Quand je me sens agressé par une parole, un acte, un événement ou une nouvelle et selon son impact sur moi, il m’arrive de réagir avec colère et assez spontanément avoir des gestes menaçants, des mots accusatoires sous forme de jugement (tu es un…), de dévalorisation (tu n’es vraiment pas…), de comparaison (contrairement à….) ou d’injonction (arrête de…). Ou bien je peux aussi réagir par peur et me taire, ou par peur des conséquences de ma réaction de colère (peur de blesser). Ou encore par honte anticipée des grossièretés que je pourrais prononcer. Bref, ces réactions émotionnelles peuvent tout à la fois servir à me protéger (c’est leur fonction première) ou me mettre en situation délicate selon comment je les manifeste. Je passe donc d’abord d’un état de relative neutralité émotionnelle à un état de forte intensité émotionnelle (qui est une réaction de mon corps), provoqué par un événement extérieur dans lequel je peux tout à la fois me sentir victime et agresseur [26].
Lorsqu’il y a « agression » réelle ou vécue comme telle, nous pouvons donc identifier d’abord deux catégories d’attitudes :
Schéma n° 1 : Victime – Agresseur qui renforce la dualité violente.
Ce qui caractérise cette relation violente, depuis la dispute jusqu’à la guerre, c’est la dualité des positions dans laquelle sont enfermés les protagonistes. La violence augmente quand les changements de rôle se limitent à ces deux positions.
Par la dynamique des réactions émotionnelles, je peux passer très vite du rôle de « victime blessée » au rôle « d’agresseur blessant » et transformer mon « agresseur blessant » en « victime blessée ». Et cela peut continuer sous forme de spirale de plus en plus blessante. Nous dirons que ces agressions / violences réciproques sont mimétiques parce que la réaction de l’un provoque la réaction de l’autre et réciproquement [29]. Et parce qu’à un niveau plus profond, ma condamnation des actes ou paroles de l’autre puise son énergie dans ce qui relève probablement de la honte que je ressens de l’avoir fait moi-même.
Ce couple « agresseur – victime » peut durer très longtemps. Il se manifeste aussi bien entre deux personnes, qu’entre deux groupes, entre des salariés et des patrons, des marchands et des consommateurs ou entre une population et une dictature, ou encore entre un peuple dominé et un autre dominateur (colonialisme p. ex.).
Si cette relation dure longtemps c’est - comme l’a fait remarquer Gandhi, à la suite de La Boétie dans son Discours de la servitude volontaire ou le Contr’un (1576) - parce qu’elle est faite de la collaboration involontaire (par peur) et inconsciente (par soumission et / ou dévalorisation culturelle) des victimes avec leur-s agresseur-s. Ou dans les luttes armées de libération, parce qu’il y a spirale agresseur-s / victime-s.
2. Tiers témoins
Pour faire diminuer la violence d’une situation duelle, il faut introduire du Tiers et respecter certaines conditions
Je peux être témoin d’une situation où s’affrontent deux personnes, des groupes, des peuples. Je peux être témoin passif (par peur) en trouvant toutes sortes de justifications pour me désintéresser de la situation. Cela peut aussi provoquer de la colère en moi et à ce moment-là je vais m’impliquer dans cette situation et devenir témoin actif. Très souvent, en prenant parti « pour » la personne que je perçois comme victime et « contre » celle que je perçois comme agresseur. « Moi tout/e seul/e je vais te sortir de là » est alors ma « devise ». Je suis dans la toute-puissance caractéristique d’un rôle de « partisan » en position de « Sauvetage » : je définis qui est du côté du bien, qui est du côté du mal.
De la position de Sauvetage, le partisan devient agresseur, l’agresseur supposé ou réel devient alors victime. Il peut alors arriver que devant la violence de l’agression du partisan - agresseur, la victime cherche à sauver (excuser au moins) son agresseur… Les rôles s’interchangent, c’est pourquoi ce processus est appelé « dramatique » [30].
En « prenant parti », les partisans en viennent à justifier la passivité des victimes ou les injustices qui se développent au sein de leur groupe et les actions de résistance violente. En « prenant parti » contre les agresseurs, les partisans deviennent insensibles aux victimes des actions violentes de la résistance à l’oppression qu’ils soutiennent.
Les groupes « partisans » justifient souvent leur prise de parti au nom de la solidarité. En fait il s’agit d’une solidarité « partisane », exclusive. Or la violence provoque toujours des victimes des deux côtés. En agissant de façon partisane, on renforce la dualité, les oppositions, la violence. En fait, les « partisans » sont dans la même toute-puissance que les agresseurs.
Schéma n° 2 : Le témoin Partisan qui renforce de fait la dualité violente.
La fonction première de la loi et des garants institués est de dénoncer le passage à l’acte transgressif, de sanctionner la transgression en reconnaissant le préjudice subi par la victime et en infligeant une peine de réparation à l’agresseur.
Je peux être témoin garant en tant que parent d’abord, en créant un climat de sécurité affective pour mes enfants, en posant des sanctions symboliques ou réelles quand ils transgressent des limites. C’est d’ailleurs en les transgressant qu’ils en apprennent l’existence. Il se peut que par certaines de leurs actions (bruit, casse etc.) je me retrouve victime, m’emporte et dans la toute-puissance de l’agresseur, les punisse physiquement ou psychologiquement. Et après je peux m’en vouloir d’avoir agi de la sorte. Pour restaurer mon autorité, je devrai reconnaître que ma réaction est contraire à mes valeurs et leur présenter mes excuses pour le préjudice subi sans pour autant devoir renoncer au bien fondé de mes limites.
Je peux aussi être témoin-garant de par ma fonction au sein d’une institution : ma fonction va définir toute une série d’actes que je dois poser pour garantir la sécurité des personnes en plus de répondre aux autres obligations liées à ma charge.
L’inventeur du Pétrin [31] appelle ce rôle « garant extérieur » [32]. Il s’agit d’un tiers neutre, qui se préserve d’être partisan de l’un ou l’autre des protagonistes, reste donc extérieur à la dualité violente, à équidistance des protagonistes : sa devise est « je maintiens un ordre », il exerce sa fonction avec autorité, au nom de sa légitimité instituée.
Nous dirons alors qu’il est en position de « Sanction » [33] parce qu’il est garant d’un ordre (défini par des lois, des règles de fonctionnement, des responsabilités liées à un statut, une fonction) et qu’il doit sanctionner toute transgression : la sanction recouvre alors tout autant la peine infligée à l’agresseur que la réparation du préjudice au profit de la victime. Sa légitimité à agir de la sorte lui vient de son autorité, laquelle lui confère de la « puissance » dans la mesure où il a les moyens donc le pouvoir d’appliquer des sanctions. En toute rigueur, le garant extérieur n’est pas affecté, du moins ces affects ne doivent pas influencer ses décisions.
Schéma n° 3 : Le Tiers Garant extérieur pour diminuer ou faire cesser la violence.
Cette position de Sanction et le rôle de « garant extérieur » correspondent à toutes les fonctions où un adulte est responsable de la sécurité d’autres personnes : parent, enseignant, éducateur, animateur, chef d’équipe, directeur, arbitre, médiateur, policier, juge, président, etc. Pour pouvoir être utilisé sans charge émotionnelle, l’appareil de sanction doit être défini au préalable [34] : depuis la confrontation verbale, le rappel du cadre jusqu’aux procédures d’exclusion, en passant par toutes les étapes de la sanction pédagogique. De la même façon qu’un policier ou un juge, doit pouvoir faire cesser une injustice ou une violence, si besoin par le recours à la contrainte au nom de la loi, un garant doit pouvoir faire cesser un passage à l’acte, une transgression, un dysfonctionnement, au nom des règles. De très nombreuses situations de « violence institutionnelle » sont le résultat d’une incapacité / impuissance des « garants extérieurs » à faire respecter le cadre, par manque de moyens ou d’autorité.
Cette position peut être aussi celle du citoyen qui intervient pour dénoncer des incivilités avec comme seul moyen la persuasion, des transgressions définies par la loi par le dépôt de plainte, ou des injustices par tous moyens sauf ceux de la violence. Il faut cependant reconnaître que très souvent le citoyen - militant intervient plus comme témoin partisan que comme témoin garant. Par contre, toutes les ONG qui interviennent sous forme de campagne de lettres qui dénoncent des injustices tout en respectant les auteurs ou leurs « complices », correspondent à ce rôle de « garant extérieur ».
En principe le but de l’intervention du « garant extérieur », en faisant cesser la violence, est de permettre à la victime et à l’agresseur de sortir de leur enfermement réciproque et de redevenir « garants » d’eux-mêmes en reconnaissant le bien-fondé sinon le bienfait et la légitimité de la sanction (peine et réparation). En cas d’insatisfaction de l’une ou l’autre partie, des procédure d’appel sont prévues.
Il se peut aussi, dans le cas de meurtres par exemple, que la réparation obtenue ne permette pas aux parents de la victime, victimes à leur tour, de se reconstruire et qu’un sentiment d’injustice profonde demeure, lequel peut alimenter un désir de vengeance. Les victimes resteront dans leur position de passivité et s’enfermeront dans le « procès d’intention » de l’agresseur. Pour les aider à sortir de ce rôle, il leur faudrait pouvoir oser une « médiation » avec l’agresseur. Des personnes ont réussi à faire cette démarche, du moins ont-elles pu percevoir la souffrance de l’agresseur et du coup « pardonner ». A travers ce mot, elles traduisent qu’elles ont pu retrouver une paix intérieure et se libérer de l’obsession de la vengeance.
C’est aussi ce qui se passe dans les processus de « réconciliation » nationale ou internationale comme dans le cas de l’Afrique du Sud post apartheid ou de la France et de l’Allemagne. Il ne peut y avoir de véritable amnistie que si les victimes ont pu être entendues, reconnues dans le préjudice vécu et si elles ont bénéficié d’une réparation, ne serait-ce que symbolique [35].
Nous verrons que cette démarche peut correspondre à, ou s’inspirer de, celle que nous développerons plus loin : le « garant intérieur ».
Or, nous le savons, l’histoire et l’actualité sont faites des très nombreux « garants extérieurs », qui de fait, sont des acteurs partisans :
Nous reprenons donc à notre compte les deux lois du Pétrin [36] :
Loi n°1 :
La violence s’aggrave dans le système chaque fois que quelqu’un s’enferme ou est enfermé dans sa position, reste prisonnier de - ou est emprisonné dans - son rôle :
Loi n° 2 :
La violence augmente dans le système chaque fois qu’un des rôles est oublié, mis à l’écart ou que la parole de l’un d’eux est rejetée.
Le fait de se concentrer sur deux positions seulement peut relever d’un choix « stratégique » : c’est celui qui est fait chaque fois que des personnes, des groupes, des états veulent imposer leur point de vue, la défense de leurs seuls intérêts, par tous les moyens. Il faut pour parvenir à ses fins être sûrs d’être le plus fort. C’est très souvent ce qui se passe mais l’histoire montre qu’à vouloir mener la guerre jusqu’au bout, on finit par s’épuiser et que le prix à payer peut être très lourd !
Par contre la violence diminue dans un système conflictuel dès lors que des sanctions (paroles ou actes) peuvent circuler entre tous les acteurs du système (victime-s, agresseur-s et garant-s extérieur-s de la règle / loi) et prendre sens pour chacun d’eux, c’est-à-dire dès lors qu’agresseur-s et victime-s peuvent assumer la sanction et se reconstruire à travers elle.
Je peux aussi être amené, en tant que « garant extérieur », à me trouver en situation d’impuissance, ou de toute-puissance, face à des subordonnés (enfants, membres de mon équipe, usagers, clients etc) ou face à mon supérieur qui me donne des injonctions paradoxales. Dès lors que je vis l’un ou l’autre de ces sentiments, j’ai quitté de fait ma position de Sanction, mon rôle de garant extérieur et je me retrouve victime, éventuellement le reste, ou de victime je deviens immédiatement agresseur. On se retrouve alors dans le cadre du Schéma n° 1 : Victime – Agresseur qui renforce la dualité violente. Imaginons que je fasse à nouveau un rappel au cadre et que je rencontre toujours le même déni de la part de la personne qui se maintient en position de victime, ou que je sois accusé moqué, humilié, menacé de la part de la personne qui a commis une transgression et que je viens de sanctionner. C’est ici que la dynamique émotionnelle va jouer un rôle très important pour sortir de ce sentiment d’impuissance sans prendre le risque de vivre immédiatement un sentiment de toute-puissance.
Si quand je suis arrivé en position de Perception (depuis la position de Sanction) j’exprime très exactement ce que je ressens, si j’arrive à déconstruire mon impuissance [37], alors je vais pouvoir me servir de l’énergie de ces émotions pour « rebondir » [38]. Je serai toujours dans le rôle de victime, mais de victime responsable, qui assume ses perceptions, qui est capable d’en parler sans peur, d’accueillir ses émotions, de déconstruire son impuissance.
On pourrait objecter que précisément dans ce rôle « responsable » on n’est plus victime. On est victime d’abord au regard d’un préjudice. Après, il dépend de nous que ce préjudice soit subit ou assumé, c’est la forme de la réaction émotionnelle (refoulée ou accueillie) qui fera la différence.
Une fois « propulsé » par cette énergie, je vais devoir orienter cette énergie vers la position d’Intention en affirmant des choix, des valeurs, des désirs d’agir avec, des intentions de coopération respectueuse, qui sont conformes aux lois, aux valeurs supérieures, donc libres de toute-puissance. Nous appelons, par défaut, alors le rôle correspondant à cette position « résistant constructif » [39] : « objecteur », « dissident » correspondrait aussi à ce rôle. A la différence du rôle d’agresseur, celui de « résistant constructif » refuse d’avoir recours à la violence.
Et c’est ce passage par la formulation d’intentions explicitement inclusives et respectueuses de l’autre qui va me permettre de revenir en position de Sanction [40] et de retrouver la puissance liée à ce rôle.
Au cours de ce processus de transformation, les positions restent les mêmes, mais les rôles qui les incarnent ont été transformés : en position de Perception, « victime passive », je suis devenu consciemment « victime responsable » ; en position d’Intention, d’« agresseur » je suis devenu « résistant constructif » [41].
Schéma n° 4 : Le Garant Intérieur et le processus de transformation :
Il se peut aussi qu’en fin de compte l’autre reste sur sa position, c’est sa liberté. Mais moi j’aurai donné du sens à ma souffrance et c’est comme cela que je pourrai l’assumer en restant fidèle à mes valeurs [45].Dans le meilleur des cas, je retrouve la puissance indispensable à mon rôle de garant en position de Sanction, parce que mon autorité est à nouveau reconnue et que l’agresseur et / ou la victime acceptent ma sanction.
Dans le cas plus difficile où je prends conscience que ce qu’on exige de moi est incompatible avec mes valeurs, je devrai faire un choix : soit faire des concessions sur mes valeurs, soit les revisiter, soit y renoncer provisoirement en toute conscience, soit encore démissionner parce que dans l’impossibilité de transiger [46].
Schéma n° 5 : Le Garant Intérieur et les tours de PISTES :
NB. Les mouvements 1 et 2 (le 3 ne fait que commencer) symbolisent les différents « tours de Pistes » successifs qui nécessitent de plus en plus de profondeur (Perception) et de hauteur (Intention) pour arriver à débloquer la situation.
Imaginons maintenant une situation où je me trouve témoin d’une injustice sociale. En tant que citoyen, je peux me considérer comme garant-extérieur / citoyen, pour la justice et attaché au respect des lois. Je peux être amené à dénoncer l’attitude des garants extérieurs officiels inactifs et peut-être partisans de fait de l’ordre établi injuste. Je peux très vite ressentir de l’impuissance et me retrouver en position de Perception et dans le rôle de victime. Les sanctions, tant vis-à-vis des victimes (non reconnaissance du préjudice subi) et des agresseurs (caution de leurs actes injustes ou sanctions disproportionnées) me semblent inadaptées et contraires à mes valeurs.
Je peux néanmoins activer un processus de transformation : il me faudra assumer totalement mon de victime responsable que je peux verbaliser et même mettre en scène par des actions sans violence (grève, jeûne, désobéissance civile et autres actions symboliques), qui visent à révéler la violence de la situation, puis affirmer mes intentions de justice pour tout le monde, quitte à assumer mes choix (sanctions de mes supérieurs, tribunal, prison etc.). C’est ici que va se révéler la cohérence entre les moyens et les fins poursuivies.
Ce processus de transformation va me conduire dans le rôle de « garant intérieur » cette fois, qui est l’autre rôle de la position de Sanction : non plus au nom de l’ « ordre établi » mais au nom d’un « ordre supérieur », celui de mes valeurs, de la conscience, d’une spiritualité donnée etc. C’est ainsi que font tous les citoyens, tous les « dissidents », qui dénoncent des situations d’injustice et s’exposent, volontairement et sans se cacher, aux risques de la répression. C’est ainsi que nous interprétons les principes de la « désobéissance civile » et des différentes formes d’actions de résistance sans violence [47].
Ce qui permet à tous ces « garants intérieurs » d’assumer la répression, c’est justement la puissance qu’ils tirent des valeurs auxquelles ils adhérent. C’est le « Satyagraha » de Gandhi qui se traduit textuellement par « étreinte indéfectible de la vérité ». Cette dynamique à des chances de provoquer un mouvement de « solidarité non-partisane » qui permettra aux agresseurs, aux victimes et aux garants extérieurs partisans de sortir de leur rôle, de leur solitude, pour s’impliquer dans une dynamique de « garants » d’un nouvel ordre plus juste. C’est l’expérience de nombreuses résistances de ce type qui permet d’expliquer ce qui se passe ainsi. Loin de nous de prétendre que ça se passe « toujours » ainsi car cela dépend de différents facteurs liés aux circonstances. Mais la probabilité que cela se passe ainsi est sans commune mesure plus forte que l’inverse. Faire le pari que ça peut se passer ainsi fait aussi partie du rôle de « résistant constructif ».
A contrario si, en positon de victime je fais une action clandestine / cachée ou violente je suis automatiquement dans le rôle d’agresseur et je renforce la dualité de la violence... C’est ce qui est arrivé à de nombreux mouvements de libération armés : soit à cause de la répression dont ils ont été l’objet, soit parce qu’ils ont réussi à prendre le pouvoir d’Etat, il en est toujours sorti un Etat au moins autant sinon plus répressif.
Le fait de passer d’une situation d’impuissance au recouvrement de la puissance à travers ce processus de transformation illustre assez exactement ce que porte la notion d’ « empowerment » : « Sommairement, on peut définir l’empowerment comme la capacité des personnes et des communautés à exercer un contrôle sur la définition et la nature des changements qui les concernent. » [48]
Conclusions
Cet outil doit nous permettre de vérifier où et quand, dans quelle position nous sommes et quel rôle nous assumons à partir :
Il nécessite un travail d’entraînement pour relire, seul où à l’aide d’un ou plusieurs tiers, ce qui a été vécu dans ces situations insatisfaisantes :
Après avoir ainsi plusieurs fois découvert a posteriori la partie cachée des oppositions vécues, je pourrai devenir plus conscient/e du processus émotionnel à l’œuvre en situation, sans pour autant savoir encore le piloter autrement.
Puis, je me rendrai compte un jour que j’ai su réagir autrement, anticiper, de façon plus constructive et intuitive sans faire d’effort : le processus émotionnel de transformation commence à porter ses fruits !
[1] Les émotions dont des réactions physico-corporelles de protection, indépendantes de notre néocortex. Elles sont le signal qu’un ou plusieurs de nos « besoins fondamentaux » est frustré. Par « besoins fondamentaux » nous entendons les besoins d’amour, de reconnaissance, de sécurité-orientations, d’autonomie et de créativité-transcendance.
[2] Il importe ici de préciser la distinction entre « rôle » et « position ».
– Le « rôle » correspond à l’ensemble des tâches exécutées. Dans le « rôle prescrit » (voir plus loin « garant extérieur ») les tâches sont prescrites à partir de besoins identifiés par l’institution qui institue le fonction correspondante. Nous appelons par contre « rôle informel », le rôle de « victime » ou d’ « agresseur » et plus loin celui de « partisan », car il tire son énergie de peurs cachées / frustrations des besoins fondamentaux de la personne qui le « manipulent ».
– La « position » décrit un point de vue conditionné par la dynamique émotionnelle : c’est parce que les émotions sont refoulées et projetées qu’elles provoquent en position Perception, le rôle de victime, en position d’Intention celui d’agresseur. Nous verrons plus loin que ces positions recèlent une autre dynamique lorsque les émotions sont accueillies et canalisées / distillées.
[3] Le sentiment d’impuissance et de toute-puissance sont des complexes émotionnels : voir note 14. Ces termes, construit à partir du mot « puissance » - dérivé de puissant, participe présent du verbe « pouvoir », renvoient au sentiment d’impossibilité ou de possibilité sans limite de « pouvoir faire ».
[4] J.J. Samuel et Hervé Ott Le mimétisme. Eudes autour de René Girard, Cahiers de IECCC.
[5] Ce rôle a déjà été dévoilé par l’Analyse Transactionnelle à travers l’image du « Triangle dramatique ». Cf. lan Stewart et Vann Joines Manuel d’Analyse Transactionnelle InterEdition Paris 1991 p. 283 – 285.
[6] Voir note n° 1
[7] En toute rigueur, le « garant extérieur » est un rôle prescrit. Voir note 5.
[8] Cette « position » (cf note 5) de Sanction est à ce niveau du « garant extérieur » libre de toute couleur émotionnelle : le garant extérieur doit pouvoir faire abstraction de ses propres émotions comme la peur, la colère, la honte etc pour rester « puissant » dans ses décisions. Au mieux il ressent de l’empathie, à condition que ce soit pour tous les protagonistes.
[9] La différence que nous faisons entre « sanction » et « punition » vient de la charge émotionnelle associée à la punition qui généralement humilie la personne visée. La sanction est une conséquence prévue à l’avance pour répondre à une transgression et pour permettre la réparation du préjudice causé.
[10] En ce sens, l’amnistie décrétée par le gouvernement algérien après les dix années de « guerre au terrorisme islamiste » a été vécue comme une terrible injustice car les préjudices subis par la population ont été passé sous silence et les assassins jamais inquiétés. On peut trouver des parallèles au Chili de l’après dictature et dans tous les pays où une période tragique de leur histoire a été recouverte d’un silence coupable.
[11] Voir la note 1.
[12] Ce sentiment d’impuissance et le produit d’un mélange d’émotions refoulées, de peur, de colère, de tristesse voire de dégoût, neutralisées par de la honte ou de la peur etc. Ce sentiment puise très souvent ses racines dans la petite enfance lorsque le sujet était bridé dans sa dynamique émotionnelle par les réactions et injonctions parentales.
[13] Les émotions sont des « énergies pour » me protéger. Refoulées, rationalisées, ces émotions se transformes en « énergie contre » : la « colère contre », qui produit des injures, des coups, la « peur contre » qui produit des accusations, la « honte contre », qui produit de la culpabilisation etc. Par contre, lorsque j’accueille ces émotions comme une part de moi-même, sans les juger ou les refouler, alors elles vont devenir des supports relationnels très puissants.
[14] En France, le mot de « résistant » est associé, de part l’histoire, à une attitude de résistance violente telle qu’elle a été vécue pendant l’occupation allemande en 1940-45, ce qui ne correspond pas à toute la réalité. Il y a eu aussi des formes très importantes de résistance civile, sinon « non-violente ». En fait le verbe « résister » à un sens moral (re-être) à l’origine et c’était bien à cause de cette origine que les « résistants » à l’idéologie nazie ont choisi ce terme. Marie Durand, huguenote enfermée dans la Tour de Constance pendant 38 ans pour ses convictions religieuses, avait gravé le mot « résister » dans la pierre de sa prison.
[15] La position Sanction recèle donc aussi comme les positions Perception et Intention, une dynamique émotionnelle à travers les deux rôles qui y sont attachés : garant extérieur (au mieux de l’empathie) et garant intérieur (compassion).
[16] En France, le mot de « résistant » est associé, de part l’histoire, à une attitude de résistance violente telle qu’elle a été vécue pendant l’occupation allemande en 1940-45, ce qui ne correspond pas à toute la réalité. Il y a eu aussi des formes très importantes de résistance civile, sinon « non-violente ». En fait le verbe « résister » à un sens moral (re-être) à l’origine et c’était bien à cause de cette origine que les « résistants » à l’idéologie nazie ont choisi ce terme
[17] Nous comptons au nombre des émotions : la surprise, la joie, la colère, la tristesse, la honte, le dégoût et la compassion, souvent assimilée aujourd’hui à l’« empathie ».
[18] Dans un processus émotionnel, le fait qu’il s’agisse d’une personne ou de plusieurs est assez indifférent. Par contre il faudra toujours avoir à l’idée qu’on s’adresse à chaque individu et non à un groupe.
[19] C’est de fait ce qui se passe dans tout le processus appelé « communication non-violente » de Marshall Rosenberg. Cf. Les mots sont des fenêtres Initiation à la communication non-violente. Syros 1999.
[20] Viktor Frankl, Découvrir un sens à sa vie avec la logothérapie. Editions de l’Homme, 1988.
[21] Les valeurs sont comme des étoiles qui permettent aux marins de s’orienter : aucun d’eux n’imagine les atteindre. Nous définissons les valeurs comme étant la transcriptions par un groupe culturel donné des besoins fondamentaux de la personne humaine. Il se peut aussi que la fixation sur telle ou telle valeur (fidélité, honnêteté) soit le produit de peurs / frustrations liées aux besoins sous-jacents (fidélité pour conjurer la peur d’abandon / besoin d’amour, honnêteté pour conjurer la peur de perte des repères/ besoin d’orientation-sécurité.
[22] H. Ott , S’entraîner aux techniques de résistance constructive. Cahiers IECCC N° 3
[23] Yann Le Bossé, De l’« habilitation » au « pouvoir d’agir » : vers une appréhension plus circonscrite de la notion d’empowerment. In Nouvelles pratiques sociales, Volume 16, numéro 2, 2003, p. 30-51.
[24] Voir la note 2.
[25] Dans l’Approche et transformation constructives des conflits (ATCC, cf. http://ieccc.org/article.php3?id_article=111) les « outils de protection » sont des moyens conscients définis au préalables pour éviter de rester prisonniers de « mécanismes de défense » inconscients.
[26] Les émotions dont des réactions physico-corporelles de protection, indépendantes de notre néocortex. Elles sont le signal qu’un ou plusieurs de nos « besoins fondamentaux » est frustré. Par « besoins fondamentaux » nous entendons les besoins d’amour, de reconnaissance, de sécurité-orientations, d’autonomie et de créativité-transcendance.
[27] Il importe ici de préciser la distinction entre « rôle » et « position ».
– Le « rôle » correspond à l’ensemble des tâches exécutées. Dans le « rôle prescrit » (voir plus loin « garant extérieur ») les tâches sont prescrites à partir de besoins identifiés par l’institution qui institue le fonction correspondante. Nous appelons par contre « rôle informel », le rôle de « victime » ou d’ « agresseur » et plus loin celui de « partisan », car il tire son énergie de peurs cachées / frustrations des besoins fondamentaux de la personne qui le « manipulent ».
– La « position » décrit un point de vue conditionné par la dynamique émotionnelle : c’est parce que les émotions sont refoulées et projetées qu’elles provoquent en position Perception, le rôle de victime, en position d’Intention celui d’agresseur. Nous verrons plus loin que ces positions recèlent une autre dynamique lorsque les émotions sont accueillies et canalisées / distillées.
[28] Le sentiment d’impuissance et de toute-puissance sont des complexes émotionnels : voir note 14. Ces termes, construit à partir du mot « puissance » - dérivé de puissant, participe présent du verbe « pouvoir », renvoient au sentiment d’impossibilité ou de possibilité sans limite de « pouvoir faire ».
[29] J.J. Samuel et Hervé Ott Le mimétisme. Eudes autour de René Girard, Cahiers de IECCC.
[30] Ce rôle a déjà été dévoilé par l’Analyse Transactionnelle à travers l’image du « Triangle dramatique ». Cf. lan Stewart et Vann Joines Manuel d’Analyse Transactionnelle InterEdition Paris 1991 p. 283 – 285.
[31] Voir note n° 1
[32] En toute rigueur, le « garant extérieur » est un rôle prescrit. Voir note 5.
[33] Cette « position » (cf note 5) de Sanction est à ce niveau du « garant extérieur » libre de toute couleur émotionnelle : le garant extérieur doit pouvoir faire abstraction de ses propres émotions comme la peur, la colère, la honte etc pour rester « puissant » dans ses décisions. Au mieux il ressent de l’empathie, à condition que ce soit pour tous les protagonistes.
[34] La différence que nous faisons entre « sanction » et « punition » vient de la charge émotionnelle associée à la punition qui généralement humilie la personne visée. La sanction est une conséquence prévue à l’avance pour répondre à une transgression et pour permettre la réparation du préjudice causé.
[35] En ce sens, l’amnistie décrétée par le gouvernement algérien après les dix années de « guerre au terrorisme islamiste » a été vécue comme une terrible injustice car les préjudices subis par la population ont été passé sous silence et les assassins jamais inquiétés. On peut trouver des parallèles au Chili de l’après dictature et dans tous les pays où une période tragique de leur histoire a été recouverte d’un silence coupable.
[36] Voir la note 1.
[37] Ce sentiment d’impuissance et le produit d’un mélange d’émotions refoulées, de peur, de colère, de tristesse voire de dégoût, neutralisées par de la honte ou de la peur etc. Ce sentiment puise très souvent ses racines dans la petite enfance lorsque le sujet était bridé dans sa dynamique émotionnelle par les réactions et injonctions parentales.
[38] Les émotions sont des « énergies pour » me protéger. Refoulées, rationalisées, ces émotions se transformes en « énergie contre » : la « colère contre », qui produit des injures, des coups, la « peur contre » qui produit des accusations, la « honte contre », qui produit de la culpabilisation etc. Par contre, lorsque j’accueille ces émotions comme une part de moi-même, sans les juger ou les refouler, alors elles vont devenir des supports relationnels très puissants.
[39] En France, le mot de « résistant » est associé, de part l’histoire, à une attitude de résistance violente telle qu’elle a été vécue pendant l’occupation allemande en 1940-45, ce qui ne correspond pas à toute la réalité. Il y a eu aussi des formes très importantes de résistance civile, sinon « non-violente ». En fait le verbe « résister » à un sens moral (re-être) à l’origine et c’était bien à cause de cette origine que les « résistants » à l’idéologie nazie ont choisi ce terme. Marie Durand, huguenote enfermée dans la Tour de Constance pendant 38 ans pour ses convictions religieuses, avait gravé le mot « résister » dans la pierre de sa prison.
[40] La position Sanction recèle donc aussi comme les positions Perception et Intention, une dynamique émotionnelle à travers les deux rôles qui y sont attachés : garant extérieur (au mieux de l’empathie) et garant intérieur (compassion).
[41] En France, le mot de « résistant » est associé, de part l’histoire, à une attitude de résistance violente telle qu’elle a été vécue pendant l’occupation allemande en 1940-45, ce qui ne correspond pas à toute la réalité. Il y a eu aussi des formes très importantes de résistance civile, sinon « non-violente ». En fait le verbe « résister » à un sens moral (re-être) à l’origine et c’était bien à cause de cette origine que les « résistants » à l’idéologie nazie ont choisi ce terme
[42] Nous comptons au nombre des émotions : la surprise, la joie, la colère, la tristesse, la honte, le dégoût et la compassion, souvent assimilée aujourd’hui à l’« empathie ».
[43] Dans un processus émotionnel, le fait qu’il s’agisse d’une personne ou de plusieurs est assez indifférent. Par contre il faudra toujours avoir à l’idée qu’on s’adresse à chaque individu et non à un groupe.
[44] C’est de fait ce qui se passe dans tout le processus appelé « communication non-violente » de Marshall Rosenberg. Cf. Les mots sont des fenêtres Initiation à la communication non-violente. Syros 1999.
[45] Viktor Frankl, Découvrir un sens à sa vie avec la logothérapie. Editions de l’Homme, 1988.
[46] Les valeurs sont comme des étoiles qui permettent aux marins de s’orienter : aucun d’eux n’imagine les atteindre. Nous définissons les valeurs comme étant la transcriptions par un groupe culturel donné des besoins fondamentaux de la personne humaine. Il se peut aussi que la fixation sur telle ou telle valeur (fidélité, honnêteté) soit le produit de peurs / frustrations liées aux besoins sous-jacents (fidélité pour conjurer la peur d’abandon / besoin d’amour, honnêteté pour conjurer la peur de perte des repères/ besoin d’orientation-sécurité.
[47] H. Ott , S’entraîner aux techniques de résistance constructive. Cahiers IECCC N° 3
[48] Yann Le Bossé, De l’« habilitation » au « pouvoir d’agir » : vers une appréhension plus circonscrite de la notion d’empowerment. In Nouvelles pratiques sociales, Volume 16, numéro 2, 2003, p. 30-51.
[49] Voir la note 2.
[50] Dans l’Approche et transformation constructives des conflits (ATCC, cf. http://ieccc.org/article.php3?id_article=111) les « outils de protection » sont des moyens conscients définis au préalables pour éviter de rester prisonniers de « mécanismes de défense » inconscients.