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Paris, January 2007

Cun du Larzac - un lieu d’enracinement, d’expériences et d’accueil

Le Cun du Larzac était une association d’accueil et de coordination des activités des différentes organisations locataires de la SCI-Cun et/ou adhérentes à la charte de fonctionnement du Cun.

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I. Implantation et aménagement

Impossible à qui veut présenter le Cun de ne pas faire référence au plateau du Larzac, lieu d’implantation de celui-ci à partir de sa création en 1975. Ni au contexte militant qui a infléchi cette implantation : c’est dans le cadre de la lutte des paysans du Larzac (1971-1981) contre l’extension du camp d’entraînement militaire, que quatre objecteurs de conscience insoumis au service civil ont décidé de venir y vivre, occupant illégalement une maison appartenant à l’armée, et de faire vivre un lieu alternatif, un lieu d’objection politique et sociale cohérente, autour de deux axes : un lieu-ressource pour la non-violence, et une vie écologique et communautaire. Des débuts aventureux et très mouvementés durant quelques années, avec d’une part une participation active à la lutte militante du plateau dans une approche spécifiquement non-violente, et d’autre part une expulsion puis une réinstallation dans des conditions très précaires, jusqu’à l’implantation légale et définitive en 1981 dans un habitat entièrement construit pour ce projet.

A partir de là et de cette plus grande stabilité, ont pu commencer des travaux d’aménagement et d’assainissement successifs pour mettre le lieu aux normes puis l’équiper en énergies renouvelables autonomes, jusqu’au milieu des années 90. Le Cun est un vaste lieu d’habitat, de camping, d’activités culturelles, agricoles, écologiques et solidaires qui s’est enrichi au fil du temps de nouveaux bâtiments et de nouvelles installations, dans un cadre rural et paysan. Il est fortement intégré dans la vie du plateau et en est même un pôle d’animation et de rassemblement.

Le Cun est effectivement une structure large, qui s’est constituée en association en 1975, association qui a s’est chargée de développer ces divers aspects d’accueil, de formation, d’information, d’écologie et de solidarités, avec comme ciment la communauté des personnes habitant sur le lieu, appuyée par de nombreux stagiaires. Les tâches ont pendant longtemps été réparties entre les membres selon une « sectorisation des activités » qui laissait une grande place à l’initiative personnelle dans chaque domaine propre (hébergement, formation,…), mais qui a souffert d’un manque de coordination générale, dû à la difficulté à attribuer et à assumer cette fonction de coordination, assez mal vue car trop proche de l’idée de pouvoir hiérarchique. Actuellement les rapports internes et l’organisation se sont profondément renouvelés, comme il sera vu plus loin.

II. A la recherche d’une « démocratie communautaire »…

Le Cun, c’est encore une expérience communautaire, qui a commencé dès le projet initial et qui s’est poursuivie longtemps. Les quatre objecteurs fondateurs ont d’abord dû élaborer conjointement leur projet, ce qui n’ a pas été facile en raison de divergences d’attentes. Puis tenter de s’installer, ce qui a encore une fois été difficile et a mis à l’épreuve leur cohésion. Une partie de l’équipe s’est ainsi renouvelée, tandis que les tentatives d’installation puis la construction du premier bâtiment 1977 ont fédéré de nombreuses personnes tant du plateau que d’ailleurs qui sont venues participer au chantier en apportant leurs compétences et leurs forces.

Puis a pu être mise en route une vie communautaire proprement dite qui avait pour objectif l’expérimentation de la non-violence dans tous les aspects de la vie, ce qui s’est traduit par la mise en pratique d’un « système autogestionnaire où les biens étaient mis en commun, le salariat aboli, les pouvoirs et responsabilités répartis » ; par la volonté de vivre simplement en se donnant en contrepartie le temps de vivre. Décisions par consensus, absence de hiérarchie, accueil de groupes et formations à la non-violence, développement de modes de vie écologiques, tels sont les aspects les plus saillants de cette expérience communautaire. Les ressources économiques proviennent alors de la formation, de l’hébergement-restauration, de deux jours de travail hebdomadaires à l’extérieur pour chacun (ramassage scolaire, travaux chez les paysans, vente de « recuite », …) et, de façon très marginale, de élevage. La vie communautaire se transforme au fil du temps et évolue fortement à partir de1993 en particulier, afin de ne pas imposer à de nouveaux permanents une vie en communauté et ses avantages en nature. La système du salariat a donc été mis en place à partir de ce moment, avec 3-4 salariés. Durant toutes ces années la communauté a connu un progressif renouvellement de ses membres. Elle n’ a pas échappé aux tribulations, tâtonnements et souffrances engendrés par la recherche de nouveaux modes de relations, de pouvoir, de décision au quotidien. Ce qui fait de l’aventure du Cun une expérience passionnante, mais au sens fort du terme « passion » : avec sa dimension également douloureuse parfois.

III. Une vocation d’accueil

Dés le départ le Cun est un espace d’accueil, avant même qu’un lieu définitif soit trouvé, avant même que de réelles capacités d’accueil soient mises en place. Cette vocation fondamentale ne s’est jamais trahie, elle est une des raison d’être de la structure et de ceux et celles qui la font vivre : témoigner d’un autre mode de vie, en permettant à ceux qui le souhaitent de venir découvrir la vie sur place. Accueil de particuliers, de groupes venant participer aux activités, formations, rassemblement organisés par le Cun, ou de groupes « indépendants ».

Le Cun accueille aujourd’hui autant des rassemblement nationaux de structures syndicales ou associatives diverses, comme celui des « vingt ans » de la revue Silence, qui a réuni durant l’été 2002 plus de 400 personnes autour de 95 ateliers ; que des classes de lycées agricoles venant participer à un chantier de découverte des équipements du lieu, des groupes de jeunes de quartiers dits « difficiles » pour des chantiers, des artistes en résidence, des stagiaires, des visiteurs, des groupes de sportifs, etc…Cette activité témoigne d’un certain « rayonnement » du Cun, au niveau national notamment ; le lieu étant pour beaucoup de personnes et d’associations un point de référence « alternatif ».

IV. Un tournant difficile (1996-2001)

A. Le facteur économique

Ce sont essentiellement les activités d’accueil, de formation et d’animation qui ont assuré la stabilité financière du Cun depuis son origine. Un changement important a été a été réalisé lorsqu’en 1993 la structure est passée au système du salariat. Mais c’est dès le milieu des années 90 que des déficits financiers structurels sont apparus et n’ont cessé de s’accroître, posant des problèmes récurrents concernant la survie économique de l’association, qui a par ailleurs toujours eu des ressources limitées et une existence financièrement précaire.

B. Le facteur humain.

A ce facteur économique se sont adjoints des problèmes d’ordre humain liés à des questions de reconnaissance des compétences au sein de l’association, d’absence de clarté des bases de la prise de décision, de gestion des responsabilités et du pouvoir. Il y avait une importante proximité entre l’affectif et le fonctionnel, qui a contribué à embrouiller la situation et à la rendre délicate à résoudre.

La personnalité d’Hervé Ott, un des fondateurs du Cun, à l’origine du projet et qui l’a porté jusqu’à aujourd’hui, a toujours eu une place centrale dans le fonctionnement intérieur et l’image extérieure du projet. Mais cette forte présence est également délicate en ce sens qu’en l’absence volontaire de reconnaissance d’un rôle de leader ou de coordinateur de sa part, pour ne pas dominer le fonctionnement de l’association, cette situation a pu aboutir à un « leadership caché » dont il reconnaît aujourd’hui qu’il a été la source de conflits eux aussi mal gérés.

C. La liquidation et le nouveau départ (2001-2002)

Ces difficultés économiques croissantes, parallèles à et en même temps révélatrices de problèmes liés au fonctionnement humain de la structure, ont amené à la conduite d’un audit financier ainsi que de médiations extérieures, qui ont apporté des éclairages sur les conflits et les problèmes de l’association sans pouvoir empêcher finalement la douloureuse décision de liquider l’association et ses activités, en même temps que de licencier ses trois salariés, en Mars 2001. Cette étape s’est faite dans beaucoup de souffrances personnelles pour l’ensemble des protagonistes.

Une dette importante ayant été contractée, la liquidation a permis de rembourser rapidement celles envers les fournisseurs et l’Etat, tandis que les dettes envers les « amis » devront être remboursées sur plusieurs années. Aujourd’hui la structure, profondément renouvelée, n’ a plus d’activité économique : elle est la fédération, sur ce lieu symbolique, d’autres associations autonomes. La SCI-Cun reste gérante des locations contractées avec les nouvelles structures et entretient et développe les équipements en énergies renouvelables.

C’est en Janvier 2002 qu’une Assemblée Générale extraordinaire a déposé le projet d’une nouvelle organisation du Cun, tenant compte des erreurs passées, organisation qui s’est depuis mise en marche et qui semble fonctionner de manière saine. Hervé Ott demeure en particulier le fil qui relie le projet à ses origines. L’association Le Cun du Larzac rénovée dispose donc d’une nouvelle charte, d’un règlement intérieur insistant en particulier sur le mode de prise de décisions par consensus et sur la nécessité d’une médiation externe en cas de litige persistant, et de statuts modifiés fondant un nouveau mode de fonctionnement.

V. L’organisation du Cun de 2001 à 2006

Aujourd’hui le Cun est une association, qui n’a pas d’activité par elle-même, mais qui est plutôt un espace d’accueil pour d’autres associations et activités qui souhaiteraient s’y implanter. Elle a pour objet de « coordonner les activités des différentes organisations locataires de la SCI-Cun et/ou adhérentes à la charte de fonctionnement du Cun ». Chaque association adhérente demeure cependant largement autonome dans son fonctionnement et ses choix. La structure fédère actuellement :

  • L’éolienne, association qui a pris en charge la gérance du camping et qui s’occupe de l’accueil et de certaines animations, soirées, etc… (L’association l’Eolienne a cessé ses activités en 2006.)

  • Cap del VQ, « Centre d’animation et de plaisir de la Vie Quotidienne », qui organise des activités et animations artistiques et culturelles de plein air sur le site et aux alentours.

  • IECCC, « Institut Européen Conflits Cultures Coopérations », qui prend en charge des activités de formation sur le site et sur des lieux d’intervention extérieurs, dans le domaine de la transformation constructive des conflits et des violences humaines, structurelles, culturelles.

Le Cun cherche aujourd’hui à augmenter le nombre de structures qui veulent développer des activités sur son terrain. Il lance à partir de Novembre 2003 un appel d’offres pour accueillir une structure de sensibilisation aux énergies renouvelables.

L’association le Cun comporte un Conseil d’Administration qui comprend un délégué de chaque association adhérente ainsi que de chaque commission ,et un représentant de la SCI-Cun en tant qu’observateur. Elle fonctionne selon les prérogatives habituelles d’une association « loi 1901 ».

VI. Depuis 2008

En 2008, un bail de 40 ans a été signé entre la SCI du Cun et l’association Champs du monde, pour la reprise d’une partie du terrain et de tous les bâtiments. Cette association a inauguré un nouveau terrain de camping pour l’été 2013 et a un ambitieux programme de rénovation-agrandissement des équipements existants : accueil@le-cun.org

Quant à l’association « Le Cun du Larzac » elle classe et numérise ses archives pour les mettre à la disposition de toute personne intéressée par cette aventure : cuninstitut@wanadoo.fr

Website

www.ieccc.org