Ficha de análisis Dossier : La politique américaine et ses évolutions depuis le projet du Grand Moyen Orient

Le contenu du projet américain du Grand Moyen-Orient

L’aspect théorique du projet.

Keywords: Actores Políticos. Autoridades políticas y militares. | Sociedad Civil | Practicar el diálogo social para mantener la paz | Reformar las relaciones políticas para preservar la paz | Formar nuevas élites | Reconstruir nuevas relaciones políticas | Medio Oriente

Le contenu du projet de Grand Moyen-Orient

I. Outils économiques

Le projet du Grand Moyen-Orient s’appuie sur des outils économiques tels que la promotion de la croissance économique, ainsi que la micro finance et la privatisation. Il s’agit d’un plan concret destiné au Moyen-Orient et qui tente de prendre en compte tous les domaines y compris économiques pour guider la région vers la démocratie.

  • Promotion de la croissance économique

Le projet américain du GMO (Grand Moyen-Orient) propose la création rapide d’une zone de libre-échange entre les Etats-Unis et le Moyen-Orient comme celles qui ont été négociées avec Israël et la Jordanie, d’ici moins d’une dizaine d’années.A cette fin,les Etats-Unis proposent de commencer par établir des traités bilatéraux d’investissement ainsi que des accords sur le commerce et les investissements avec les gouvernements de la région.Dans le cadre de négociations avec des pays engagés dans une politique de libéralisation de l’économie,ils proposent d’accompagner ce projet d’une offre d’assistance à la construction et à l’expansion des capacités économiques pour intégrer le commerce mondial.

L’un des buts des Etats-Unis est de créer une Société financière du Moyen-Orient qui aidera les petites et moyennes entreprises à acquérir des capitaux.

Afin de réformer les régimes commerciaux, d’améliorer le climat des échanges et de l’investissement, et de renforcer les droits de la propriété,les Etats-Unis proposent une assistance technique

  • Micro-finance et privatisation

La première fois,qu’a été publié un document de travail intitulé « Partenariat G8 Grand Moyen-Orient »,ce fut le 13 Fevrier 2004,dans le journal plutôt "libéral" de langue arabe Al-Hayat.Il provenait du rapport distribué aux dirigeants du G8 en vue du sommet qui a eu lieu du 8 au 10 juin à Sea Island (Géorgie), aux Etats-Unis(1).

Les rapports sur le monde arabe préparés sous l’égide du Fonds arabe de développement économique et social (Fades)(2) et du bureau régional du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD)(3) ont été la base de données de ce document américain qui évoque le niveau de pauvreté, d’illettrisme et de chômage dans les pays arabes pour alerter les membres du G8.

Leurs « intérêtscommuns » sont selon l’administration américaine menacés par « une croissance de l’extrémisme, du terrorisme, du crime international et de l’immigration illégale. » Pour Washington les projets tel que le Partenariat euro méditerranéen (le « processus de Barcelone »(4) et la Middle East Partnership Initiative du département d’Etat américain sont considérés comme complémentaire.

Aux chapitres « Démocratie » et « Société de la connaissance », le document propose une « assistance préélectorale » (aide technique à l’enregistrement des électeurs et formation de personnel) ou l’aide à la mise en place de centres de formation de femmes dirigeantes et de journalistes, d’organismes d’assistance juridique (charia comprise) et d’organisations non gouvernementales, ainsi que l’aide à la formation de 100 000 institutrices d’ici à 2008.

Dans le passage intitulé « Chances économiques », le document propose les innovations appelant à « une transformation économique en renforcant le secteur privé, sésame de ce qu’ont entrepris les pays ex-communistes d’Europe centrale et orientale ». Avec seulement 100 millions de dollars par an sur cinq ans, on pourrait faire sortir de la pauvreté 1 200 000 « entrepreneurs » (dont 750 000 femmes), à coups de prêts de 400 dollars par personne.

D’autres chantiers sont en vue tels que la création d’une Banque du Grand Moyen-Orient pour le développement, sur le modèle de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), même si les pays arabes disposent d’une institution de ce type(le Fades), elle n’est pas dirigée par les pays occidentaux ; la création de zones franches ; et une pression pour que la priorité soit donnée à l’adhésion à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et aux réformes nécessaires à cette fin.

II. Outils sociopolitiques

Le plan américain prévoit aussi d’intervenir dans les structures même de la société arabe en intervenant directement auprès des populations : il s’agit d’un réel bouleversement dans la politique américaine qui jusqu’à présent se contentait de laisser les gouvernements face à leur population ; cela relève de la nouvelle doctrine qui a pris place à Washington.

  • Le projet néo-conservateur

Les néo-conservateurs lient devoir moral et impératif stratégique. Pour eux, les démocraties sont les alliées naturelles de l’Amérique, alors que les ennemis des Etats-Unis sont motivés par leur haine du libéralisme. Face aux nouvelles menaces, les Etats-Unis veulent imposer par la force un changement démocratique dans la région du monde la plus dangereuse.

En politique, le projet du GMO prône un renforcement de la société civile, la promotion de l’État de droit, le renforcement du pluralisme des médias. Le secteur de l’éducation nécessite un accès de tous à l’école, une amélioration des enseignements, la promotion des qualifications adaptées au marché du travail ; et un droit des femmes plus développé.

Le tout pour l’ensemble des États allant du Maroc à l’Arabie Saoudite, et excluant la Libye, Israël, la Syrie et l’Irak, selon un découpage administratif en cours à Washington, mais sans réalité géopolitique.

  • Révision de la politique passée

Ammorcé avec la prise de conscience vis-à- vis de l’Arabie Saoudite,les limites de la politique passée a conduit Washington à mettre en avant un objectif : la transformation en profondeur de la région par sa démocratisation. Bien entendu, au lendemain des attentats, il était nécessaire avant tout de briser les capacités de nuisance des groupes terroristes djihadistes (à commencer par al Qaida) ; mais cette action, symbolisée par la campagne militaire en Afghanistan conduite à l’automne 2001,est parue insuffisante.

L’extrémisme politique doit être pris à la racine et engendre davantage d’efforts afin de changer le mode de gouvernement autoritaire qui, à des degrés divers, domine dans le monde arabe. L’autoritarisme arabe est un blocage politique qui,selon l’administration Bush, nourrit la stagnation des sociétés et de l’économie et produit souvent des forces politiques radicales, en particulier l’islamisme, souvent le seul vecteur de contestation.

Soit, l’Etat autoritaire exerce une activité déstabilisatrice directe par son comportement perturbateur.

Soit l’Etat est aligné sur l’Occident mais le verrouillage du système politique nourrit une opposition qui prospère en marge et prend souvent une dimension violente puisque les possibilités d’expression légale n’existent pas ou sont sévèrement contrôlées.

  • Promotion de l’éducation et de la justice

Plus de la moitié des femmes arabes ne savent pas lire. Les Etats-Unis veulent étendre leur coopération avec le Maroc et le Yémen afin de multiplier les programmes d’alphabétisation des filles et des femmes dans d’autres pays.

Internews (5), une organisation internationale sans but lucratif vouée au soutien de la liberté des médias dans le monde, commencera à dispenser une formation, notamment sur le droit des médias, à l’intention de participants qui, dans un premier temps, viendront de l’Algérie, de l’Arabie saoudite, du Bahreïn, de l’Egypte, du Liban, du Maroc et de la Tunisie.

Des programmes de formation des partis politiques et de l’aide à l’organisation et à l’observation d’élections ont été mis en oeuvre au Yémen, au Maroc et au Bahreïn. L’Institut national démocratique pour les affaires internationales (NDI), l’Institut républicain international (IRI), et l’International Foundation for Electoral Support (IFES), en collaboration avec diverses organisations de la région, sont en train de fournir une assistance électorale à la Jordanie en prévision du scrutin du 17 juin prochain. Des fonds ont également été réservés pour une aide à l’organisation des prochaines élections législatives au Qatar.

III. Objectifs des Etats-Unis

Shimon Pérès dans son essai « The new Middle East » avait déjà développé une série d’idées sur le GMO. Mais dans sa couverture géographique, le GMO englobe les 22 pays de la Ligue des Etats Arabes plus 5 Etats non - arabes (Turquie, Israël, Iran, Afghanistan et Pakistan), soit un ensemble de plus de 600 millions d’habitants, 10 % de la population mondiale mais près de 4 % de la richesse globale. Mais tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne :

  • le Pakistan détient l’arme nucléaire ;

  • la Turquie, une économie en plein développement ;

  • l’Arabie Saoudite, les plus importantes réserves pétrolières du Monde(25 %) ;

  • seul Israël « combine à la fois puissance et richesse ».

En somme, « trop vaste, trop divers », le GMO semble trop segmenté pour se laisser « encapsuler dans une unité géopolitique compacte » (J. Maila : « le Moyen-Orient dans la tourmente » in Ramses, Dunod, Paris ,2004 p.92)(7).

Avec un ensemble si hétérogène, la question des objectifs américains se pose.

  • Contrôle de la région

Le concept « Grand Moyen-Orient » rassemble toute la stratégie américaine dans une région qui recèle plus de la moitié des réserves prouvées de pétrole et le tiers des réserves de gaz. En outre, un « Grand Moyen-Orient » , met les Etats-Unis dans une meilleure position par rapport à une Chine qui sera de plus en plus dépendante des importations pétrolières surtout de la région du Golfe.

  • Détourner l’attention du bourbier irakien

La situationen Irak ne dessinant pas d’issue, l’Amérique tente d’attirer l’attention des médias sur un autre sujet.

  • Retour de l’Europe au coté des Etats-Unis

Une solution de conciliation peut se dessiner grâce au GMO,malgré une Europe qui a montré sa divergence lors de la guerre contre l’Iraq. L’Europe a toujours prôné le partenariat et la réforme démocratique dans ses relations avec les pays de la Méditerranée. Elle ne pourrait pas donc pas s’opposer à leur projet.

La réforme politique des pays arabes et musulmans est considérée plus d’une manière interessée sur ses retombées sur la sécurité américaine.Des démocraties arabes selon les néo-classiques freinerai sérieusemnt la culture de la haine de l’Amérique et d’Israël.

Notes :

(1) Le Monde Diplomatique,Avril 2004, "Le nouveau masque de la politique américaine au Proche-Orient".

(2) Fades : http:// www.undp.org

(3) Les comptes- rendus du PNUD : dree.org

(4) Site du partenariat euro-méd:delmar.cec.eu.int

(5) internews.com

(6) The Middle East Partnership : ndi.org

(7) Conférence professeur Bichara Khader,université catholique de Louvain