Fiche d’analyse Dossier : Quelques dilemmes de la mondialisation vus du Sud des Amériques

Paris, 2008

La construction de l’Europe par la confrontation avec l’autre

L’invention de l’Orient par l’Occident, selon M Edward W. Said.

Mots clefs : Représentations mentales et paix | Connaissance de l’histoire de l’autre

Edouard Said est né en 1935 à Jérusalem.

Cet intellectuel palestinien, de citoyenneté américaine, s’est particulièrement intéressé à la politique, notamment au conflit israélo-arabe, ainsi qu’à la musique, en reliant parfois les deux domaines (1). Il est décédé à New York en 2003.

Son œuvre la plus célèbre, « l’Orientalisme » a été publiée en 1978. Dans cet ouvrage, Said ne parle pas de l’Orient mais de l’Orient vu par les occidentaux. Il met en évidence ce que la définition même du mot Orient, « région située à l’est par rapport à un lieu donné » suggère, c’est-à-dire la difficulté de connaître l’autre en tant que tel, sans référence à soi-même. Il démontre que la représentation occidentale contemporaine de l’Orient est la résultante d’une longue tradition d’érudition et de domination des occidentaux.

A travers cet article, nous allons essayer de comprendre comment le savoir – de fait, jamais tout à fait objectif – peut s’allier à l’idéologie et au pouvoir et conforter celui-ci en lui donnant une légitimité.

I. Genèse de l’orientalisme

Comment l’étude de l’Orient a-t-elle produit l’Orientalisme ?

1) La méthodologie de base

a) Une rencontre textuelle

Le premier contact avec l’Orient a été quasi-exclusivement formel. Les Occidentaux vont d’abord connaître l’Orient à travers des disciplines universitaires : la géographie bien sûr, mais surtout, l’histoire, notamment de l’islam, et l’étude des langues orientales.

Cette rencontre textuelle a pour inconvénient que l’Orient dont parlent les scientifiques est le passé de l’Orient. C’est cependant, sur cette base d’érudition, que vont se développer études ultérieures et créations artistiques.

Elles auront toutes en commun d’assimiler l’Orient réel et la somme de savoir sur l’Orient accumulé par l’occident. Ce savoir allait devenir une grille de lecture et donnait naissance à l’orientalisme.

Comment ce savoir est-il apprécié ?

Appréciation du savoir formel

Rappelons que l’empire ottoman a commencé son expansion au XIIIème siècle, qu’il a connu son apogée avec Soliman le Magnifique au XVIème et qu’il commence à décliner à partir du XVIIIème siècle. Ce passé est vu comme prestigieux mais décadent ; en conséquence, l’homme oriental est un homme civilisé retombé à l’état sauvage.

S’agissant de l’Inde, le sanscrit est une langue morte, l’oriental est donc celui auquel l’occident scientifique redonne vie.

L’islam est elle aussi ré-interprétée par analogie avec la religion chrétienne.

Quel que soit l’angle sous lequel on envisage l’Orient, il n’existe donc que parce qu’il est retravaillé, « guéri », par le savoir occidental, autrement dit l’orientalisme façonne l’Orient.

Comment cette « création » peut-elle survivre au contact de l’Orient réel ?

2) La pseudo rencontre de l’Orient

a) « La visite » de l’Orient

La rencontre effective ne corrige pas fondamentalement ce décalage entre Orient réel et représentation de l’Orient. Il s’agit pour le scientifique, comme Lane, de faire semblant au sein de la communauté musulmane en prenant soin de ne pas se mélanger pour conserver sa crédibilité.

Et même quand l’intellectuel ou l’artiste se veut partir réellement à la rencontre de l’autre, comme Nerval en 1843 – rencontre qui se « matérialise » pour lui par une liaison avec une femme - ce que dépeint son œuvre reste fidèle à l’Orientalisme - à tel point que celle de Nerval emprunte purement et simplement aux écrits de Lane.

Pourquoi la rencontre de l’Orient réel semble-t-elle impossible ?

b) « L’orientalisme latent »

Cette rencontre est impossible parce que l’Orient est considéré comme une entité figée. L’Orient connu, appris, ne correspond pas à l’expérience de l’Orient. Aussi le contact avec la réalité est-il souvent une déception (2). « Pour quelqu’un qui n’a jamais vu l’Orient, disait Nerval, un lotus est toujours un lotus ; pour moi, c’est seulement une espèce d’oignon. » (3)

En outre, la description générale faite de l’Orient confrontée à la diversité de l’expérience contribue à figer l’Orient dans des contradictions et à le rendre étrange.

Les sciences, les voyageurs et la puissance poétique étaient donc d’accord sur ce qu’était l’Orient participant ainsi au développement de l’orientalisme.

II – Le développement de l’orientalisme

L’évolution de l’orientalisme accompagne et encourage l’expansion de la société occidentale.

1) L’évolution de l’orientalisme

a) La « super-structure » orientaliste

Progressivement, l’homme de sciences devient un acteur privilégié qui se veut indispensable à la compréhension de l’Orient.

Said cite Sylvestre de Sacy : « rien n’est plus important que de jeter les premières bases du Muséum, que je regarde comme le commentaire vivant des dictionnaires et leur indispensable truchement » et Said de remarquer, la racine arabe du mot « truchement » qui signifie « intermédiaire », « porte-parole ».

Renan, de son côté, croit définir l’Orient à travers la philologie.

Cette discipline qui reste tournée vers le passé, ne délivre pas le savoir sous forme immédiate et a donc pour avantage de conforter le rôle et la place du spécialiste.

b) Du savoir au jugement de l’autre

La méthodologie même de l’orientalisme se plaçant dans le passé pour étudier, non seulement l’Orient classique, mais aussi le présent de l’Orient – ce qui est la même chose puisque son postulat est que l’Orient ne sait pas évoluer – fait naître une « asymétrie ».

Cette « asymétrie » favorise l’émergence d’une vision binaire du monde - l’Occident d’un côté, l’Orient de l’autre - assortie bientôt de jugement de valeurs.

L’Orient est présenté, catégorié du grec « Katégorein » qui signifie « énoncer » mais aussi « accuser ». « L’Orientaliste-médecin » se fait donc aussi juge, positionnement renforcé par son association avec les disciplines comparatives. L’orientalisme participe et encourage ainsi le discours sur l’inégalité de l’autre.

De l’inégalité à la supériorité ethnocentrique, de la supériorité à la domination, l’occident va prouver qu’il n’y a qu’un pas.

2) Relation entre savoir et pouvoir

a) De « la décadence » à l’appropriation

L’Orient est considéré comme décadent, une civilisation qui ne connaît pas la raison, aussi est-il « naturel » pour l’Occident de lui venir en aide (4) ou de « lui montrer le chemin ».

D’après Renan, ce sont les idées qui mènent le monde et on voit bien comment implicitement l’orientalisme appelait l’Occident en Orient.

Non seulement en tant que discipline, l’orientalisme avait absorbée l’Orient mais il avait aussi participé à créer le fond culturel et idéologique appelant et justifiant la colonisation.

Pour parodier Kant (5), « l’impossibilité » de connaître l’Orient avait conduit les orientalistes non à le décrire mais à prescrire ce qu’il devait être, c’est-à-dire un objet.

L’histoire allait faire de lui l’objet des empires européens avant qu’il ne devienne celui d’une nouvelle domination, celle des Etats-Unis. Dans tous les cas, l’orientalisme est l’allié du pouvoir.

b) L’orientalisme au service de l’impérialisme

Curzon expliquait à la chambre des Lord en 1909 : « notre familiarité, non seulement avec les langues des hommes de l’Orient, mais avec leurs coutumes, leurs manières de sentir, leurs traditions, leur histoire et leur religion, notre capacité à comprendre ce qu’on peut appeler le génie de l’Orient est la seule base sur laquelle il se peut que nous soyons capables de maintenir à l’avenir la position que nous avons gagnée » (6) ; dans une conférence, cinq ans plus tard, il parle de « devoir patriotique » (7).

Aux Etats-Unis, bientôt, l’orientalisme n’est plus une discipline à part entière mais est absorbée par les sciences sociales, au service de l’administration et de la politique.

Insufflée par l’Orientalisme, l’expérience occidentale (8) a corroboré le savoir orientaliste ; voyons l’empreinte contemporaine de ce dernier.

III – L’orientalisme contemporain

Après la première guerre mondiale, l’orientalisme va s’adapter au contexte historique et conserver toute son influence.

1) La confrontation au « réveil oriental »

Comment l’orientalisme conçu en Occident - pour l’Occident - a-t-il géré le réveil de l’Orient ?

a) La discipline face aux faits

La philologie a expliqué à l’Occident que l’arabe n’avait pas l’idée de se rebeller contre un gouvernement injuste. Said cite Bernard Lewis (9) : « La doctrine occidentale sur le droit de résister à un mauvais gouvernement est étrangère à la pensée islamique ».

L’Occident ne pouvait donc envisager une rébellion, ni la comprendre puisqu’il pensait être investi d’une « mission civilisatrice », bienfaitrice pour l’Orient.

En outre, l’oriental est considéré comme un homme passif, incapable de s’organiser…

Le réveil de l’Orient aurait donc dû produire un séisme au sein de l’orientalisme, c’était sans compter sur la force du « dogme ».

b) L’auto confirmation de l’orientalisme

La rébellion de l’Orient est étudiée par l’orientalisme qui en donne une interprétation qui confirme « son Orient » (10).

Cet état de fait ne fait que traduire l’instabilité de l’oriental, « le carnage permanent de l’indifférence orientale » (11), c’est-à-dire son incapacité à vivre en paix.

Sylvain Lévi, président de la société asiatique entre 1928 et 1935, professeur de sanscrit au collège de France explique en 1925 : « Nous avons cru les élever dans l’ordre humain sans nous poser la question si nous leur assurions plus de bonheur […] La somme de bonheur a diminué […] Cette déception se traduit en rancune […] Tâchons de l’assister » (12).

En outre, face à la peur (13), le savoir orientaliste est plus que jamais mis à contribution pour mieux « appréhender » (14) l’Orient.

Ce qui pourrait être interprété comme des forces de l’Orient - la famille par exemple -, n’est pas abordé ou vu comme la confirmation de l’impossible entrée de l’Orient dans la modernité - du moins sans l’aide de l’Occident.

Le réveil oriental, et la perspective d’un éventuel « choc des civilisations » qui en découle, a donc modifié les préoccupations de l’orientalisme mais pas le discours divulgué aux quatre coins de la planète.

2. L’expansion de l’orientalisme

a) La diffusion de l’orientalisme

Comme nous l’avons dit, l’orientalisme présente - donne la représentation - de l’Orient.

L’explosion de la société de l’image et la vulgarisation de l’information lui offrent donc une scène propice à son développement et à celui des stéréotypes.

Les Etats-Unis se sont engagés dans la propagande.

Dans son livre, « l’occidentalisation du monde à l’heure de la globalisation » Serge Latouche cite un ancien conseiller du président Clinton qui en 1997 déclarait :

« Pour les États-Unis, l’objectif central d’une politique étrangère de l’ère de l’information doit être de gagner la bataille des flux de l’information mondiale, en dominant les ondes, tout comme la Grande-Bretagne régnait autrefois sur les mers. […]" Il concluait en affirmant que ce qui est bon pour les États-Unis est bon pour l’humanité : « Les Américains ne doivent pas nier le fait que, de toutes les nations dans l’histoire du monde, c’est la leur qui est la plus juste, la plus tolérante, la plus désireuse de se remettre en question et de s’améliorer en permanence, et le meilleur modèle pour l’avenir. »

L’orientalisme se globalise et de ce fait infiltre l’Orient réel lui-même.

b) L’orientalisation de soi

On constate que l’élite culturelle va étudier à l’étranger tandis qu’en Orient ces pays étrangers ne sont pas étudiés, pas plus que l’Orient lui-même !

La relation reste donc unilatérale comme la relation commerciale qui inonde l’Orient d’une masse de produits matériels et idéologiques occidentaux.

La domination culturelle participe donc du phénomène, plus ou moins inconscient, d’orientalisation de soi avec pour message l’impératif de se moderniser sur le modèle occidental.

Dans la postface de son livre rédigée en 1994, Said souligne par ailleurs que l’orientalisme en imposant de se positionner « pour » ou « contre », de choisir entre « eux » et « nous », a pour conséquence de durcir le sentiment identitaire.

Conclusion

Avec un Orient devenu instrument de sa propre orientalisation, l’orientalisme semble être parvenu à son paroxysme.

Les réactions très différenciées, à la lecture de « l’orientalisme », entre les Occidentaux et « les autres » soulignent également cette vision bipolaire du monde fondée sur l’essentialisme.

Said nous rappelle pourtant que l’histoire est faite par les hommes et nous invite à une vraie (15) rencontre de l’autre.

Dans ce but, Il nous engage à nous méfier, non pas de cet autre, mais de nous-mêmes.

Il cite Hugues de Saint victor (16): « L’homme qui trouve douce sa patrie est encore un tendre débutant ; celui pour lequel tout sol est comme son sol natal est déjà fort ; mais celui-ci est parfait pour qui le mode entier est comme un pays étranger » ou bien encore la pensée de Gramsci (17): « Le point de départ de l’élaboration critique est la conscience de ce qui est réellement, c’est-à-dire un ‘connais-toi toi-même’ en tant que produit du processus historique qui s’est déroulé jusqu’ici et qui a laissé en toi une infinité de traces, reçues sans bénéfice d’inventaire. C’est un tel inventaire qu’il faut faire pour commencer ».

Un inventaire des orientalistes aurait peut-être permis à l’humanité, toute entière, de progresser vers « la civilisation universelle » que Senghor appelait de ses vœux en 1961 :

« Notre conviction, appuyée sur les faits, est que chacun possède sa part d’humanité et, partant, de vérité, que la civilisation de demain, pour être celle de la Vérité ou, plus modestement pour aider au progrès de l’homme, devra être la symbiose vivante de tous les peuples de tous les continents, de toutes les races, voire de toutes les idéologies. Voilà la civilisation de l’Universel, qui ne peut surgir qu’au ‘rendez-vous du donner et du recevoir’, qui naîtra dialectiquement de la confrontation de toutes les civilisations particulières ».

L’orientalisme ne donne pas de recette miracle.

Dans la préface du livre, Tzvetan Todorov (18) fait remarquer que Said « fustige l’intolérance des hommes à l’égard des « barbares » mais ne nous enseigne pas comment concilier l’impératif moral « soyez tolérants » avec la constatation historique : « les hommes ne l’ont jamais été » (19). Il ajoute que c’est peut-être le propre du savoir tel que le voudrait Said : plutôt que de nous enfermer dans les réponses, il maintient salutairement les questions.

Peut-être Said est-il aussi d’accord avec Fanon lorsque ce dernier énonce « toute critique de l’existant implique une solution, si tant est qu’on puisse proposer une solution à son semblable, c’est-à-dire à une liberté » et peut-être est-ce la raison pour laquelle la réponse de Said à l’orientalisme est un appel, l’appel à un « humanisme éclairé ».

« Des Idées »

I - Les idées mènent-elles le monde ?

Renan, orientaliste de la deuxième génération, qui a consolidé le discours orientaliste (20) disait : « C’est énoncer une vérité désormais banale que de dire que ce sont les idées qui mènent le monde ».

1. Questionnement autour d’une pensée contextualisée

Sur quoi s’appuient les idées ? Sur quelles bases prennent-elles forme dans l’esprit d’un individu ? Une idée peut-elle être « pure », objective ?

Elle semble ne pas naître ex-nihilo mais s’inscrire dans un contexte.

Le contexte du penseur : sa personnalité, sa santé, sa situation personnelle, le groupe auquel il appartient, son savoir et la culture qui l’entoure… (21)

« Idée » et « rationalité » sont-elles forcément liées ?

Le « sujet » n’est-il pas tenter de retenir les idées qui l’arrangent ?

L’individu peut se contenter de se « faire une idée », de généraliser à partir de cas particuliers, auquel cas son raisonnement risque d’être erroné.

Qu’elle option sera retenue, sur quels critères, quand plusieurs idées semblent s’opposer (22) ?

Quel rôle joue la volonté ? Vient-elle se greffer sur l’idée ou la précède-t-elle ?

Quel lien entre « idée » et « idéal » ?

Quel rôle les croyances ont-elles dans notre représentation du monde ?

Jusqu’où influencent-elles nos idées ?

Quel rôle les passions jouent-elles dans l’élaboration des idées ?

Comment après sa conception l’idée se propage-t-elle ?

Reste-t-elle au cœur de l’action où celle-ci est-elle entraînée dans un processus qui échappe à l’idée ? Si passion, devient-elle moteur de l’action ?

Comment l’idée peut-elle aussi s’éteindre, ne plus être jugée valide (ex du communisme aujourd’hui), être dévoyée ou décontextualisée pour servir à des fins qui lui étaient étrangères …

2. De l’idée … au pouvoir de la mettre en œuvre

Le contexte, les faits font émerger des idées mais ils viennent aussi parfois les contrecarrer.

L’idée semble n’être « rien » quelle que soit sa « valeur » si elle ne débouche pas sur un début de concrétisation (23) - à moins, qu’elle ne soit alors le terreau de frustrations susceptibles de nourrir de nouvelles idées teintées d’esprit de revanche -.

Cette concrétisation peut nécessiter un certain état de la technique (24) présentée parfois comme le « moteur » du monde. Mais cette technique n’est que la mise en œuvre de la volonté de l’homme, ou de la société, pour le développement de la science, pour la renommée personnelle ou le prestige d’un pays …

La concrétisation suppose le pouvoir.

Il faut être en mesure de mettre en œuvre l’idée (pouvoir financier, politique …) Il apparaît donc pour certains que ce soit le pouvoir qui mène le monde. Cela faisant regretter parfois que les idées dominantes ne soient pas toujours celles des dominants.

Marc Hunyadi parle de « contexte moral objectif » qui est la résultante de l’ensemble de notre histoire, croyances, normes … mais il indique que « la solution qui s’impose effectivement à une communauté morale est une question historique, et non morale : elle est prioritairement liée aux rapports de forces, aux stratégies de pouvoir, aux conditions politiques. […] Le monde humain est un monde en construction permanente, et la sève de sa préservation est la volonté, non le raisonnement » (25).

Said insiste sur la concordance entre l’évolution de l’orientalisme et l’expansion de la société occidentale. L’idée a en quelque sorte pu prendre forme, a été ainsi confirmée. C’est d’ailleurs intéressant de voir dans les faits l’interdépendance entre « idée » et « action » alors qu’elles s’opposent sur le plan des définitions.

L’étude de l’Orient impliquait-elle forcément son « jugement » puis sa domination ?

Le savoir a été « instrumentalisé » et a progressivement donné l’image de l’autre que l’on attendait. Une image qui justifiait la conquête, qui validait l’idée de la supériorité de l’Occident (26). Autrement dit, c’est aussi la représentation que nous avions de nous même, de notre place dans le monde, de notre rapport à l’autre, représentation construite par l’orientalisme qui a mené en Orient. « L’orientalisme n’est jamais bien loin de ce que Denis Hay a appelé l’idée de l’Europe, notion collective qui nous définit « nous » Européens, en face de tous « ceux-là » qui sont non européens » (27).

II - Une idée de l’Europe

1. Des origines … au flou identitaire

En 1950, Robert Schuman, ministres français des affaires étrangères propose d’instituer la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) préparée par Jean Monnet.

Après la deuxième guerre mondiale, l’heure est la reconstruction. Il convient pour cela de relancer la production de charbon et d’acier. La concurrence que se livrent les ennemis d’hier risque de raviver les tensions et ne permet pas une rationalisation de la production. De ce constat naît l’alliance économique, signée en 1951 - par la Belgique, la France, l’Italie, la République fédérale d’Allemagne, le Luxembourg et les Pays-Bas - mais c’est aussi un projet politique qui motive cette décision, celui d’une construction communautaire destinée notamment à ce que l’Europe retrouve son rang dans le monde.

Monnet veut éviter de tomber dans l’abstraction et souhaite contourner le débat public qui entraînerait d’interminables discussions.

« Messieurs, il n’est plus question de vaines paroles mais d’un acte, d’un acte hardi, d’un acte constructif… La France accomplit le premier acte décisif de la construction européenne et y associe l’Allemagne », déclare Robert Schuman.

S’appuyant ainsi sur la méthode dite « Monnet », l’Europe va se constituer par projets successifs. Elle grandit donc jusqu’à devenir pour certains une « fédération technico-éconimico-juridique » (28).

En 1992, le traité de Maastricht {« officialise » sa vocation politique mais laissée longtemps dans l’ombre au profit d’une Europe économique, l’Union européenne fait des nombreux « euro-sceptiques ».

L’idéal de paix n’est plus aujourd’hui suffisamment porteur, tandis que les difficultés économiques soulignent les limites voire sont imputées à l’Union européenne.

Le « collectif européen » n’a guère d’assise sur lequel reposer rendant floue la ligne de démarcation entre « Européens » et « autre ». Sans doute est-ce une des raisons expliquant les débats autour de l’adhésion de la Turquie. Si l’Union avait une idée plus précise de son identité sans doute serait-il plus facile de savoir si la Turquie peut ou doit ou non l’intégrer. Ce flou identitaire explique peut-être aussi, en partie, l’inquiétude de certains face à l’émergence d’une Union Méditerranéenne

Une communauté politique, démocratique, repose sur la volonté d’être ensemble. Il faut pour cela y voir un avantage, une utilité, une raison d’être. Qu’est-ce qui pourrait permettre comme l’appelait de ses vœux Helmut Schmidt en 2000 de « définir et d’assimiler à notre conscience, parallèlement à nos identités nationales, une identité européenne commune » ?

Les différentes positions des états membres quant à la guerre en Irak n’ont pas permis à l’Union de parler d’une seule voix - accentuant du même coup le questionnement sur sa « légitimité » et son identité.

Construite hors du débat public, il manque aujourd’hui cette Idée de l’Europe qui puisse concrètement la porter. « L’Europe est faite. Reste à faire les européens, pour paraphraser Massimo d’Azeglio, l’un des promoteurs de l’unité italienne au XIXe siècle » (30).

L’Europe serait-elle autre aujourd’hui, existerait-il un véritable sentiment d’être Européens si les pères fondateurs avaient officiellement affiché leur objectif à long terme ? En d’autres termes, ce manque d’identification provient-il du fait que l’idée d’une Europe politique ne soit pas véritablement assumée ?

« Le poids de l’histoire n’est pas assumé : par exemple, la définition d’une Europe politique bute sur la peur de la puissance, peur issue du passé colonial et impérialiste, voire fasciste de certains pays » (31).

Si l’Europe ne peut se dire du fait du passé alors que « l’idéal communautaire commence par un récit des origines » (32), on comprend mieux le trouble de la conscience européenne !

Mais le passé dont il est question ici est bien plus celui du passé des états membres que celui de l’Union en tant que telle.

L’entité Europe, hormis quelques réussites technologiques, n’a pas fourni de hauts faits susceptibles de construire une mémoire collective européenne et un sentiment d’appartenance. Les débats autour de la culture commune européenne (cf symboles devant figurer sur les billets, « racines chrétiennes ») montrent que celle-ci reste à construire.

Cela n’a semble-t-il pas été une priorité ; peut-être l’Union n’en a-t-elle pas encore eu le temps et sans doute est-ce difficile, et forcément un long processus, dans une configuration supra étatique dans laquelle les identités nationales restent bien présentes.

Certains s’appuient sur le rôle unique qu’aurait joué l’Europe dans la création et la promotion des valeurs universelles (33). Cela semble toutefois un peu vague pour emporter l’adhésion des populations et vient souligner la difficulté de mener une politique européenne.

D’après Denis Guénoun (34), en effet, « toute politique européenne est prise dans cette tension : chercheuse d’identité (européenne) elle nie l’impulsion motrice de l’Europe, c’est-à-dire son ouverture ; ne visant que l’universel, elle paraît dissoudre le proprement européen, sa capacité à se distinguer ».

2. Une idée pour l’Europe ?

L’Europe en quête d’identité semble donc devoir se trouver un projet. La psychanalyse des groupes s’intéresse aux « schèmes organisateurs » qui cimentent un groupe ; parmi ces schèmes, « l’appariement » qui correspond au désir de partager une même communauté d’espoir (35).

Pour Denis Guénoun, « il n’est pas avéré que l’énergie mise par une collectivité humaine à s’engager pour une idée soit en proportion avec son adhésion à une image, une représentation consistante ou pleine ».

Autrement dit, une idée « floue » de l’Union, n’empêcherait pas celle-ci d’avancer.

Il s’appuie sur Kant qui considère que l’aspect non figuratif de Dieu dans l’islam et le judaïsme contribue à l’ardeur de la passion religieuse. On peut s’interroger sur le fait de savoir si cette pensée du religieux peut être transposée dans le domaine politique. En parallèle, il convient de se rappeler qu’il s’agit de fédérer autour d’une communauté dont la constitution est relativement récente, et ce, dans le cadre d’une société de l’image et de l’événementiel.

Son second argument repose sur le travail de Claude Lefort qui considère que la démocratie se caractérise par la dissolution de la figure incarnée du corps politique. Cette absence d’identification peut être une cause de fragilité mais aussi fonder une très grande capacité de résistance et de propagation. Lefort constate que la démocratie a ainsi fini par vaincre, au XXème siècle, sur ce terrain où elle paraissait si faible, les totalitarismes étant bien mieux pourvus en figures, images et mythes.

L’Union européenne se « réduirait »-elle alors à la démocratie ?

Notons que si « le modèle institutionnel européen est en soi un modèle éducateur de l’acceptation de la différence et de la place propre à chacun, place tout à la fois unique et limitée » (36), il n’en reste pas moins vrai que ce modèle est aujourd’hui doublement questionné.

D’une part, faut-il poursuivre l’intégration institutionnelle ou rester dans une logique d’équilibre des puissances, ménageant l’autonomie des Etats ?

D’autre part, si la démocratie est la règle au sein des institutions dans les rapports entre Etats-membres, certains soulignent l’implication insuffisante des peuples au sein du modèle européen (37).

Si l’Union européenne s’identifie à la démocratie, elle devra semble-t-il élargir la consultation des peuples … contribuant ainsi à en faire des Européens … ?

Denis Guénoun conclue que l’absence de contenu particulier ou identitaire ne conduit pas nécessairement le combat européen à manquer de combativité ou de puissance.

Pour lui, « l’universalisme européen est peut-être capable de proposer une issue à cette confrontation nationaliste et ‘civilisationnelle’ […] Ce qui fut possible entre France et Allemagne l’est peut-être entre Occident et Islam (ou par exemple entre juifs et arabes). L’Europe se trouve peut-être au lieu exact de ce croisement des frontières (entre nations, entre civilisations), ce qui pose sa responsabilité singulière – et sa force d’avenir. » Mais ne sommes-nous pas revenus là à une vision quelque peu essentialiste, permettant aux européens de se définir ?

En dernier lieu, la représentation de soi est aussi déterminée par le regard de l’autre, l’idée qu’il a de nous (38). Peut-être l’Europe peut-elle se (re)définir en se dégageant de ses présupposés sur elle-même et en s’intéressant à l’autre, en le rencontrant comme nous y invite Said.

Si l’Union doute de ce qu’elle est, peut-être cette démarche peut-elle déjà conduire à s’accorder sur ce qu’elle n’est pas, avant de lui permettre de se positionner et de se définir en réponse au regard de l’autre.

Il ne s’agirait pas ici d’une projection de ce qu’elle serait sur les autres, définis à contrario, ni une définition de ce que serait les autres pour justifier de ce qu’elle est mais une rencontre avec l’autre pour se redéfinir ensemble.

Notes

  • Auteur de la fiche : Carole GRANCHAMP.

  • (1) : Sur la musique et la politique, avec Daniel Barenboïm :

    • « Parallèles et paradoxes : explorations musicales et politiques » Le Serpent à Plumes, 2003.

    • Création de « l’Orchestre Divan occidental-oriental » visant à promouvoir la paix au Proche-Orient.

  • (2) : « J’ai connu des nègres à la Faculté de médecine … en un mot ils étaient décevants ; le teint de leur peau devait leur permettre de nous donner l’opportunité d’être charitables, magnanimes, ou scientifiquement amicaux. Ils avaient failli à ce devoir, à cette exigence de notre bon vouloir. Toute notre larmoyante tristesse, toute notre sollicitude roublarde nous restait sur les bras. Nous n’avions pas de nègres à cajoler, nous n’avions pas de quoi les haïr non plus ; ils pesaient à peu de chose près, notre propre poids dans la balance des petits travaux et des maigres tricheries quotidiennes ». Michel Salomon « D’un juif à des nègres » Présence africaine n°5 p 776 cité par Fanon dans « Peau noire, masques blancs » 1952.

  • (3) : L’orientalisme p 120.

  • (4) : « On a voulu faire croire que l’Egypte était une belle au bois dormant que Bonaparte a réveillée ! C’est un mensonge ! On dit qu’il nous a amené la démocratie, qu’il nous a libéré du joug des mamelouks, c’est faux, ce mouvement était amorcé bien avant lui ! On parle des savants, mais on les monte en épingle ! Ils n’étaient pas là pour la beauté de la science, mais pour servir Bonaparte, leur travail premier consistait à donner les outils pour mieux asservir les égyptiens ! Cette expédition n’était qu’une guerre colonisatrice ! ». Leila Enan, ancien professeur de civilisation française à l’université du Caire. Extrait d’un article du magazine GEO Histoire du 4ième trimestre 2007 consacré à Napoléon.

  • (5) : Kant : il est impossible de connaître la chose en soi, le rôle de la raison n’est donc pas de décrire ce qui est, il est de prescrire ce qui doit être. « Le sujet ne retrouve dans l’objet que ce qu’il y a mis. »

  • (6) : L’orientalisme p 245.

  • (7) : Idem p 246.

  • (8) : « La période pendant laquelle les institutions et le contenu de l’orientalisme se sont tellement développés a coïncidé exactement avec celle de la plus grande expansion européenne : de 1815 à 1914, l’empire colonial direct de l’Europe est passé de 35% de la surface de la terre à 85%.» L’orientalisme p 56.

  • (9) : L’orientalisme p 343 - Essai « Islamic Concepts of Révolution ».

  • (10) : « L’Orient n’est plus le lieu imaginaire d’une interrogation sur le rapport à soi et à l’Autre car il est devenu le lieu d’exploits et d’exploitations, d’un rejet et d’une inhospitalité destructrice. S’apparentant à une surface sans aspérités et sans profondeur, l’Orient s’est transformé en l’existence d’un miroir déformant d’une propension à une jouissance narcissique planétaire. Surface qui ne réfléchit que le culte de soi et l’acculturation et a renvoyé à la nuit la plus épaisse l’expérience de l’Etranger ». Okba Natahi, psychanalyste « Dynamique du Divers et problématique de l’Etranger » dans ouvrage collectif « L’étranger et le différent dans l’actualité du lien social » sous la direction de Rajaa Stitou, Editions Pleins Feux, collection « L’impensé contemporain »

  • (11) : Citation d’Elie Faure, L’orientalisme p 283.

  • (12) : L’orientalisme p 278

  • (13) : Nietzsche : « L’Orient et l’Occident sont des traits que quelqu’un dessine à la craie sous nos yeux pour nous prendre à notre propre jeu pusillanime. »

  • (14) : Le mot « appréhender » et ses différents synonymes résume bien la démarche scientifique et idéologique de l’orientalisme et ses conséquences : Appréhender = saisir, percevoir, pénétrer, entendre, connaître, comprendre, prendre, apercevoir, concevoir, craindre, pressentir, redouter, se saisir, se défier, sauter, avoir peur, piper, arrêter, arquepincer, alpaguer, trembler. www.cnrtl.fr/synonymie/appréhender.

  • (15) : Extrait du livre de Jean-Louis Sagot-Duvauroux « On ne naît pas noir, on le devient ». Albin Michel. « (…) notre amitié, si elle voulait toucher à une certaine vérité, s’approfondir et durer, devrait surmonter une situation à laquelle nous ne pouvions rien : le lourd déséquilibre qui marque les rapports entre (…) l’identité blanche et l’identité noire. De ce point de vue nous n’étions pas du même côté. Pour Harouna, impossible de zapper les innombrables signes de la domination blanche et de la gloire européenne. Il fallait qu’il s’y confronte, qu’il en affronte le cuisant inconfort identitaire. Pour les dépasser, les incantations anticolonialistes ne suffiraient pas et il ne pourrait s’éviter le travail intime sur le sens de ces signes. Moi, je leur réglais leur compte en trois coups de cuiller à pot, SANS MEME SOUPCONNER QUE MON AISANCE EGALITARISTE TENAIT JUSTEMENT A MA POSITION DOMINANTE. De là où j’étais assis, qu’il y ait ou non des ponts dans les dunes, c’était bien égal et la poésie suffisait. Pour Harouna, ce n’était pas tout à fait le même enjeu »

  • (16) : Hugues de Saint victor dans « Didascalion », L’orientalisme p 290

  • (17) : L’orientalisme p 39.

  • (18) : Philosophe et historien français L’orientalisme p 10.

  • (19) : « On pourrait faire un livre énorme, tout composé de pareils passages. Nos histoires, nos discours, nos sermons, nos ouvrages de morale, nos catéchismes respirent tous, enseignent tous aujourd’hui ce devoir sacré de l’indulgence. Par quelle fatalité, par quelle inconséquence démentirions-nous dans la pratique une théorie que nous annonçons tous les jours ? Quand nos actions démentent notre morale, c’est que nous croyons qu’il y a quelque avantage pour nous à faire le contraire de ce que nous enseignons ; mais certainement il n’y a aucun avantage à persécuter ceux qui ne sont pas de notre avis, et à nous en faire haïr. Il y a donc, encore une fois, de l’absurdité dans l’intolérance. ». Voltaire, Traité sur la tolérance.

  • (20) : L’orientalisme p 154.

  • (21) : L’exemple de Bonaparte est parlant : cet écolier médiocre et solitaire va découvrir la géographie, l’empire d’Alexandre, jusqu’à se convaincre que « l’Orient n’attend qu’un homme » Cf Magazine « Géo Histoire » Octobre 2007 Consacré à Napoléon p 17.

  • (22) : Said a beaucoup été critiqué pour avoir considéré que « même » Marx avait laissé ses théories être submergées par l’orientalisme - voir « L’orientalisme » p 178.

  • (23) : Voir « Conférence sur l’efficacité » de F. Jullien. Il démontre comment la pensée européenne se fixe un objectif puis fait en sorte d’adopter les moyens les plus adéquats pour l’atteindre. Parfois, en « forçant » les choses, sans changer de stratégie - même si celle-ci fait fausse route puisqu’il n’y a pas d’autre alternative que le pré-pensé de départ -. La pensée chinoise semble au contraire ne pas élaborer de plan d’action et s’appuyer sur le contexte.

  • (24) : A propos du canal de Suez : « Napoléon lui-même s’était intéressé au percement d’un canal, mais il n’avait jamais cru, trompé en cela par les experts, que ce fut un but réalisable » L’orientalisme p108.

  • (25) : « Je est un clone » Marc Hunyadi p 44.

  • (26) : « La conquête de la terre, qui consiste principalement à l’arracher à ceux dont le teint est différent du nôtre ou le nez légèrement aplati, n’est pas une fort jolie chose, lorsqu’on y regarde de trop près. Ce qui rachète cela, c’est l’Idée seulement. Une idée derrière cela, non pas un prétexte sentimental, mais une idée et une foi désintéressée en elle, quelque chose, en un mot, à exalter, à admirer, à quoi l’on puisse offrir un sacrifice … ». Joseph Conrad, écrivain anglais dans « Cœur des ténèbres »

  • (27) : L’orientalisme p 19.

  • (28) : « L’Union européenne en quête d’un projet » Anne-Cécile Robert. Manière de voir. Le Monde diplomatique N°92 - Avril - Mai 2007.

  • (29) : Cf « L’Union européenne en quête d’un projet ».

  • (30) : Cf « L’Union européenne en quête d’un projet ».

  • (31) : Cf « L’Union européenne en quête d’un projet ».

  • (32) : « Le fondement imaginaire des sociétés » Sciences Humaines - L’origine des sociétés N°09 Décembre 2007.

  • (33) : Cette définition est dénoncée par un certains nombre de penseurs, notamment l’islamologue Mohammed Arkoun, qui y voient la prolongation de la tradition coloniale. « En voulant définir son identité même par les droits de l’homme, l’Europe ne s’approprie-t-elle pas un héritage qui, en réalité, est mondial ? En se présentant comme porteuse de l’universel dans le monde, n’introduit-elle pas un biais fondamental dans le dialogue qu’elle veut instaurer avec d’autres cultures ? Alternatives Internationales N°36 Septembre 2007.

  • (34) : « L’Europe et son idée ». Note pour la table ronde « un projet pour l’Europe » de la commission Européenne. Mai 2003 de Denis Guénoun Professeur Université Paris Sorbonne.

  • (35) : Les sujets sur lesquels s’engager ne manquent pas (œuvrer pour la paix ; pour un rééquilibre des rapports Nord-Sud, faire une « Europe verte » en pointe sur le plan écologique …) Reste à obtenir l’adhésion des membres sur les priorités.

  • (36) : « Chine brune ou Chine verte » Benoit Vermander

  • (37) : Cf « L’Union européenne en quête d’un projet »

  • (38) : Exemple d’une représentation de l’Europe à l’extérieur : « Une Europe de plus en plus islamisée sera de plus en plus hostile à Israël et aux Etats-Unis, et cette tendance ira en s’intensifiant au fur et à mesure de la croissance de la population musulmane […] L’influence politique musulmane continuera de se développer et de s’étendre, et les dirigeants européens ne pourront que difficilement faire abstraction des exigences de la communauté. Israel et les Etats-Unis ne doivent donc pas trop compter sur L’Europe dans les crises qui s’annoncent pour les prochaines décennies. L’Europe telle que nous la connaissions appartient désormais au passé. » « Au secours, voilà l’eurabia ». Paru dans le quotidien israélien « Jérusalem Post » - janvier 2007.