Lyon, Juillet 2006
Allocution de Gilles BUNA, adjoint au Maire de Lyon, lors de la rencontre de 2006.
Discours de l’adjoint du maire de Lyon, célébrant la rencontre entre les associations israéliennes et palestiniennes.
Je suis très heureux de vous accueillir au nom du Maire dans cet Hôtel de Ville de Lyon, qui a accueilli en 2004 le sommet des Maires pour la paix, en présence de Yasser Abed Rabbo et Yossi Berlin.
Lorsqu’ils ont présenté les accords de Genève en décembre 2003, la possibilité d’une paix durable au Proche Orient semblait possible. Leur volonté commune de présenter un nouveau plan de paix avait ravivé une flamme, avait fait renaître l’espoir. En décembre 2004, la conférence internationale des Maires pour la paix au Proche Orient a rassemblé à Lyon cinquante maires israéliens, palestiniens et européens.
Dix ans après Oslo, le dialogue né de leur rencontre a rappelé au monde entier que la paix était possible. Des perspectives de coopération entre villes israéliennes palestiniennes et européennes ont été esquissées.
Pendant trois ans des jeunes de diverses municipalités israéliennes et palestiniennes sont venus pour apprendre à se connaître et rencontrer des jeunes français.
Nous avons l’an dernier reçu, le 8 décembre, des délégations de syndicalistes palestiniens et israéliens.
Hélas, depuis, les espoirs de paix se sont dissipés. La violence répond aujourd’hui à la violence, l’application des résolutions de l’ONU n’a jamais paru si lointaine. La multiplication des actes destructeurs, l’engrenage de la violence et de la haine ont rendu impossible le dialogue espéré.
Dans ce contexte difficile, nous sommes d’autant plus fiers que vous soyez présents pour poursuivre ce dialogue. Il faut beaucoup de courage, de maîtrise de soi pour participer à une telle rencontre, à laquelle la Ville de Lyon est heureuse de contribuer.
Prôner la non-violence, comme le fait le MAN, dont je voudrais d’ailleurs saluer l’action déterminée et constante, c’est permettre l’échange, la rencontre pour faire tomber toutes les peurs, les méfiances réciproques, les incompréhensions. Il faut être capable de s’affranchir des contraintes de l’actualité pressante et oppressante, se dégager du quotidien, prendre du recul.
En partageant l’humanité de l’autre on se retrouve nécessairement en lui ; cela fera bientôt dix jours que vous vivez ensemble, dix jours que vous avez pu découvrir que chacune et chacun d’entre vous aspirent à vivre en paix. Cela suppose au préalable un énorme effort de communication et une capacité à se mettre à la place de l’autre, c’est d’ailleurs ce que vous avez fait, par exemple, en simulant la traversée d’un check point.
Nous avons l’intime conviction que la multiplication de telles rencontres permettra à la société civile de peser plus fortement sur les autorités politiques. Nous savons que le processus sera long, difficile. Nous avons nous même en Europe fait l’expérience après la deuxième guerre mondiale de ce difficile travail de réconciliation entre les peuples. Nous savons à quel point l’instauration de la paix entre Israël et la Palestine est importante pour vos deux peuples, mais aussi pour la stabilité et la paix dans le monde.
C’est pourquoi nous ne pouvons que soutenir l’idée défendue par le MAN de l’envoi d’une force d’Intervention Civile auprès des populations civiles en Israël et en Palestine. Ce qui n’est d’ailleurs pas alternatif avec le déplacement d’une force d’interposition de l’ONU lorsque les conditions politiques seront réunies et, vous le savez, cela suppose l’accord des forces en présence sur le terrain. Ce n’est pas alternatif non plus aux rétablissements de l’aide économique jusque là apportée aux populations qui vivent dans les territoires palestiniens, même si cette aide doit désormais emprunter de nouveaux circuits de distribution qui permettent de soulager rapidement la détresse des populations civiles}}.
Nous le savons, la campagne pour le déploiement d’une Force Civile Internationale en Israël et Palestine rencontre un écho certain. Sur le terrain, de nombreuses organisations israéliennes et palestiniennes refusent cette logique de guerre. Elles souhaitent pouvoir faire connaître leur action à l’étranger. Au niveau européen, en France, cette campagne est maintenue par de nombreuses forces prônant la non-violence dans ce conflit, et qui pensent qu’une telle force civile pourrait renforcer les conditions du dialogue entre les sociétés civiles, pourrait accompagner les acteurs de paix en les protégeant et en mettant en valeur leurs actions. Cette force renforcerait le respect des droits de l’homme là où ils sont quotidiennement bafoués.
De nombreuses associations, dont le « Secours Catholique », ou « Pax Christi » ont rejoint cette campagne. De nombreuses personnalités la soutiennent, qu’ils proviennent du monde humanitaire, de la sphère religieuse, des personnalités de la non-violence, en France, en Europe mais aussi en Israël et en Palestine.
Je pense à Monsieur Nusseibeh directeur de l’université d’Al Quods ou Monsieur Koury, l’un des négociateurs palestiniens des accords de Genève, où les membres de New Profile qui rassemblent des femmes israéliennes antimilitaristes, ou à Bhustan une association israélo-palestinienne d’aide aux personnes marginalisées…
A Lyon la CIMADE, le CCO, des partenaires institutionnels, la Région Rhône-Alpes, les Villes de Saint Fons, de Villeurbanne, de Lyon apportent leur soutien matériel à ce projet qui, je le sais, est porté avec vigueur par Serge Perrin. Bravo donc à vous tous, jeunes issus d’Israël et de Palestine, aux accompagnateurs français issus des associations engagées dans la campagne aux jeunes de Saint Fons, de Villeurbanne, de Lyon qui se sont portés volontaires pour échan¬ger avec vous.
Dans ce contexte, aujourd’hui bien sombre, ces rencontres aident, j’en suis persuadé, à semer les graines de la paix.
Elles sont une pièce dans le puzzle de la paix. Tant il est vrai comme le disait Kofi Annan à l’ONU en 2003 que la seule voie qui offre quelque espoir d’un avenir meilleur pour toute l’humanité est celle de la coopération et du partenariat.
Il me reste, en renouvelant mes encouragements chaleureux, à vous inviter à vous rapprocher du buffet pour boire ensemble le verre de l’amitié. Une formule usuelle mais qui aujourd’hui prend une toute autre valeur, une toute autre force, une dimension humaine et fraternelle particulièrement symbolique et porteur d’un espoir fécond.
Notes
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Soutien de la mairie de Lyon au projet d’envoi d’une force d’Intervention Civile de Paix en Israël et Palestine. Le maire et son équipe se réjouit que de telles rencontres puissent être mises en place, constituant ainsi un pont entre des sociétés brisées par la guerre et la confrontation.