Fiche d’acteur Atelier : Dialogue entre militaires et société civile.

Kligenthal, juin 2007

L’Eurocorps

Visite du Quartier Général du Corps Européen.

Mots clefs : Engagement de militaires pour la paix | Coopération militaire pour la paix | Union Européenne | ONU | OTAN | Militaires | Conseil de l’Europe | France | Allemagne

I. Information Générale sur l’organisation et la vie opérationnelle du Corps Européen.

1. Aux origines de l’Eurocorps :

La création de l’Eurocorps peut être considérée comme étant le résultat du Traité de l’Elysée, signé le 22 janvier 1963, par le Président de la République française, le Général de Gaulle et le Chancelier allemand, Konrad Adenauer. Dans ce traité, visant à renforcer les relations franco-allemandes, les deux pays s’engageaient à coopérer en matière de défense. En dehors d’une relation politique rapprochée, la France et l’Allemagne prévoyaient des échanges inter-armées et une coopération en matière d’armement.

En 1987, le président Mitterrand et le chancelier Khol décident de renforcer la coopération militaire entre la France et l’Allemagne, décision qui aboutit à la création de la Brigade franco-allemande, opérationnelle depuis 1991. La même année, les deux chefs d’Etat informent le président du conseil de l’Europe de leur intention de renforcer cette collaboration militaire, jetant ainsi les bases d’un Corps Européen de Défense, auquel les autres pays membres de l’Union pouvaient prendre part.

L’Eurocorps est donc né d’une initiative franco-allemande visant à intensifier la coopération militaire entre les deux pays. Le Rapport de la Rochelle, signé le 22 mai 1992, par les ministres français et allemands de la défense à l’issue du Sommet de la Rochelle, constitue l’acte fondateur de l’Eurocorps qu’il définit comme un corps d’armée multinational européen, indépendant des structures militaires intégrées de l’OTAN.

La Déclaration de Petersberg, en date du 19 juin 1992, définit le rôle joué par les pays de l’Union européenne en matière de défense (Missions de Petersberg). S’appuyant sur cette orientation les Etats membres de l’Eurocorps décident, le 19 mai 1993, à Rome, de mettre l’Eurocorps au service de l’Union.

2. Les Accords SACEUR :

Le 21 janvier 1993, les accords SACEUR définissent les conditions d’emploi de l’Eurocorps dans le cadre de l’OTAN.

Ils précisent :

  • Les missions de l’Eurocorps, dans le cadre de l’OTAN.

  • Les compétences pour la planification des engagements.

  • L’affectation de l’Eurocorps sous le commandement en chef de l’OTAN.

  • Les responsabilités et les relations entre le commandant en chef de l’OTAN et le commandant de l’Eurocorps en temps de paix.

3. Un plein succès :

L’initiative franco-allemande a rapidement intéressé d’autres pays, notamment la Belgique. En intégrant des forces dans un corps d’armée, elle participait à la construction d’une défense européenne et d’une sécurité identitaire, tout en gardant un rôle au sein de l’OTAN. L’accession de la Belgique fut approuvée le 25 juin 1993 par le gouvernement belge.

L’Espagne a rejoint officiellement l’Eurocorps le 1er juillet 1994 et le Luxembourg, le 7 mai 1996.

Déclaré opérationnel en 1995, il s’agit du corps d’armée le plus puissant d’Europe occidentale depuis la Guerre Froide. Au total, 55 000 hommes et femmes font partie de l’Eurocorps.

Le Quartier Général (QG) est établi à Strasbourg, soit, plus ou moins au centre de l’Europe… Il est composé de l’Etat major, du bataillon de Quartier Général, de quatre Détachements de Soutien National et de l’Etat-major de la Brigade Multinationale d’Appui au Commandement. Au total, environ 900 militaires et une centaine de civils travaillent au QG.

4. Les missions de l’Eurocorps :

L’Eurocorps est entraîné pour accomplir 3 types de missions :

  • Des missions d’aide humanitaire et d’assistance aux populations qui seraient victimes d’une catastrophe naturelle ou d’agressions.

  • Des opérations de restauration de la paix ou de maintien de la paix dans le cadre de l’ONU ou de l’OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe).

  • Des combats de haute intensité dans le but d’assurer la défense commune des alliés, en application de l’article 5 du Traité de Washington (OTAN) ou du Traité de Bruxelles (UEO).

5. Exercices et opérations de l’Eurocorps :

Depuis 1993, l’Eurocorps participe à de nombreux exercices dans le but de renforcer sa capacité opérationnelle. Le premier engagement réel de l’Eurocorps intervient en 1998, avec l’envoi d’environ 470 militaires du QG de l’Eurocorps en Bosnie-Herzégovine pour renforcer le QG de la SFOR. Les soldats de l’Eurocorps représentaient environ 37 % des forces.

Le 28 janvier 2000, le Conseil de l’OTAN décide que le QG de l’Eurocorps constituera le noyau du QG de la KFOR au Kosovo. De mars à octobre 2000, environ 350 soldats de l’Eurocorps forment le noyau des QG de KFOR III à Pristina et à Skopje. La fin de la mission KFOR III fut célébrée officiellement à Strasbourg le 17 octobre 2000. Etaient présents les ministres de la Défense des Etats membres et leurs représentants, M. Kouchner – représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU au Kosovo – ainsi que les autorités civiles et militaires de Strasbourg.

Un an plus tard, l’Eurocorps a testé ses nouvelles structures lors de l’exercice Cobra 1, dans le sud de l’Espagne. Plusieurs institutions politiques et militaires ont suivi l’exercice avec le plus grand intérêt.

Du 9 août au 11 février 2005, l’Etat-major du Corps Européen prend le commandement de la 6ème Force Internationale d’Assistance à la Sécurité - ISAF VI - en Afghanistan, sous mandat de l’ONU et sous commandement de l’OTAN. Sa mission consiste à porter assistance au gouvernement afghan afin de restaurer et de maintenir un environnement sûr.

6. Restructuration de l’Eurocorps :

Entre temps, d’importantes décisions furent prises concernant la sécurité européenne et la politique de défense. Ces décisions ont eu plusieurs conséquences sur le rôle de l’Eurocorps et son organisation.

Le 29 mai 1999, lors du Sommet franco-allemand de Toulouse, la France et l’Allemagne suggèrent de mettre l’Eurocorps à la disposition de l’Union européenne en tant que force d’intervention en cas de crise. Cette proposition, soumise aux autres membres, est acceptée et soumise officiellement à l’UE au Sommet de Cologne, les 3 et 4 juin 1999.

Lors de ce Sommet, l’UE décide également de renforcer ses capacités d’intervention et de mettre en place des forces de réaction rapide en cas de crise. Cette décision est confirmée et élaborée durant le Sommet de l’UE à Helsinki, en décembre 1999.

En novembre 1999, les Etats membres de l’Eurocorps, définissent au Luxembourg, les modalités de transformation de cette unité multinationale en un corps de réaction rapide à la disposition de l’UE et de l’OTAN. L’Eurocorps devait ainsi pouvoir intervenir comme Quartier Général mutlinational pour des opérations de gestion de crise à la disposition tant de l’OTAN que de l’UE.

La mise en place de cette transformation pris du temps et débuta le 5 juin 2001. Dès le mois d’avril de la même année, les Etats membres ont proposé le QG du corps de Réaction Rapide comme Etat-major d’une force d’intervention rapide. Fin décembre 2002, après évaluation par l’OTAN des capacités générales et opérationnelles de celui-ci, le QG du Corps de Réaction Rapide Européen (selon la dénomination officielle complète) devient un des six Etats-majors de réaction rapide de l’OTAN sous l’appellation NRDC-EC, NATO Rapid Deployable Corps - Eurocorps (1).

L’un des critères de la certification de force de réaction rapide était la participation de tous les pays membres de l’OTAN. A cette époque la présidence du Comité commun était entre les mains de l’Espagne qui avait alors invité les membres de l’OTAN et les pays membres de l’UE à faire participer des militaires ou à envoyer un officier de liaison à l’Eurocorps.

C’est ainsi que le 3 septembre 2002, les pays participants signèrent un nouvel accord technique avec le SACEUR et les pays membres de l’OTAN, la Grèce (3 septembre 2002), la Turquie (3 sept 2002) ainsi que la Pologne (7 janvier 2002) envoyèrent des militaires à l’Eurocorps. Le Canada participe au contingent depuis le mois de juillet 2003.

Le 25 février 2003, un accord technique est signé avec l’Autriche et la Finlande. Aussitôt après, un officier autrichien et un officier finlandais se joignent à l’équipe. Et le 1er avril 2003, un officier de liaison italien rejoint ses collègues britanniques et hollandais au sein de l’Eurocorps.

7. Bureau d’Information de l’Eurocorps :

Le Bureau d’Information est situé à « Aubert de Vincelles ». Il se compose d’une équipe de 12 personnes parmi lesquelles, 4 officiers de presse issus de 4 des 5 pays fondateurs (Belgique, France, Allemagne et Espagne).

Le président du Bureau est élu pour deux ans dans le cadre d’un système de rotation. Il doit être de la même nationalité que le Général en chef.

Les principales missions du Bureau sont :

  • Contact avec les médias.

  • Surveillance des médias et analyse.

  • Information interne.

  • Relations publiques (uniquement en temps de paix).

II. Le système des « Officiers auprès des Jeunes » : le concept d’Information du QG/Eurocorps.

En Allemagne, l’information du Public est une obligation constitutionnelle pour le gouvernement ainsi que pour l’armée allemande.

Il est indispensable d’être informé pour pouvoir prendre part aux processus de décisions.

1. Missions :

  • Informer le public sur les questions de base en matière de sécurité et de défense.

  • Répondre aux questions, aider les gens à comprendre le fonctionnement de l’armée allemande.

  • Construire une relation de confiance.

  • Education politique.

2. Moyens :

  • Organisation de visites au sein de la Bundeswehr.

  • Discours et discussions dans le cadre de séminaires de présentation de l’armée allemande.

3. Conditions d’Admission dans l’armée allemande :

  • Expérience de chef de troupe.

  • Parcours universitaire complet.

  • Age : pas plus de 35 ans.

  • Volontaire.

  • Expérience à l’étranger.

4. Qualités personnelles requises :

  • Un engagement fort.

  • Autosuffisance et forte motivation.

  • Flexibilité.

  • Habilités sociales exceptionnelles.

  • Honnêteté et intégrité.

  • Compétence.

Responsabilité nationale : communiquer avec la population ; informer celle ci des pertes des soldats lors des opérations. On ne donne toutefois ni le nom ni des informations personnelles.

40 % des recrutés militaires le sont suite à leur service militaire qui les satisfait.

Site web

www.eurocorps.org