Nord-Tillabéri : analyse du conflit lié aux ressources naturelles

Cette note d’analyse, commandée par la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP), prolonge l’atelier de formation du personnel de cette institution, sur l’approche de la transformation de conflit conduit par l’institut de formation et de recherche en analyse et transformation de conflit, Modus operandi (Modop, Grenoble, France). A l’issue de cette formation, la problématique du conflit des ressources naturelles, avec en toile de fond la spécificité transfrontalière de la région du Nord Tillabéri, a retenu l’attention de tous les participants. Pour mener à bien cette étude, une équipe de chercheurs de la HACP s’est rendue dans différentes localités de la région du Nord Tillabéri.

Lors de cette enquête sur le terrain, les données recueillies ont permis de dépasser l’analyse des conflits sous le prisme communautaire ou identitaire, et d’aller au-delà pour ouvrir d’autres perspectives et appréhender le conflit en se focalisant sur une plus large diversité de données sociologiques. Un glissement de lecture d’analyse s’est opéré. D’une analyse fondée sur les discours dominants des acteurs en conflit, l’attention s’est focalisée sur les logiques d’appartenance des individus. Le répertoire de ces logiques d’appartenance montre que les individus sont tournés vers la recherche ou la défense de leurs intérêts. D’où notre choix de lire cet espace transfrontalier du Nord Tillabéri comme une « arène » au sens de Bailey qui y voit « la vie politique, nationale comme locale, en termes de « jeu », où se confrontent et s’affrontent les acteurs sociaux, autour de leaders et de factions », l’arène poursuit-il « est au fond l’espace social où prennent place ces confrontations et affrontements » [1]. Ces logiques d’appartenance s’inscrivent dans un espace qui déborde les frontières nationales et nous forcent à prendre en compte une échelle transfrontalière. Ceci dit, l’identification d’une élite comme porte-parole, ou encore défenseur auto-proclamé des intérêts de la région, est plus à comprendre comme une démarche instrumentale qui participe à affaiblir un État déjà absent et à dresser les populations contre cet État.

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Notas

[1Thomas Bierschenk et Jean-Pierre Olivier DE Sardan, « ECRIS : Enquête Collective Rapide d’Identification des conflits et des groupes Stratégiques… », Bulletin de l’APAD [En ligne], 7 | 1994, mis en ligne le 03 décembre 2007, consulté le 28 juin 2017. URL : apad.revues.org/2173 P 3