Xavier Guigue, Bruxelles, mars 2005
Croatie, le centre pour la paix, la non-violence et les droits de l’homme d’OSIJEK
Né pendant la guerre, le centre continue d’oeuvrer pour rendre citoyens les victimes du conflit
Alors que la ville était bombardée et que la peur et la haine faisaient des ravages, Katarina Kruhonja, médecin et mère de famille et Kruno Sukic, professeur de philosophie, ont commencé à se rencontrer régulièrement pour parler de ce qu’ils ressentaient et de ce qu’il était possible de faire de très concret pour sortir de la violence. C’est ainsi qu’est né au fond d’une cave, à la lumière des bougies, le Centre pour la paix. C’était un choix difficile dans une ambiance où le nationalisme est exacerbé et où vouloir la paix était considéré comme anti-patriotique.
Affirmant sa volonté d’être ouvert à tous, le Centre estime que les droits humains et la liberté sont à la base de son action qu’il inscrit dans le long terme et qui doit mener à la réconciliation. Il développe quatre axes de travail : un travail psychosocial pour les victimes de la guerre, la défense des droits de l’Homme, l’éducation à la paix ainsi que la construction de la paix dans une perspective de développement communautaire.
Aider les victimes, c’est aussi les aider à devenir ou redevenir des citoyens, des bâtisseurs de paix, pour sortir justement de l’assistanat. Cette démarche est particulièrement utile, quoique plus difficile, pour les personnes déplacées dont la situation est encore plus fragile. Elle passe souvent par des programmes économiques offrant une autonomie financière aux personnes concernées. Même pendant la guerre, le centre s’est mobilisé contre les pratiques discriminatoires basées sur l’appartenance ethnique, signifiant qu’elles étaient inacceptables. Après le conflit, de nombreuses personnes ont pu être défendues dans leur droit (droit politique, droit aux logements, accès aux indemnités, objection de conscience…). Le centre dispose d’une équipe de juristes et rayonne dans toute la région. Il aide aussi les autres associations à se développer et leur fournit des conseils juridiques, financiers ou en matière d’organisation.Les actions en faveur de l’éducation à la paix ont d’abord permis aux membres du centre de faire face à leur propre traumatisme.
Des formations ont ensuite eu lieu pour apprendre les techniques de communication non-violente, d’écoute active, et de médiation, pour favoriser la participation et l’apprentissage de la démocratie… Elles s’adressent à des publics variés : juristes, enseignants, jeunes, communautés religieuses, militants associatifs.
Les actions en faveur de la construction de la paix s’adressent à ceux qui ont été obligés de fuir, aux jeunes, aux femmes. Elles mettent l’accent sur l’intégration des populations serbes en Croatie, le rétablissement de la confiance et du sentiment de sécurité, la manière de résoudre les tensions quotidiennes…Le centre dispose d’une bibliothèque et publie des ouvrages développant des méthodes d’actions non-violentes.
Il accueille des volontaires croates ou venant d’autres pays dans le cadre de stages s’inscrivant dans les programmes de construction de la paix.
Il organise régulièrement des moments d’échanges récréatifs et re-créatifs pour développer les capacités d’initiatives citoyennes de chacun….
Source : www.gppac.net/documents/pbp_f/2/6_csijel.htm
Site web |