Astrid Fossier, Genève, juillet 2003
Entretien avec M. Kelsang Gyaltsen, envoyé de Sa Sainteté le Dalaï Lama auprès de l’Union Européenne.
« La paix au Tibet signifierait pour moi devenir enfin un vrai citoyen dans ce monde. »
Mots clefs : Idées et valeurs | Education à la non-violence | Résistance civile et pacifique à la guerre | Respect des droits humains | Droit des peuples à l'autodétermination | La démocratie, facteur de paix | Initiatives de coopération politique internationale pour la paix | Voie diplomatique pour chercher la paix | La paix selon les Tibétains | Médiateur gouvernemental | Communauté Internationale | Union Européenne | Parlement Européen | Dalai Lama | Gouvernement tibétain en exil | Commission européenne | Gouvernement indien | Gouvernement chinois | Réformer les relations politiques pour préserver la paix | Favoriser l'intervention d'un tiers pour sauver la paix | Agir à l'échelle internationale pour préserver la paix | Résister pacifiquement à la guerre | S'opposer de façon non-violente à la guerre | Mener des négociations politiques pour rechercher la paix
Astrid Fossier :
Tout d’abord, j’aimerais que vous me racontiez votre histoire, ce qui vous a mené jusqu’en Belgique, où vous vivez et travaillez aujourd’hui ?
M. Kelsang Gyaltsen :
Je suis un Tibétain né au Tibet. En 1959, alors que j’étais encore très jeune, mes parents ont dû fuir le Tibet pour l’Inde, où nous avons passé plusieurs années dans un camp de réfugiés. En 1963, j’avais entre 10 et 11 ans, je suis allé en Suisse avec un groupe d’enfants Tibétains pour continuer mon éducation. C’est donc en Suisse que j’ai grandi.
A la fin de ma scolarité, je suis entré dans l’administration tibétaine en exil. J’ai d’abord travaillé comme représentant de Sa Sainteté le Dalaï Lama en Suisse. Le bureau du Tibet à Genève était alors responsable de tous les intérêts tibétains en Europe centrale et en Europe du Sud. En 1992, j’ai été rappelé en Inde pour travailler dans le cabinet privé de Sa Sainteté le Dalaï Lama où je suis resté environ sept ans. Fin 1999, je suis revenu en Europe. Depuis, je suis l’envoyé de Sa Sainteté le Dalaï Lama auprès de l’Union Européenne. Ma tâche ici est d’être toujours en interaction avec le Parlement européen, la Commission européenne et le Conseil de l’Europe, afin d’obtenir leur soutien pour la lutte non-violente du peuple Tibétain.
Astrid Fossier :
Quelle type de réactions et d’actions attendez-vous de la part des gouvernements de l’Union européenne ?
M. Kelsang Gyaltsen :
L’Europe est un continent composé de gouvernements démocratiques qui partagent les valeurs fondamentale des droits de l’homme, du droit à la liberté et des droits universels. Ces gouvernements travaillent à la promotion des droits de l’homme, de la paix et de la démocratie et placent ces valeurs au centre de leur politique extérieure.
Aujourd’hui, la communauté internationale est engagée dans la lutte contre le terrorisme et la violence politique. Or si vous voulez réduire le terrorisme et la violence politique, vous devez promouvoir la non-violence. C’est obligatoire. Dans les sociétés humaines, il y a toujours des désaccords portant sur les intérêts de chacun et la façon d’appréhender les choses. Comment résoudront nous ces différends humains ? La seule voie raisonnable et intelligente est celle du dialogue et de la non violence.
La lutte tibétaine pour la liberté est une des rares luttes de notre temps qui soit restée fondamentalement non violente pendant ces trente dernières années. Si les gouvernements considèrent la promotion de la non violence comme une de leur responsabilité majeure, ils doivent supporter les mouvements non violents. La lutte pour la liberté au Tibet est une des luttes non violentes les plus célèbre, et je pense que cela nous donne le droit de demander leur soutien aux gouvernements de l’Union européenne. Cela justifie notre démarche.
Ce que nous attendons des gouvernements européens, c’est un réel soutien dans la recherche d’une solution au problème tibétain, à travers la négociation et de manière non violente. Sa Sainteté le Dalaï lama, le leader politique et religieux du peuple tibétain, a exprimé très clairement son désir de trouver une solution au problème tibétain à travers des négociations avec le gouvernement chinois. Il a expliqué qu’il ne recherchait ni l’indépendance ni la séparation du Tibet, mais une réelle autonomie pour le peuple tibétain à l’intérieur de la République populaire de Chine (RPC). Il a également souligné que le combat des Tibétains pour leur liberté est strictement non violent. Cette ligne politique du Dalaï Lama a pour but de trouver une solution non violente et acceptable mutuellement par le gouvernement chinois et par le peuple tibétain, dans un esprit de compromis et de réconciliation, considérant à égalité les intérêts des deux parties engagées.
Pour le gouvernement chinois, les intérêts principaux sont la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RPC. C’est pour cela que Sa Sainteté a souligné qu’il ne recherchait ni l’indépendance ni la séparation. Pour le peuple tibétain, le plus important est le droit de protéger notre propre culture, notre propre religion et notre propre langue, ainsi que d’avoir, dans notre propre pays, la liberté d’exercer ces droits pleinement afin de préserver la culture unique de notre peuple, sa religion et son identité. On voit donc que la position du Dalaï Lama tient compte des principaux intérêts de la RPC et des principaux droits et intérêts du peuple tibétain.
Astrid Fossier :
Quelle peut être la place des gouvernements européens dans des négociations entre les dirigeants chinois et les représentants du gouvernement tibétain en exil ?
M. Kelsang Gyaltsen :
Les négociations sur la résolution du problème tibétain doivent avoir lieu entre les représentants du gouvernement chinois et ceux du Dalaï Lama. Mais la communauté internationale a pour responsabilité de créer un environnement constructif qui permette à ces négociations d’aboutir positivement.
Pour le moment, ce que peuvent faire les gouvernements européens, c’est de pousser les deux parties impliquées à s’asseoir ensemble et à engager le dialogue. Les gouvernements européens doivent continuer à exprimer aux autorités chinoises leur profonde inquiétude quant à la situation problématique à l’intérieur même du Tibet. Ils doivent également insister auprès du gouvernement chinois pour que celui-ci respecte les droits de l’homme fondamentaux. Enfin ils doivent persuader les dirigeants de la RPC d’engager un dialogue avec les représentants du gouvernement tibétain en exil et avec Sa sainteté le Dalaï Lama. Je pense que de cette façon, l’action des gouvernements européens peut être réellement constructive et aider à rendre possible des négociations qui mèneraient peut-être à une solution concrète.
Astrid Fossier :
Pensez-vous que les gouvernements européens soient prêts à jouer ce rôle, eut égard au contexte politique actuel et au pouvoir économique que représente la Chine aujourd’hui ?
M. Kelsang Gyaltsen :
Le Parlement européen a voté plusieurs résolutions concernant le Tibet, et la plupart des dirigeants européens, lorsqu’ils rencontrent les leaders chinois, expriment leur inquiétude à propos du Tibet et la nécessité urgente pour les Chinois d’engager un dialogue avec Sa Sainteté le Dalaï Lama. Presque tous les gouvernements européens font cela. Mais malheureusement, jusqu’à maintenant, il n’y a jamais eu de réponse positive de la part du gouvernement chinois.
Cependant en septembre de l’année dernière, une délégation de Sa Sainteté le Dalaï Lama a été autorisée à visiter Pékin, Lhassa et d’autres endroits. Et cette année, à la fin du mois de mai, la même délégation s’est de nouveau rendue en Chine. Donc pour la première fois depuis 1993, des représentants de Sa Sainteté le Dalaï Lama ont instauré un contexte de dialogue avec le gouvernement chinois. C’est un développement positif, et je pense que ces rencontres ont été possibles grâce à l’intérêt exprimé par les gouvernements européens et la communauté occidentale envers le problème tibétain.
Astrid Fossier :
Vous étiez l’un des membres de cette délégation, comment se sont passés les rencontres avec les officiels chinois ?
M. Kelsang Gyaltsen :
Ces rencontres se sont très bien déroulées. Nous nous sommes rencontrés dans une atmosphère franche et avons eu un échange de vue cordial. Mais ce n’est que le début d’une nouvelle relation. Nous ne savons donc ni où elle va nous mener, ni s’il y aura des résultats concrets. Il est encore trop tôt pour le savoir.
Astrid Fossier :
Pensez-vous que les officiels chinois soient aujourd’hui plus ouverts au dialogue ?
M. Kelsang Gyaltsen :
La seule chose que nous puissions dire avec certitude, c’est que nous avons confiance en une poursuite du dialogue, car nous avons tous l’impression, Tibétains et Chinois, que notre dernier contact était positif. Mais nous ne savons pas si cela va mener à une discussion vraiment sérieuse sur la résolution du problème tibétain. Nous espérons que cela va se concrétiser, mais rien n’est encore sur.
Astrid Fossier :
Que pensez-vous du nouveau gouvernement chinois et des nouveaux membres de ce gouvernement ? Ils sont plus jeunes, ce qui peut être positif, mais ils sont toujours issus de l’école du Parti communiste… Pensez-vous qu’ils soient plus ouverts à des réformes au Tibet ?
M. Kelsang Gyaltsen :
La nouvelle génération de dirigeants est mieux éduquée et a une vue plus large quant à la position de la Chine au sein de la communauté internationale. Les changements qui ont eu lieu dernièrement sont les plus gros changements à la tête du pouvoir chinois depuis la mort de Mao Zedong. Il est évident qu’un tel contexte, dans quelque pays et dans quelque situation que ce soit, représente une opportunité unique pour une évolution positive. C’est sûrement le moment d’exercer une influence sur le gouvernement chinois pour le pousser vers de nouvelles réformes. Cette influence peut être exercée par la communauté internationale qui éprouve un intérêt de plus en plus vif envers la Chine, son développement et la question particulière du Tibet.
Si les nouveaux leaders chinois s’aperçoivent que la communauté internationale est réellement préoccupée par ce qui se passe au Tibet, il sera dans l’intérêt de la RPC, de son statut et de ses relations avec le reste du monde de rechercher un développement acceptable de la question tibétaine.
Astrid Fossier :
Les leaders Chinois semblent ne pas vouloir engager de dialogue avec Sa Sainteté le Dalaï Lama. Le gouvernement chinois emploie des formules très violentes à son égard et le considère comme la source du conflit …
M. Kelsang Gyaltsen :
Je pense que c’est une erreur de la part des dirigeants chinois. Sa sainteté le Dalaï Lama n’est pas le problème, il est même au contraire la clé pour le résoudre! Mais malheureusement le gouvernement chinois a toujours essayé de dépeindre le Dalaï Lama comme étant l’unique problème. Cependant personne ne croit cela. Quiconque est au courant de la réalité tibétaine sait que le Dalaï Lama est en réalité la principale force permettant de plaider la cause du Tibet et de trouver une solution qui soit acceptable par les deux parties et qui prenne les intérêts de tous en considération. Ce que fait le gouvernement chinois, c’est de la propagande ! Il essaie de dire qu’il n’y a pas de problème tibétain et que le seul problème est le Dalaï Lama. Cela ne reflète pas la réalité de la situation et bloque malheureusement la résolution du problème tibétain.
Astrid Fossier :
Sa Sainteté le Dalaï Lama concentre les pouvoirs religieux et politique. Ne pensez-vous pourtant pas qu’une claire séparation de ces pouvoirs aiderait dans la recherche d’une solution au problème tibétain ?
M. Kelsang Gyaltsen :
Non. Notre gouvernement en exil est déjà entièrement démocratique. Nos dirigeants politiques sont élus, tout comme notre parlement. Sa sainteté le Dalaï Lama s’est clairement prononcé pour la séparation du clergé et de l’Etat. Il a également souligné que lorsque nous auront atteint une solution acceptable et que nous retournerons au Tibet, il n’occupera aucune place dans l’administration locale. Il ne veut pas de position officielle. Cela ne lui pose aucun problème !
Astrid Fossier :
Qu’arrivera-t-il lorsque Sa Sainteté le Dalaï Lama disparaîtra ? Comment se passera la recherche de la nouvelle incarnation ?
M. Kelsang Gyaltsen :
Sa Sainteté le Dalaï Lama a clairement dit que la continuation ou non de l’institution du Dalaï Lama dépendrait du désir des Tibétains. Il a également souligné que si la situation au Tibet ne change pas et qu’aucune solution n’est trouvée à la mort du Dalaï Lama, la réincarnation devra être cherchée hors de la RPC. La réincarnation veut qu’une personne illuminée se réincarne afin de continuer la tâche commencée mais non terminée dans sa vie antérieure. Et cela ne serait pas possible dans la Chine actuelle.
L’institution du Dalaï Lama a toujours eu un grand pouvoir d’influence au sein de la société tibétaine. Mais depuis plus de quarante ans, nous avons entamé un renouveau démocratique au sein de notre gouvernement en exil. Aujourd’hui tous nos dirigeants sont élus. Comme je l’ai déjà dis, le Dalaï Lama souhaite d’une part une séparation claire de l’église et de l’Etat, et d’autre part que le nombre de membres du clergé au sein du gouvernement soit diminué, même si en tant que pays bouddhiste, nos valeurs morales et spirituelles resteront intactes.
Astrid Fossier :
Qu’est-ce exactement que le Tibetan Youth Congress ? Quel est leur rôle dans la vie politique tibétaine ? Certains disent qu’ils sont prêts à user de la violence pour libérer le Tibet…
M. Kelsang Gyaltsen :
Le Tibetan Youth Congress est la plus grosse organisation politique de la communauté tibétaine. Ils sont plusieurs milliers de membres et parmi ces nombreux membres, il existe différentes façons de voir. Certaines des sections du Tibetan Youth Congress ont l’impression qu’une lutte non violente pour la liberté n’apportera aucun résultat. Mais malgré cela, le Tibetan Youth Congress, qui a été fondé en 1970, reste une organisation aux activités fondamentalement non violentes. Malgré les différents courants qui agitent cette organisation, sa loyauté au Dalaï Lama est toujours aussi forte. La majorité des membres du Tibetan Youth Congress continue de soutenir Sa Sainteté dans sa lutte non violente pour la liberté au Tibet.
Cependant, les positions du Dalaï Lama et celle du Tibetan Youth Congress divergent. Sa Sainteté a décidé de chercher un compromis avec le gouvernement chinois et de lutter non pour la séparation ou l’indépendance du Tibet mais pour une réelle autonomie pour le peuple Tibétain, au sein même de la RPC. Si cette lutte devient violente, il n’aura plus d’autre alternative que d’abandonner son rôle de leader. La position du Tibetan Youth Congress est plus stricte : l’indépendance complète du Tibet. Mais malgré cette différence d’objectif, les membres du Tibetan Youth Congress continueront de mener des actions non violentes.
Astrid Fossier :
Quel est le lien concret entre le Tibetan Youth Congress et le gouvernement tibétain en exil ?
M. Kelsang Gyaltsen :
Beaucoup de fonctionnaires du gouvernement tibétain en exil viennent du Tibetan Youth Congress. Etant donné que c’est la plus grosse organisation politique tibétaine, beaucoup des dirigeants de la société tibétaine en exil en sont originaires.
Astrid Fossier :
Ces dernières semaines, les gouvernements indiens et chinois ont ré-ouvert le dialogue, après plus de quarante ans de silence et d’antagonismes. Craignez-vous que le gouvernement tibétain en exil soit sacrifié au nom de cette nouvelle relation ?
M. Kelsang Gyaltsen :
Nous pensons tout d’abord que si les relations entre l’Inde et la Chine s’améliorent, la recherche d’une solution pacifique au problème tibétain sera facilitée. C’est notre position principale. Deuxièmement, nous avons toutes les assurances que le gouvernement indien ne changera pas de position à l’égard du Tibet. Nous n’avons aucune raison d’en douter. Tout simplement parce qu’une solution positive au problème tibétain est dans l’intérêt de l’Inde. Si la situation au Tibet empirait, cela aurait un impact extrêmement négatif sur les intérêts de l’Inde en terme de sécurité nationale.
Les Indiens partagent des intérêts fondamentaux avec le peuple tibétain. Ainsi, même si la politique indienne envers la Chine évolue, sa politique envers le gouvernement tibétain en exil ne changera pas. Nous sommes voisins!
Astrid Fossier :
Pensez-vous que la paix au Tibet soit importante pour le reste du monde ?
M. Kelsang Gyaltsen :
Je pense que la paix au Tibet est importante pour le reste du monde pour plusieurs raisons. Tout d’abord, si la communauté internationale veut vaincre le danger de la violence politique, elle a besoin d’une culture politique basée sur la non violence. A l’avenir, l’humanité aura non seulement besoin de réduire et même de stopper les processus de violence politique, mais aussi de promouvoir la non violence dans la résolution des conflits humains. C’est pourquoi, je pense que la lutte non violente du peuple tibétain pour sa liberté est un mouvement clé. Si elle aboutit à un résultat positif, cela encouragera les gens a employer des moyens non violents pour lutter pour leurs droits. Comme je l’ai mentionné plus tôt, différents intérêts diviserons toujours la communauté humaine. Nous ne pouvons pas créer un monde et une humanité sans différence, mais nous pouvons trouver les moyens de les dépasser, à travers la non violence. C’est la seule alternative qui nous reste !
L’autre point majeur à propos de la paix au Tibet est lié au fait que la Chine et l’Inde sont les deux nations les plus peuplées de la planète. Avant que l’armée chinoise entre au Tibet, il n’y avait jamais eu de conflit entre l’Inde et la Chine. Le Tibet avait toujours séparé ces deux géants. Mais en 1962, quelques années à peine après que le Tibet ait perdu sa liberté, une première guerre a éclaté entre la Chine et l’Inde ! Cela démontre clairement le rôle d’Etat tampon que jouait et que peut à l’avenir jouer le Tibet entre ces deux géants asiatiques. S’il réussit à garder son rôle d’Etat tampon, le Tibet contribuera à la paix dans la région et dans le monde. Mais s’il est complètement absorbé par la Chine, qu’il devient un territoire chinois, peuplé de chinois sur lequel les Tibétains ne sont plus qu’une infime minorité, les deux Etats géants partageront une frontière commune. Or comme il existe de grandes différences entre les systèmes culturels chinois et indiens, je pense que partager une même frontière risque d’être hautement conflictuel.
Astrid Fossier :
Et pour vous, que signifie la paix au Tibet ?
M. Kelsang Gyaltsen :
C’est dur pour moi de l’expliquer. Vous savez depuis mon enfance, j’ai toujours été un réfugié menant une vie de réfugié. Je ne sais pas ce que cela signifie d’avoir son propre pays, d’être citoyen d’un pays avec des droits et des responsabilités, comme la plupart des gens sur cette terre. La paix au Tibet signifierait pour moi devenir enfin un vrai citoyen dans ce monde ; car je n’ai jamais été qu’un réfugié sans pays.