pas disparu non plus. Tous ces problèmes représentent maintenant et représenteront dans l’avenir des risques essentiels pour la stabilité et la sécurité dans la région.

Malgré le fait, qu’il n’y a pas de recette concrète pour résoudre tous les problèmes existants, il faut entreprendre tous les efforts possibles pour élargir la coopération régionale et approfondir l’intégration commerciale, en utilisant le potentiel de la similitude historique, culturelle et géographique des nations de la région.

Il n’y a que la coopération transfrontalière et l’intégration des structures régionales, qui pourront assurer une protection efficace pour les pays de l’Asie Centrale contre les interventions hostiles géopolitiques, économiques et idéologiques de la part des centres mondiaux et régionaux d’influence.

Notes

  • Cette fiche est extraite de la rubrique « Lettre du mois » du site web de l’Alliance internationale des militaires pour la paix et dans la sécurité (www.world-military.net).

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