Gaël Bordet, Sénégal, Proche Orient, Paris, 2002

Eau et paix, un partage équitable et responsable de l’eau peut-il aider à reconstruire une paix durable ?

L’eau est un grand révélateur des enjeux sociaux, économiques, culturels et politiques qui agitent, souvent de manière latente, les sociétés.

I. Présentation du thème et motivations de l’auteur de ce dossier

Le choix de la problématique « eau et paix » répond à un double mouvement.

  • D’une part la dialectique eau / paix est le résultat d’un intérêt personnel très marqué pour cette question : pourquoi et comment un partage équitable et responsable de l’eau peut-il aider à construire un cadre de vie pacifique et durable ?

  • D’autre part, cette problématique fait écho à ma propre expérience du problème, très pratique et concrète, qui m’a sensibilisé, je dirais presque socialisé aux enjeux d’un partage rationnel et d’une gestion équilibrée des ressources en eau.

J’ai été amené, en effet, à vivre plusieurs années dans des pays où le rapport de l’homme à l’eau prend une dimension culturelle et sociale centrale eu égard à la nature de cette ressource et à sa fonction économique dans des régions où l’agriculture vivrière est l’activité première de l’homme et de la femme. C’est au Sénégal que j’ai ainsi fait pour la première fois l’expérience de cette réalité : l’eau ne coule pas toujours à profusion du robinet - et les plombiers n’y changent rien. Conséquence concrète de cette sensibilisation aux enjeux du partage de l’eau, j’ai voulu dans le cadre de mes études en sociologie, me confronter « scientifiquement » à cette problématique et c’est ainsi que j’ai choisi comme objet d’étude le bassin du Jourdain où, de l’avis de tous les experts, les difficultés sont plus importantes que nulle part ailleurs.

C’est ainsi qu’au cours de plusieurs séjours dans cette région, en tant que bénévole pour une ONG, j’ai non seulement pu rencontrer des acteurs (institutionnels, agriculteurs, populations démunies - dont les réfugiés palestiniens, etc.) mais j’ai également commencé à mettre de côté un certain nombre d’idées reçues que j’avais, notamment sur le bien fondé de la croyance occidentale dans le « développement », qui part souvent d’un bon sentiment mais dont les conséquences et la portée pratiques sont dans de nombreux cas préjudiciables aux sociétés où cette croyance s’applique (voir la fiche de notions intitulée : « Le concept de développement dans les sciences sociales »)

II. Le choix des terrains retenus et les limites de mon dossier

Le choix de certains terrains retenus et analysés a été motivé par ma connaissance intime et analytique de ceux-ci : c’est le cas pour le Proche-Orient et le Sénégal.

Par ailleurs, il m’a paru essentiel d’élargir autant que faire se pouvait le cadre de ce dossier et ainsi de parler de terrains plus proches, moins lointains : la rupture avec le regard anthropocentrique, aussi paradoxal que cela puisse paraître, passe également par cette démarche. Mieux connaître son propre environnement, c’est se donner les moyens de mieux comprendre des environnements plus éloignés et étranges (au sens d’étrangers, de différents). J’ai donc voulu aborder la gestion de l’eau et les enjeux qui lui sont liés en Europe.

Ce dossier, dont le but est de contribuer à un débat, est une première approche qui ne demande qu’à être complétée et corrigée par d’autres expériences et d’autres analyses…

N’étant ni ingénieur, ni médecin, ni géologue, mais simplement apprenti sociologue, je ne prétends pas avoir saisi l’entière complexité des enjeux. Là n’était pas la question, d’ailleurs : il s’agissait pour moi d’ouvrir un débat et, peut-être, de l’orienter un peu dans une direction qui me semblait importante et parfois oubliée, celle du projet de société et des relations sociales.

Auteur du Dossier :

  • Gael BORDET :

Etudiant à la Faculté des Sciences Sociales et Economiques (FASSE) de l’Institut Catholique de Paris, en 2003.

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