Henri Bauer, Costa Rica, juin 2005
Des approches ou entrées Irenees à l’« atlas relationnel » d’Irenees
L’atlas relationnel d’Irenees, loin d’être une démarche holistique, est le métisage des atlas relationnels particuliers de ses partenaires. D’où sa pertinence et son caractère évolutif.
Comment aborder une question complexe telle que la tension permanente entre conflits, guerre et paix ? La stratégie a consisté à proposer plusieurs points de vue. Irénées est construit autour de quatre approches proposant chacune un regard particulier, des regards qui ne sont pas placés dans une démarche de cohabitation : ceux-ci sont complémentaires. Chaque approche est appelée « entrée » et déclinée en plusieurs sous-entrées. Ces quatre approches ont donné naissance à quatre atlas relationnels évolutifs.
LES CHANTIERS DE LA PAIX
Une première approche, synchronique, est basée sur la sociologie de la paix.
L’objectif est de présenter des initiatives de paix concrètes mises en œuvre au cœur des conflictualités actuelles, en termes de « chantiers ». Les questions traitées sont diverses : relations internationales, géopolitique, terrorisme, commerce international, économie sociale, gestion des ressources naturelles, énergie, croyances, éthique, etc. Cette approche est placée au sein du champ de « la gouvernance ».
LA GÉOGRAPHIE DE LA PAIX
La deuxième approche, géoculturelle, concerne les caractéristiques de chaque initiative de paix allant du local au global.
Il s’agit d’aborder les différentes initiatives de paix travaillées aujourd’hui sur la planète en montrant les liens entre les échelles locale, nationale, régionale, internationale et mondiale.
LES ACTEURS DE LA PAIX
La troisième approche, éthique, articule la sociologie des acteurs avec la philosophie du personnalisme.
Irénées permet d’identifier des acteurs – personnes et organismes - travaillant aujourd’hui pour la paix dans le monde : leaders sociaux, responsables d’ONG, autorités politiques, chefs militaires, responsables économiques, intellectuels, gestionnaires de symboles, etc. Des entretiens avec ces artisans de paix permettent d’aborder leurs motivations, leurs valeurs, touchant ainsi au domaine éthique.
LE TEMPS DE LA PAIX
La quatrième approche, historique, est basée sur la temporalité.
Il s’agit de « suivre » les évolutions dont les conflits et les initiatives de paix sont l’objet dans la durée. Les conflits qui par quelques aspects semblent récents et qui font souvent l’actualité, doivent leur visibilité à une conjoncture politique et médiatique particulière alors que les enjeux qu’ils représentent sont très souvent enracinés dans des terroirs beaucoup moins « récents ». Les histoires des tensions sont souvent longues, celles-ci peuvent se manifester aujourd’hui sous de nouvelles formes pour exprimer des angoisses du présent tout en répondant à des aspirations et à des tensions plus anciennes. Irénées assume cet apparent décalage : il ne traite pas seulement l’actualité mais aussi ses enjeux, ce qui fait qu’il ne se place pas dans le domaine de l’émotionnel mais dans celui de l’élaboration de savoirs, au pluriel.
Bien que ses quatre approches donnent des repères théoriques stables à Irénées, nous voulons mettre en œuvre leur caractère évolutif : que celles-ci soient enrichies progressivement par l’intégration à Irénées de nouveaux dossiers permettant à chaque partenaire d’élaborer et d’apporter son atlas relationnel personnel. Un exemple : lorsqu’un partenaire élabore un ou plusieurs dossiers Irénées, il élabore aussi son atlas relationnel à lui (identification des mots les plus importants dans son dossier et organisation de ces mots) afin de l’intégrer à l’atlas relationnel d’Irénées.
Le résultat stratégique ? Un enrichissement d’Irénées par l’élaboration d’un atlas relationnel de la paix évolutif, en même temps, qu’un enrichissement du partenaire.