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Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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Fiche d’analyse

, Bangkok, septembre 2005

1998-2004 : Echec des premières négociations entre le GAM et le gouvernement indonésien

La chute de Suharto représente sans conteste une fenêtre d’opportunité pour la résolution du conflit en Aceh. Le changement de présidence fait naître les espoirs d’un véritable bouleversement a l’échelle de l’archipel qui se met à rêver de démocratie et de respect des droits de l’homme. Des structures en place depuis plusieurs années ne risquent cependant pas de se voir balayer si facilement. Si un nouveau mode de relation se met en place entre le mouvement rebelle acehnais et le gouvernement central indonésien, mettant de côté la violence pour y préférer le dialogue, la première tentative se soldera par un échec.

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I. La négociation comme nouveau mode de relation

1. Le NAD, compromis unilatéral

En 1998, au moment où il prend la présidence par interim, Habibie n’a d’autre possibilité que le compromis politique pour tenter d’apaiser les tensions. La concession choisie s’articule autour du concept d’ « autonomie spéciale » comme alternative intermédiaire entre le statut actuel et l’indépendance.

« Special autonomy provides a huge boost to provincial and district government revenue that could be used to improve the welfare of the acehnese people. The law also paves the way toward greater local participation in government, including the eventual direct election of the heads of provincial and district government » (1).

Le Nanggroe Aceh Darussalam (NAD)(2) est ainsi supposé allouer à la province 80 % des revenus liés à l’exploitation des ressources naturelles (contre 15 % pour le pétrole et 30 % dans le gaz pour les autres provinces de l’archipel). Il prévoit l’organisation d’élections directes pour le gouverneur et les Bupati (3) et le droit de veto du gouverneur lors de la nomination du chef de la police de la région. Le statut accorde l’existence d’un chef d’Etat symbolique (Wali Nanggroe) (4) et d’un conseil délibératif des chefs communautaires (Tuha Nanggroe). Il stipule enfin l’application de la loi islamique – Charia – dans la province.

2. Premier accord, premier échec : la pause humanitaire

Percevant les limites de cette première concession, Abdurrahman Gus Dur Wahid (5) décide, suite à son accession à la Présidence, de mener parallèlement au NAD, un véritable processus de négociations (6). Les deux parties semblant reconnaître que le «hurting stalemate» (7) du conflit est atteint, l’opportunité pour l’organisation de négociations est à saisir. C’est ce que fait, dès le 30 janvier 2000, le Centre Henri Dunant (HDC), basé à Genève.

« The strategy of the peace process, as conceived by its Geneva-based mediator, was to bridge the gap between the two sides by shifting to focus away from incompatible goals towards more immediate concerns such as reduction in hostilities, disarmement, reconstruction and the like. It was hoped that the two sides would be able to develop greater confidence in one another and perhaps eventually come up with unexpected and creative means to resolve the underlying political difference. » (8)

En adoptant une stratégie progressive, le HDC parvient à faire signer, le 12 mai 2000, un premier accord de cessez-le-feu, qualifié de « pause humanitaire » (9) puisqu’il vise essentiellement à permettre la distribution de l’aide aux populations de la province touchées par le conflit. Dès le 2 juin, les mécanismes de mise en œuvre de l’accord sont en place (10). On observe ainsi une véritable chute des tensions dans la province lors des premiers mois du cessez-le-feu (11). Mais à l’automne, la pause n’est plus qu’un souvenir :

« By the latter part of 2000, the formal continuation of the humanitarian pause bore less and less relation to conditions on the ground. (…) The situation deteriorated to such an extent that in the first half of 2001, most of the major international agencies fund it impossible to function » (12).

Moins d’un an après la signature de l’accord, Wahid, pris dans la tempête présidentielle (13), opte pour la méthode forte et relance en avril 2001 les opérations militaires en Aceh (14). La pause humanitaire est ainsi un premier pas significatif entre les deux parties mais elle installe également un motif récurrent pour les années à venir : « agreements reached in negociations were vulnerable to the divisions and reservations marking by both sides » (15).

3. Le CoHA, nouvelle chance pour la paix

Parallèlement à l’usage de la force sur le terrain, le processus politique unilatéral continue son cours à Jakarta et la loi sur le NAD s’élabore de plus en plus précisément (16). Le processus bilatéral, lui, ne reprend qu’en février 2002, après dix mois de rupture diplomatique. Il faudra à nouveau dix mois de négociations sous l’égide du Centre Henri Dunant pour que soit signé un nouvel accord : le Cesession of Hostility Agreement ou CoHA (9 décembre 2002) (17). Afin de mettre fin aux hostilités, l’accord prévoit notamment deux grandes mesures de démilitarisation (18), la réactivation du Joint Security Commitee (19) et, point nouveau, la présence d’observateurs internationaux chargés de veiller au respect du texte. Le CoHA se veut ainsi la première étape d’un processus permettant de passer ensuite à un dialogue plus global (20) entre les parties. Pour le moment, « as its title indicates, this was a framework agreement that left many issues unresolved » (21).

Lors des premiers mois suivant la signature de l’accord, la situation s’améliore visiblement (22). Mais comme lors de la première pause, au bout de quelques temps, « each side was accusing the other of major violations » (23). En mars et avril, la situation ne fait qu’empirer et lors de la dernière rencontre, à Tokyo le 18 mai 2003, les espoirs de paix volent en éclat, les deux parties s’étant retranchées sur leurs positions. A minuit, la Présidente signe le décret relançant les opérations militaires en Aceh (Operasi Terpadu ou « Opération Intégrée ») et y instaurant la loi martiale pour une durée de 12 mois.

On assiste donc en quelques années à deux échecs consécutifs des tentatives d’accords de paix en Aceh. Ces échecs méritent une attention particulière, qu’il s’agisse de leurs causes – phénomènes sous-tendant les négociations – ou de leurs conséquences – logiques accompagnant la loi martiale de 2004. C’est toute l’histoire d’Aceh et ces évolutions des toutes dernières années qui font de la situation d’Aceh ce qu’elle est, à la veille du tsunami du 26 décembre 2004.

II. Jeu à somme nulle et option militaire

1. De la conflictualité du processus de négociation (24)

a. La nature même du processus (25)

Plusieurs facteurs majeurs sont à l’origine de l’échec des processus de paix du début des années 2000. La première faiblesse vient incontestablement de la nature non-gouvernementale du HDC, chargé de la médiation entre les parties au conflit. Une ONG peut en effet difficilement espérer avoir l’impact d’un Etat tiers ou de l’ONU, le problème majeur étant la mise en œuvre de l’accord obtenu (26) lors d’un tel processus. La stratégie adoptée par le médiateur était peut-être elle-même insuffisante, celui-ci ayant simplement cherché à obtenir des cessez-le-feu, remettant à plus tard les questions de fond. Enfin, une contrainte majeure du processus était la mise à l’écart de nombreuses forces socio-politiques acehnaises (27). La présence d’autres acteurs plus modérées aurait peut-être permis d’éviter l’affrontement direct entre le GAM et Jakarta et d’atténuer l’intensité de la dimension conflictuelle de la relation ente les deux camps.

b. Concession unilatérale, insatisfaction générale

Les positions des deux camps sont extrêmement fermes et tendues à leur arrivée aux négociations : le GAM refuse de revenir sur son désir premier d’indépendance (28) tandis que le gouvernement n’accepte les discussions que si celles-ci se déroulent dans le cadre du NKRI. La stratégie de Jakarta consiste donc à proposer un simple aménagement, le NAD (29). Ce statut ne satisfait pourtant personne, ni le GAM qui l’estime insuffisant, ni la TNI à qui il fait perdre de l’influence dans la province, ni les nationalistes radicaux qui voient en ce statut un premier pas vers la désintégration de l’archipel. Le gouvernement impose le NAD comme ultime solution (30) alors que le consensus n’est ni interne ni externe (31).

La mise en œuvre de l’autonomie spéciale pose par ailleurs de sérieux problèmes (32) et finit même par faire pencher les élites urbaines traditionnellement pro-Jakarta dans le camp sécessionniste.

c. Contexte national et résurgence des militaires

« Abdurraham Wahid initiated talks during a brief window of opportunity when the TNI was on the political defensive ; indeed a major cause for the breakdown of the peace process in subsequent years was the reconsolidation of the military’s political position » (33).

Au début des années 2000, les militaires retrouvent en effet un rôle de premier plan, suite à la destitution de Wahid tout d’abord (34), à la présidence intérimaire de Megawati Sukarnoputri ensuite (35), aux attentats de Bali enfin (36). Il apparaît donc inconcevable que dans cette position de force, l’armée indonésienne laisse échapper la manne qu’Aceh représente pour eux (37). Ainsi, dès le début du processus de paix, « instead of dialogue military leaders called for emergency rule » (38). Sur le terrain, ils contribuent à faire monter les tensions (39).

d. Le GAM: course contre la montre et quête d’internationalisation

De son côté, le GAM sait qu’il ne peut vaincre l’armée. Hassan di Tiro est néanmoins persuadé que l’Indonésie est une création coloniale artificielle vouée à imploser. La guérilla doit donc jouer avec la montre. En attendant, le mouvement parie sur l’internationalisation du conflit (40). Ses dirigeants estiment que si, à l’instar des Timorais, ils disposent du soutien de la communauté internationale, ils peuvent arracher l’organisation d’un référendum sur l’indépendance de la province. La guérilla profite des cessez-le-feu pour se renforcer militairement (41) et étendre sa présence à des zones éloignées de ses districts d’origine (42). Elle implante une administration parallèle et lève l’impôt, notamment sur les commerçants et les fonctionnaires. Comme la négociation fait partie de la stratégie à plus long terme du mouvement, il est absolument hors de question d’envisager le dépôt des armes : le processus de démilitarisation ne commencera jamais (43). On peut finalement considérer les négociations comme une victoire du GAM, celles-ci ayant permis au mouvement rebelle d’attirer l’attention de la communauté internationale, de se voir reconnu comme l’interlocuteur de Jakarta et par-là même, de bénéficier d’une certaine légitimité (44). Au final, entre 2000 et 2003 :

« All sides viewed the process primarily in tactical terms – as a mean to undermine their opponents, force their surrender, or gain some other short-term advantage. Far from building trust, the process served ultimately to entrench the positions of the two sides and deepen the division between them » (45). « Above all it failed to bridge the gap between GAM’s position of “nothing but independence” and Indonesia’s position of “anything but independence” » (46).

2. Loi martiale et opérations militaires : « DOM II » (47)

En mai 2003, la Présidente Megawati opte donc pour la solution militaire et signe un décret plaçant Aceh sous loi martiale.

« The General Endriartono Sutarto ordered the tens of thousands of troops assembled in the province to launch a ‘Security Restoration Operation’ aimed at ‘destroying GAM forces down to their roots’. Their job, he said, was simple: ‘they have the task of finishing off, killing, those who still engage in armed resistance » (48).

En principe, les opérations militaires doivent s’accompagner de gestes destinés à gagner les cœurs des Acehnais pour les couper de la guérilla : aide humanitaire aux déplacés (49), lutte contre la corruption dans une administration locale connue pour sa vénalité (50), etc. Mais en pratique, les méthodes militaires prévalent. La province est fermée aux humanitaires ainsi qu’aux journalistes étrangers et au cours de la première grande offensive, 500 écoles d’Aceh sont incendiées (51). Le GAM subit de lourdes pertes et se replie dans les zones rurales et montagneuses de l’intérieur (52). La population civile n’est pas épargnée (53) puisqu’il s’agit à nouveau de l’éloigner du mouvement rebelle. Cette politique d’éradication a déjà fait preuve de sa contre-productivité au cours de la décennie précédente. La loi martiale de 2003 reprend pourtant les mêmes logiques :

« Jakarta is managing to alienate Acehnese even further. Virtually everything it is doing now - forced participation in mass loyalty oaths, forced displacement of villagers, arrests not just of GAM fighters but of people branded “GAM sympathizers” and background check on civil servant - are tactics used before, to disastrous effect. They do not help end separatism: they generate more support for it » (54).

A la veille du tsunami, Aceh est donc une région en conflit depuis plus de trente ans sans que les parties ne semblent prêtes à reconnaître l’épuisement de l’option militaire (55). Malgré l’organisation des premières négociations entre le GAM et Jakarta, la province est depuis 2003 un haut lieu des activités militaires de l’archipel.

Certes, la loi martiale et l’Etat d’urgence qui l’a suivie en mai 2004 ont permis d’affaiblir le mouvement sécessionniste. A la fin de l’année 2004, « la guérilla est faible (…), elle a subit des pertes depuis (début 2003) et comprend des groupes autonomes aujourd’hui repliés sur les collines de la côte orientale du nord de Sumatra » (56). Mais l’on sait que c’est de la violence militaire que le GAM a su renaître, après chaque défaite :

« The more casualties inflicted by the security forces, the stronger the resentment engendered among acehnese population and the more support given to separatism (…) In the past, military brutality inflicted on one generation had sown the seeds of rebellion in the next » (57).

Constatant ces faits, il est difficile de croire, en décembre 2004, que l’on puisse prochainement assister à la rupture du cycle oppression/insurrection bien installé en Aceh (58).

Notes

  • (1) : L. Suryadinata, 2002, p.68

  • (2) : Nom officiel d’Aceh depuis l’entrée en vigueur de la loi sur l’atonomie spéciale dans la région; par extension, le statut lui-même est également appelé « NAD » .

  • (3) : Elections normalement indirectes.

  • (4) : Titre traditionnellement donné à Hassan di Tiro.

  • (5) : Aussi appelé Gus Dur.

  • (6) : « This unusual combination of circumstances gave Abdurrahman, a man with a philosophical commitment to the peaceful resolution of communal conflict and a deep suspicion of the military, a window of opportunity to initiate negociations with GAM » , E. Espinall et H. Crouch, 2003, p.9.

  • (7) : Le « hurting stalemate » ou « impasse dommageable »  : quand les parties à un conflit reconnaissent que la violence n’est plus une solution efficace et économique. C’est un des premiers postulats nécessaires à la résolution pacifique d’un conflit (voir J-L. Marret, 2001, p.89 et suivante pour plus de détails). Dans le cas acehnais, le 27 janvier 2000, Hassan Wirajuda, ambassadeur indonésien aux Nations-Unies rencontre Hassan di Tiro à Genève. Selon lui, il a alors reconnu que le gouvernement ne pouvait pas écraser le GAM militairement, ce à quoi Hassan di Tiro a répondu que le GAM n’avait lui non plus aucune chance de vaincre les forces indonésiennes : « with both sides conceding that they faced a military stalemate, they decided to have further meetings » , E. Espinall et H. Crouch, 2003, p.11.

  • (8) : E. Espinall et H. Crouch, 2003, p.14.

  • (9) : Nom intégral de l’accord : ‘Joint understanding for Humanitarian pause for Aceh’.

  • (10) : D’un côté, le Joint Commitee on Security modalities (Komite Bersama Modalitas Keamanan, KBMK : représentants des deux camps basés à Banda Aceh dont la tâche est la réduction des tensions et la cessation de la violence, ainsi que la préparation à la mise en place de la pause sur le terrain et de garantir l’absence d’offensives militaires. De l’autre, le Security Modalities Monitoring team (Tim Monotoring Modalitas Keamanan, TMMK : il est lui-aussi composé de représentants des deux camps dont la tâche consiste à évaluer la mise en place de l’accord et à enquêter sur les violations commises (voir E. Espinall et H. Crouch, 2003, p.15).

  • (11) : On ne dénombre que 69 morts lors des trois premiers mois, alors qu’on en comptait plus de 300 entre janvier et avril de la même année (Ibid, p.18).

  • (12) : Ibid, p.17-19.

  • (13) : « He desesperately reached out for potential allies, wherever he could find them, including the military » , (ICG, 2001, b et c).

  • (14) : Instruction présidentielle (Instruksi Presiden, Inpres) n°4/2001 sur le lancement de l’opération indonésienne pour le Rétablissement de la Sécurité (Operasi Pemulihan Keamanan: Opslihkam). Les militaires en profitent et l’ONG Kontras rapporte 539 morts et 193 accrochages entre avril et août (contre 256 morts et 79 clashes entre janvier et mars de la même année).

  • (15) : E. Espinall et H. Crouch, 2003, p.14.

  • (16) : Elle sera votée le 19 juillet 2002 par le Parlement et proclamée le 9 août par la Présidente Megawati.

  • (17) : Le 3 décembre a lieu la conférence internationale des donateurs à Tokyo.

  • (18) : Soit d’un côté, la création de «sites de placement» , désignés par le GAM, où ce dernier pourra stocker ses armes (consentement nécessaire du HDC pour les en sortir); et de l’autre côté, déplacement simultané des forces de sécurité (TNI et Brimob) et reformulation défensive de leur mandat.

  • (19) : Il a la nouvelle mission de mettre en place des ‘zones de paix’ pour l’acheminement de l’aide humanitaire.

  • (20) : « All inclusive dialogue » , selon l’expression du HDC.

  • (21) : E. Espinall et H. Crouch, 2004, p.34

  • (22) : Le 27 janvier 2003, la première zone de paix est inaugurée à 24 km de Banda Aceh. On en compte dix autres à la fin du mois de mars.

  • (23) : Ibid, p.35.

  • (24) : On observe plusieurs sortes de négociations selon les objectifs réels montrés ou cachés des protagonistes, leur désir réel ou non de trouver un compromis, l’instrumentalisation éventuelle du processus, etc. Ainsi, les négociations peuvent être « intégratives » (ou « à somme croissante » ), quand les acteurs se mettent en disposition de négocier réellement. On parle de négociations « conflictuelles » (ou « à somme nulle » ) quand les positions demeurent tranchées et incompatibles. Pour plus de détails, voir L. Bellenger, 2003.

  • (25) : Pour plus de détails, voir K. Huber, 2004, The HDC in Aceh : promises and pitfall of NGO mediation and implementation, Washington, East-West Center.

  • (26) : Manque de moyens, manque de puissance

  • (27) : Exigence posée par le GAM, préalablement à la mise en oeuvre de toute négociation.

  • (28) : « Agreeing to use the so-called NAD law as a starting point for discussion did not imply that GAM or the Acehnese have accepted it as a form of provincial government. It is a mere platform for exploring other political solution for the future of Aceh (…) For us it is a decolonization process», Malik Mahmud (membre du gouvernement d’Aceh en exil), 22 février 2002, cité par K. Schulze, 2004, p.48.

  • (29) : Il s’agit d’une politique de plus grande ampleur, cette solution ayant été également celle proposée pour le règlement du conflit en Papouasie Occidentale, parallèlement à un processus national de décentralisation – comme part de la réforme politique post-Suharto.

  • (30) : L’ultimatum lancé par le gouvernement au GAM et qui débouche sur la loi martiale de mai 2004 repose sur l’acceptation, par le GAM, du NAD comme solution finale au conflit.

  • (31) : Comme nous le rappelle Lionel Bellenger (2003), la difficulté de l’obtention d’un consensus repose sur le fait que ce consensus doit être double : avec la partie adversaire et au sein des camps eux-mêmes.

  • (32) : « In the process, the notion of ‘special autonomy’ for Aceh has been completely undermined. Not only is policy over everything – security, social welfare, governance - now directed from Jakarta, but also the additional revenue that Aceh was to receive from the autonomy legislation is being ploughed directly back into military operation », E. Espinal et H. crouch, 2004, p. 45.

  • (33) : L. Suriadinata, p.68.

  • (34) : Les militaires participent activement au processus politique de destitution de Gus Dur, leur alliance avec le PDI-P de Megawati ayant été indispensable à l’obtention de la majorité parlementaire nécessaire à la procédure.

  • (35) : Lors de son discours d’investiture, Megawati place l’intégrité territoriale de l’archipel comme première des six priorités nationales.

  • (36) : Le 12 octobre 2002, les attentats de Bali font 200 morts et 300 blessés. S’ensuivent deux décrets anti-terroristes renforçant le rôle des forces de sécurité. Ces attentats font encore grandir la déception quant au processus de Reformasi – au bénéfice des militaires – et la TNI y trouve une justification parfaite de son rôle de garant de la sécurité intérieure. Voir pour plus de détail, ICG, 24 octobre 2002, Impact of the Bali Bombings.

  • (37) : Rappelons que les militaires doivent se financer eux-mêmes à hauteur de 70 % de leur budget. Le pétrole, le gaz, le bois et la marijuana d’Aceh représentent donc à leurs yeux des intérêts économiques vitaux. Les militaires trouvent également leur intérêt dans la montée des tensions en Aceh, les entreprises monnayant leur protection (« the security forces therefore have an interest in keeping the conflict going at a level high enough to make enterprises feel vulnerable and in need of protection » , E. Espinall et H. Crouch, 2004, p.3). Voir également ICG, 2001, Why military forces won’t bring lasting peace, Asia report 17, Bruxelles/Jakarta, ICG.

  • (38) : E. Espinall et H. Crouch, 2004, p.29

  • (39) : « While GAM was debating the details of the draft agreement, the military increased the pressure on the ground » Ibid p.31.

  • (40) : Selon le GAM, l’internationalisation du mouvement est le seul moyen d’accéder à l’indépendance; le GAM espère ainsi bien plus de la communauté internationale que de l’Indonésie elle-même. C’est pourquoi le GAM insiste sur la responsabilité de la communauté internationale dans le processus de décolonisation (« moral obligation to support acehnese self-determination » , H. di Tiro, 1982, p.7) et mène lors de la décennie 90 une campagne active de lobbying auprès des Nations-Unies, des Etats-Unis et de l’Union Européenne. Ainsi, la stratégie du GAM « is based on three pillars: first, the acehnese people, second the Indonesians, and third the international community » (Sofyan Ibrahim Tiba, négociateur pour le GAM). Abdulhah Syafi’ie (ex-commandant en chef de la TNA en Aceh) nous dit également: « GAM relies only 20 % on armed struggle but 80 % on diplomatic struggle » (Ibid, p12).

  • (41) : Le nombre d’armes estimées entre les mains du mouvement a clairement augmenté avec la pause humanitaire de 2000 et le CoHA (voir annexe) : « as it did during the humanitarian pause, GAM also used the CoHA pact to consolidate and then expand its military capacity (…) Weapons too continued to flood in Aceh. » , K. Schulze, 2004, p.48. L’augmentation est également qualitative, le GAM disposant d’armes « home-made » (Rakitan), dont certaines bombes, et des armes à feu standard (volées aux forces de sécurité en majorité, ou originaires du Cambodge - passées par la Thaïlande et la Malaisie avec pour relais des mouvements comme le PULO, Musulmans du sud de la Thaïlande).

  • (42) : On considère le début des années 2000 comme une quasi 3ème phase d’expansion pour le GAM: pendant les deux cessez-le-feu, le mouvement en profite pour recruter, notamment chez les étudiants, et mettre en place les liens avec diverses ONG (SIRA, FARMIDIA, SMUR – idéologie partagée avec le GAM mais dénonciations des méthodes violentes qu’il emploie) – voir les chiffres concernant les adhérents en annexe (Source: K. Schulze, 2004, p.18).

  • (43) : « We have to continue with the negotiations and with the armed struggle. Armed struggle, referendum, negotiations – we’ll see which one but we’ll never give up our right to independence » , Malik Mahmud (membre du gouvernement d’Aceh en exil), cité par K. Schulze, 2004, p.49.

  • (44) : « In the sense that internationalization rather than compromise was GAM’s aim, the movement was successful » (K. Schulze, 2004, p.56). Les négociations ont également renforcé l’autorité du gouvernement en exil sur le terrain puisque les leaders suédois sont reconnus internationalement. Elles ont même contribué au renforcement des capacités de communication entre le commandement en exil et le terrain, les équipements nécessaires ayant été fournis par le HDC (E. Espinall et H. Crouch, 2004, p.12).

  • (45) : E. Espinall et H. Crouch, 2004, p.10.

  • (46) : K. Schulze, 2004, p.45.

  • (47) : Voir Amnesty international, 2004, New military operation : old patterns of human rights abuses in Aceh.

  • (48) : Kompas du 20 mai 2003, cité par E. Espinall et H. Crouch, 2004, p.1.

  • (49) : Précisons que les forces de sécurité contribuent elles-mêmes amplement au déplacement de population, notamment par la politique de « village cleansing » ( voir Anywhere But Fear, 2004).

  • (50) : L’ancien gouverneur d’Aceh, Abdulhah Puteh, a été puni de 10 années de prison pour corruption et détournement de fonds publics en mars 2005.

  • (51) : La TNI affirme qu’il s’agit là d’une action menée par le GAM. L’ampleur du phénomène et les témoignages tendent cependant à accuser les forces de sécurité.

  • (52) : La TNI déclarait au début de la loi martiale que 40 000 soldats (28 000 soldats; 12 000 policiers) affrontaient 15 000 combattants du GAM. Un an plus tard, selon les statistiques militaires, la TNI affirme avoir tué 2 000 membres du GAM et en avoir arrêté 2 100 autres, alors que 1 276 se seraient rendus. 290 ont été blessés.

  • (53) : On estime à 125000 le nombre de déplacés internes dans la province, en mai et juin 2004; s’ajoute à ceci une politique de terreur menée par les forces de sécurité (politique de marquage des maisons d’une grande croix rouge, etc.).

  • (54) : ICG, Aceh : How not to win hearts and minds, Asia Briefing n°27, 23 juillet 2003

  • (55) : « The greatest obstacle to the settlement was that key groups on both sides were simply unwilling to believe their military option were exhausted » , E. Espinall et H. Crouch, 2004, p.54.

  • (56) : Le Monde du 14/01/05.

  • (57) : Ibid p.52.

  • (58) : Cf. « Anti-insurgency Logic », Inside Indonesia, septembre-novembre 2004.