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Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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, Paris, octobre 2008

Le Quartet au Moyen-Orient

Bilan et perspectives du processus de paix Israélo-Palestinien 2002-2008.

Dossier réalisé par Samuel NGUEMBOCK, correspondant au Mémoire de recherche validé dans le cadre du Master II en Relations internationales à l’IRIS - Paris

Après plusieurs tentatives de facilitation, de conciliation et de médiation du conflit israélo – palestinien, ainsi que des processus et accords de paix mis en chantier sans succès, l’option a porté désormais au choix d’une approche multilatéraliste regroupant en son sein des acteurs étatiques, intergouvernementaux et supranationaux.

La spécificité et l’originalité de cette nouvelle démarche consistent non seulement à coordonner et à harmoniser la divergence des politiques mises en place par les puissances étrangères et les institutions internationales, mais aussi et surtout à centraliser et uniformiser les propositions des uns et des autres sur une base consensuelle afin de construire un cadre global et complet à la gestion du conflit historiquement le plus ancien du Moyen - Orient. Tel est le rôle que s’assigne le Quartet au Moyen-Orient.

Créé en 2002, le « Quartet pour le Moyen Orient », aussi appelé « Quartet diplomatique » ou plus simplement « Quartet », est un groupe de quatre - formé d’Etats, d’Organisations intergouvernementale et internationale - décidé à réaliser une médiation dans le processus de paix israélo-palestinien. Il est composé des Etats-Unis d’Amérique, de la Russie, de l’Union Européenne et des Nations Unies.

Cette institution à caractère multilatéral met en œuvre, dès sa nomination, un programme politique et diplomatique basé sur l’élaboration d’une « Feuille de route ». Instrument de travail, entériné en 2003 par le Conseil de sécurité des Nations Unies, prévoyant, dans son calendrier, la sortie de crise en 2005. L’« inopérationnalité » de cet instrument a conduit inexorablement à la poursuite des négociations par l’organisation de ce qu’il est convenu d’appeler, dans le jargon diplomatique, conférences internationales dont les plus récentes sont celles d’Annapolis et de Paris.

Cette préoccupation vient du souci de la communauté internationale à réactiver les pourparlers de paix entre israéliens et palestiniens en réponse à un processus et une décennie de paix bloqués par une explosion incontrôlable de la violence dans les territoires respectifs d’Israël et de la Palestine autour des années 2000. Contexte marqué, non seulement par la violence mais aussi par les conséquences socio–économiques désastreuses orchestrées par la seconde Intifada.

L’objectif de cette étude est d’analyser, d’une part, la mission politique et la démarche diplomatique du Quartet sur la question spécifique de la gestion du processus de paix israélo–palestinien, et d’autre part, d’en ressortir le bilan six ans après sa nomination afin de mieux comprendre les raisons de son échec, ses limites théoriques et stratégiques par rapport à la pratique de la diplomatie, et de mieux identifier les secteurs et acteurs à prendre en compte dans la résolution du conflit.

L’analyse systémique de la structure du Quartet et son action sur le terrain montre que seuls les Etats Unis semblent mettre en place une véritable politique de négociation dans le conflit israélo-palestinien. Ce qui pose un problème réel quant à l’efficacité du Quartet qui se veut une force collective et multilatérale pouvant apporter des solutions diplomatiques propres à ce différend. Les autres membres de cette institution ont tendance volontairement ou involontairement à se confiner dans des rôles très secondaires, se débarrassant de leur statut de forces de proposition. Et aujourd’hui on note une forte tendance à l’éclosion d’une diplomatie plurielle, ce qui marque, à bien des égards, une rupture et une continuité dans l’action du Quartet. Or dans le cadre du multilatéralisme diplomatique la pédagogie impose une prise de décision concertée et négociée en reconnaissant tout jeu de puissance mais en favorisant l’habillage de la puissance et la compensation des intérêts.

Sous ce regard, quelles sont, à l’observation des faits, les bonnes raisons qui expliquent le dysfonctionnement politique de la mission du Quartet au Moyen- Orient ? Et quelles sont les perspectives que l’on peut accorder au processus de paix au regard de l’évolution de la situation actuelle dans les territoires israélo-palestiniens ?

Dans l’analyse du bilan pratiquement nul du Quartet, le grand jeu stratégique et politique des puissances traditionnelles et émergentes dans cette région moyen-orientale est un facteur important à prendre en compte. Les Etats-Unis, la Russie, l’Europe, la Chine, l’Inde, le Pakistan, l’Iran, la Turquie etc. entremêlent leurs actions, utilisent tous leurs atouts, dynamisent ou tentent de contrôler les facteurs de mobilisation politiques, culturels et confessionnels pour préserver leurs intérêts au détriment de la paix sous régionale.

Sous cet angle, le constat actuel laisse entrevoir l’hypothèse suivante : l’échec de la mission du Quartet résulte de la singularité des approches diplomatiques de ses membres et des rapports de force entre ces derniers culminant avec la non intégration des revendications des acteurs régionaux indispensables au règlement effectif du différend israélo-palestinien.

La création d’un Etat palestinien indépendant et viable comme solution politique majeure envisagée pour mettre fin au conflit israélo-palestinien pourrait être une hypothèse peu plausible si les acteurs du processus de paix ne prennent pas en compte les revendications et le scepticisme des mouvements de l’opposition et de la société civile dans la région d’une part, mais aussi, si les questions de divergence politique et le respect du droit international ne sont pas prioritairement mises à l’ordre du jour. Il convient donc dans cette étude de mettre en évidence l’importance de l’intégration des mouvements de l’opposition et l’impact, même s’il reste très faible dans la région, de la société civile dans la prise des décisions sanctionnant l’orientation des procédures. Puisque les dysfonctionnements observés sont à l’origine de la mauvaise appréciation des causes de la complexification du conflit qui débouche sur des erreurs méthodologique et pédagogique lourdes de conséquences pour les prévisions et les propositions préconisant la sortie de crise.

Pour ce faire, nous comptons aborder notre étude en adoptant une double approche systémique et analytique. Même si malheureusement, nous n’avons pas eu l’opportunité de faire une observation de terrain. Nous nous sommes, du moins ravitaillés des ouvrages et autres publications descriptives de l’évolution de la situation dans les sociétés israélo-palestiniennes.

  • L’approche systémique nous permettra de rendre compte des interactions et des rapports de forces entre, d’une part, les membres du Quartet au sein de cette structure multilatérale et, d’autre part, entre les membres du Quartet et les acteurs régionaux.

  • L’approche analytique quant à elle conduira notre réflexion tout au long de cette étude.

La présente recherche s’articule en deux grandes parties, constituées de deux chapitres chacune.

  • La première partie traite de l’analyse politique et de l’approche diplomatique du Quartet dans le conflit israélo-palestinien. Dans cette partie, nous abordons deux questions principales :

    • D’abord l’analyse de la politique du Quartet au Moyen-Orient en partant du contexte qui a présidé à la création du Quartet à l’étude des instruments de travail mis en œuvre pour régler le conflit, avant de ressortir le bilan de sa mission.

    • Ensuite, nous analysons la question liée à la rupture diplomatique observée au sein du Quartet.

  • La deuxième partie, quant à elle, traite des limites de la mission diplomatique du Quartet et des perspectives du processus de paix israélo-palestinien.

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