Xavier Guigue, Bruxelles, mars 2005
Dynamiques de paix, démocratie et non violence
Un triptyque indispensable pour donner vie à la reconstruction politique d’un pays ou d’un peuple traversé par la violence.
Mots clefs : Idées et valeurs | Organisations citoyennes et leaders pour la paix | Résister pacifiquement à la guerre | Proposer un nouveau projet de société
Parce que l’homme se construit dans sa relation à l’autre, il vit des situations conflictuelles quotidiennes. Il cherche à les résoudre, à les fuir, à les affronter. Et quand l’autre ou lui-même a choisi la voie de l’oppression, lui-même ou l’autre résiste, lutte pour ses droits ou bien n’a plus la force ou le courage de combattre. Dans ces situations conflictuelles, dans ces rapports de forces qui n’aboutissent pas, certains peuvent faire le choix de la violence, le choix de moyens qui nient et détruisent l’humanité de l’autre. Il y a alors perte de sens. A l’opposé, les dynamiques de paix sont à la recherche de solutions politiques. Elles pratiquent explicitement ou implicitement la non-violence et usent de moyens démocratiques.
Pratiques de la non-violence
En affirmant leur volonté de chercher des solutions par la négociation, le dialogue… les initiatives en faveur de la paix redonnent du sens, de la sagesse, de la raison… à une situation qui perdure dans une escalade de la violence. Ceci ne veut pas dire qu’elles se compromettent avec ceux qui choisissent l’oppression, mais qu’elles proposent des méthodes d’actions qui sont efficaces et beaucoup moins coûteuses que l’usage et les conséquences de la violence. Elles apportent un savoir-faire et des compétences qu’elles partagent avec d’autres ; en ce sens, elle contribue à l’apprentissage du vivre ensemble. Elles s’inscrivent dans une stratégie à long terme qui les opposent aux idéologies et aux pratiques productrices d’exclusion et de discrimination…
Pratiques démocratiques
Les dynamiques de paix sont le ferment d’une société civile qui sort la politique de l’isoloir pour rendre publique la politique. Elles s’opposent au regard humanitaire qui ne voit que la victime pour se montrer acteurs, vivants, capables et non pas assistées. Elles veulent sortir du simplisme qui oppose le « bien au mal » pour accepter la complexité du réel. Elles font donc le choix du débat, de la construction de la démocratie qui se situe entre ce monde où nous vivons et cette société parfaite qui aurait la prétention d’en finir avec notre histoire. Elles engagent chacun à être responsable par les qualités humaines de ses propres actes.
Reconstruction
Reconstruire durablement un pays, un peuple déchirés par une guerre demande de s’appuyer sur le tissu social qui a agi dans le respect des pratiques précédemment citées. Plus encore, cela demande une implication de ces acteurs dans les processus politiques à venir, ce qui est parfois difficile : si le combat contre la violence demande du courage, il a l’avantage d’être très tranché, tandis que dans les eaux troubles des sorties de guerre, si le courage est moins nécessaire, la lucidité l’est davantage.
Pratiques démocratiques, démarches non-violentes, dynamique de paix se nourrissent l’un l’autre. Elles répondent à une dimension fondatrice de notre humanité, parce qu’elles portent en elles du sens. Et dans le même temps elles répondent à des besoins très concrets d’organisation sociale parce qu’elles sont aussi des modes d’action.